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Fête de l’Indépendance: dans les allées secrètes de la garden-party
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Fête de l’Indépendance: dans les allées secrètes de la garden-party
14 h 15, mercredi 9 mars 2016. Deodass Appadu, secrétaire général à la présidence, vient de nous ouvrir les portes de son bureau. Comme les autres bureaux de l’administration, celui de Deodass Appadu est abrité dans des dépendances du côté de l’aile ouest du château du Réduit.
Face à nous, en chemise et cravate assorties, un fonctionnaire débordé qui fait les cent pas, est en pleine conversation avec une Assistant Maintenance Officer. Le sujet: une plateforme longue de 100 mètres qui sera installée à l’occasion de la garden- party, à partir du bassin des poissons jusqu’à la marquise d’une superficie de 2 000 mètres carrés qui abritera les invités.
«L’on pourra marcher dessus ? C’est plat ? Qu’en pense M… ? Y a-t-il l’argent pour cela ?» demande Deodass Appadu à la jeune femme, qui répond par l’affirmative à chaque interrogation.
Quinze minutes chrono. C’est le temps dont nous disposons pour l’entretien. Cette condition est celle de notre interlocuteur lors de la prise de rendez-vous au téléphone deux heures plus tôt. Il a plaidé «un agenda chargé». Cela s’explique. Il dirige tout au château. Et nous sommes à la veille de l’arrivée du président malgache Hery Rajaonarimampianina, invité d’honneur pour des célébrations nationales de l’Indépendance. Tout doit être réglo pour la rencontre protocolaire de jeudi, le déjeuner d’honneur samedi et la traditionnelle garden-party dimanche.
Entretien avec celui qui en est à sa quatrième garden-party depuis son entrée en poste au château en novembre 2012.
Combien de cartons d’invitation à la garden-party de dimanche ont été envoyés par la présidence ?
Cinq mille. Dans le passé nous avons accueilli quatre à cinq mille personnes. Nous nous attendons à ce même nombre d’invités dimanche. La garden-party est une tradition qui remonte au temps du gouverneur. Au fil des années, cela a pris une tout autre tournure. Aujourd’hui elle est devenue une fête nationale.
Qui dresse la liste des invités ?
C’est la présidente qui invite. Nous avons une liste établie depuis très longtemps. Certaines personnes vous ont-elles appelé pour demander un carton d’invitation ? Cela ne se passe pas comme ça. Nous avons un protocole. On le suit scrupuleusement.
Qui sont les travailleurs de l’ombre derrière un tel événement ?
Des fonctionnaires qu’on ne voit jamais en public. Nous sommes une quinzaine à travailler dessus dont le responsable des finances, des ressources humaines, des achats, la Special Mobile Force et les policiers affectés au château. D’ailleurs, je prévois demain (hier jeudi 10 mars, NdlR) une session de travail avec la police, les éléments de la Very Important Persons Security Unit, les policiers de la Traffic Branch. Sans compter la présidente de la République qui doit être briefée sur les préparatifs. De plus, une cinquantaine de membres du personnel du château sera mobilisée dimanche pour veiller à un service impeccable.
Qu’allez-vous dire aux policiers ?
Vous pouvez imaginer le nombre de voitures qu’il y aura avec 5 000 invités ! Il faudra faire de sorte qu’il n’y ait pas d’embouteillage pendant des heures. Il faut une coordination pour que la circulation soit fluide.
Les deux présidents que vous avez côtoyés ont-ils des requêtes particulières pour la garden-party ?
Chacun a son style, ses particularités, ses valeurs, ses principes et ses exigences. J’ai beaucoup de respect pour le président sortant, Kailash Purryag, comme j’ai beaucoup d’admiration pour la présidente actuelle, Ameenah Gurib- Fakim, que je connais depuis très longtemps.
Avec une présidente au château, y a-t-il une touche féminine aux préparatifs cette fois-ci ?
Cet événement est devenu une routine qui a un caractère administratif, quel que soit le président en poste. Depuis que je suis là, j’ai établi un protocole. Ce qu’on appelle ici une check-list à suivre pour faire en sorte qu’on ne rate rien. Chacun sait ce qu’il doit faire et je suis mis au courant de tout, tous les jours. Il m’incombe alors de briefer la présidente sur tous les aspects des préparatifs, de la liste des invités de marque à l’heure où arriveront le Premier ministre et son épouse ce jour-là.
Quelle est la facture d’une garden-party ?
C’est trop délicat. Ce n’est pas quelque chose que vous allez pouvoir balancer à la va-vite dans la presse. Mais ça coûte de l’argent. Il y a des informations qui sont de nature confidentielle qu’on ne peut révéler. Je vous assure toutefois que c’est la transparence totale. Là où il faut faire un appel d’offres on le fait comme le service traiteur, la marquise entre autres, où l’on choisit le meilleur en fonction du rapport qualité-prix.
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