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Elle a (aussi) du métier - Phare d’Albion: Lumière sur une mystérieuse «gardienne»

12 mars 2016, 17:40

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Elle a (aussi) du métier - Phare d’Albion: Lumière sur une mystérieuse «gardienne»

 

(Générique de la série X-Files) L’heure : 10 h 45. Le jour: jeudi. Le lieu : Albion, au pied du phare. La mission : chercher le gardien pour découvrir son métier. Mais il est introuvable. (Générique de la série Lost).

Le regard balaie la cour. Entre les arbres, une silhouette inquiétante se dessine. Celle d’une dame, accoudée à une ouverture, qui devait sans doute servir de fenêtre jadis, à la vieille bâtisse en pierre. De dos, les bottes, le chapeau, le manteau, font penser à une coupeuse de cannes. À ses pieds serpente un tuyau d’arrosage. «Bonjour Madame», lance-t-on à la manière des gens polis. Pas de réponse. On hausse la voix et le ton, à la manière des gens impatients. «Madame ?»

Elle ne bouge pas, ne bronche pas, ne parle pas (générique de la série The Walking Dead). Sommes-nous en présence d’un fait divers ? Est-ce un cadavre momifié ? Faut-il appeler le Scene of Crime Office ? Allez, courage, on avance à reculons. Épouvante. Il s’agit, en fait, d’un épouvantail, plus vrai que nature. Une hésitante séance de «louk-louké» laisse entrevoir la tête de la créature venue d’ailleurs. Elle a été fabriquée à l’aide du squelette d’un animal difficilement identifiable. Un cheval ? Une bourrique ? Il y a de quoi rendre l’imagination chèvre. Mais qu’est-ce donc que cette chose «halloweenesque» qui effraierait même les morts ?

«Li ousi li vey far», lâchera plus tard Paul, le «véritable» gardien chargé de surveiller les lieux. Joint au télé- phone après ce rendez-vous manqué, il explique que Madame L’Épouvantail a été installée à quelques mètres de là non pas pour chasser les rôdeurs et autres personnes malintentionnées mais pour «faire une blague aux visiteurs». C’est «enn joke ki nou’nn anvi fer. Mwa ek bann kamarad nou finn aranz sa inn gagn sink mwa parla. Li enn poupet sifon, péna skélet zanimo nannié ladan». Permettez à nos yeux, Monsieur, d’en douter

Toujours est-il que Madame L’Épouvantable est une employée que beaucoup d’entreprises rêveraient d’embaucher. Nul besoin de lui accorder un salaire ou des congés. Pour la convivialité, cependant, il faudra repasser. Adressonsnous donc à celui qui clame être son «père» (musique de film accompagnant l’apparition de Dark Vador).

Comment occupe-t-on ses journées quand on est gardien de phare ? «Bizin gard lakour prop, balié, nétwayé, sanz lanpoul tousala», souligne Paul Le Mystérieux, qui ne souhaite pas divulguer son nom de famille. Motus et bouche cousue également en ce qui concerne le salaire et les conditions de travail. «Pa kapav dir tousala.» Finalement, il n’est pas plus bavard que Madame Scarecrow. Tout ce que l’on saura, c’est qu’il a 52 ans, qu’il habite sur place, qu’il a une femme et des enfants et qu’il aime son métier, qu’il pratique depuis 15 ans déjà.

Quant au phare, situé plus précisément à Pointe-aux-Caves, cela fait plus d’un siècle qu’il éclaire de sa lanterne les marins qui approchent de trop près les fatales falaises. Au fil du temps, nombreux sont les navires qui se sont retrouvés en galère au large d’Albion. Plusieurs d’entre eux sont allés rejoindre les fonds marins, dont l’Amiral Banda, à bord duquel se trouvait Pieter Both, et qui sombra en 1615.

Pour éviter d’autres tragédies et face au danger que représentait la route maritime vers Port-Louis, le gouverneur anglais sir Charles Cavendish Boyle fit construire le phare, qui fut inauguré en octobre 1910. La tour et le dôme font 30 mètres de haut et le géant de fer émet deux signaux : une lumière rouge fixe et un double éclair toutes les 15 secondes, dont la portée lumineuse est de 54 km environ.

Pour ceux qui aiment l’histoire et les histoires, il convient de visiter cette attraction phare. Et de rendre visite à la «gardienne» si spéciale qui veille sur elle…