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Audrey Vacher-Cognard: métro, boulot, dodo et famille

13 mars 2016, 11:26

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Audrey Vacher-Cognard: métro, boulot, dodo et famille

Notre compatriote Audrey Vacher-Cognard, qui fait partie des sept chefs d’édition du quotidien national français Libération, était l’invitée du Media Trust pour assurer une formation au personnel des rédactions locales. Nous en avons profité pour en faire l’invitée de cette rubrique.

Qu’avez-vous fait depuis que vous avez quitté Maurice après l’obtention d’une bourse française et deux ans de journalisme au compteur à 5-Plus?

J’ai obtenu un diplôme en journalisme auprès de l’École de journalisme de Bordeaux, étudié les sciences politiques tout en faisant des stages pratiques pour ne pas perdre le fil. J’ai travaillé dans une maison d’édition pendant neuf mois avant d’être embauchée comme journaliste au Quotidien pour les 10-14 ans. 

Ce fut une expérience fantastique et une nouvelle exigence que de réécrire pour les enfants. J’ai fait cela pendant 18 mois jusqu’à ce que l’Équipe magazine me débauche comme secrétaire de rédaction. Je l’ai fait pendant 14 ans jusqu’à être chef d’édition et puis j’ai demandé à partir car les plans sociaux commençaient à me prendre la tête. J’ai eu une formation à la clé en édition. 

J’ai travaillé pour une maison d’édition pendant un petit moment jusqu’à ce que Libération m’appelle pour me proposer un emploi comme chef d’édition. Je fais partie des sept chefs d’édition qui produisent ce quotidien. Libé, c’est spécial, c’est le meilleur service d’édition de la presse française. Je commence à 9h30 et le bouclage est à 20 heures. Je ne vois pas le temps passer. Je bosse tous les jours hormis le samedi. Deux fois l’an, je collabore avec un groupe de presse, Omnivore, qui fait de la presse gastronomique. Je fais de la relecture de leur gros book.

Comment vivez-vous depuis les attentats du 13 novembre ?

Je me force à prendre le métro. Je serre les fesses. Il ne faut pas oublier que Libé hébergeait Charlie Hebdo avant. Ce n’est pas possible de traumatiser une population ainsi. Depuis le 13 novembre, c’est la trouille générale. Mais cela ne m’a pas empêché de sortir. J’ai mis un petit temps à me relever de ce drame, d’autant plus que je n’étais pas loin du Bataclan ce soir-là. Je n’aime pas les foules à la base. S’il y a une rame de métro qui est bondée, je la laisse partir et je prends la prochaine.

Aujourd’hui, tout le monde regarde tout le monde dans le métro. Tout le monde est aux aguets et c’est malsain. Se méfier de son voisin, ce n’est pas ça la vie. Mais cette ambiance ne me donne pas envie de quitter Paris pour autant. Je n’ai pas la frénésie qu’ont certains de sortir encore plus. Je choisis en fonction de mon feeling. Je fais comme je sens, comme d’hab.

Que faites-vous durant le week-end ?

Je dors principalement. Je rattrape le sommeil manquant. Je passe du temps avec mon mari, Franck Cognard, journaliste à France Inter, et avec ma fille Emma, qui a 13 ans. Je vais au marché et je fais à manger et je m’occupe de la maison. Je profite des deux dimanches sur deux durant lesquels je ne travaille pas.

Cuisinez-vous ?

Oui. Mais quand Franck rentre avant moi, c’est lui le cuistot. Ma fille me réclame souvent des plats mauriciens et j’en fais. Cela dit, j’adore les restaurants aussi.

Gourmande ou gourmet ?

Les deux, certainement.

Vos péchés mignons ?

Les bonnes choses, le vin. J’ai des préférences. Je n’aime pas le rosé. J’ai appris à aimer le champagne. Je n’aime pas les alcools forts mais si j’ai un cocktail d’enfer, je peux l’apprécier. J’aime vivre, j’aime les bonnes choses. Ce qui me manque à Paris, c’est la qualité de vie. Là-bas, on court. Quand je viens ici, je mets les deux pieds sur les freins et calmos, j’apprécie la bouffe de ma mère !

Pratiquez-vous du sport ?

Mon travail est un sport. C’est mon côté paresseux. À Paris, les gens font du sport entre midi et 14 heures. Avec mon travail, c’est impossible. Le matin, vous n’y pensez pas ! Je ne suis pas du matin. Je suis une marmotte.

Quels livres lisez-vous actuellement ?

J’ai emmené deux livres dont l’Envoyée Spéciale de Jean Echenoz et un polar d’un auteur italien traduit en français que j’ai lu dans l’avion. Je lis mais pas à un rythme aussi effréné qu’autrefois car après une journée de travail, mes yeux sont carrés. Du coup ça m’endort. Je me rends compte que je vieillis. Je lis un livre en anglais chaque mois pour entretenir la langue.

Écoutez-vous la radio ?

Seulement France Inter. Je suis très corporate family. Franck a longtemps été journaliste spécialisé en affaires de police et de justice à France Inter et depuis deux ans, il est rédacteur en chef adjoint et responsable de la matinale.

Quelle musique écoutez-vous ?

Comme j’habite Issy-les-Moulineaux, je prends le métro jusqu’à Paris et j’ai toujours un casque sur les oreilles. J’écoute à peu près tout à part le classique que je ne maîtrise pas. J’écoute ma musique, mes coups de coeur que j’enregistre.

Votre idée du bonheur ?

Il faut d’abord le reconnaître. Cela veut dire que je me serais arrêtée à temps pour le voir passer. Des fois, le bonheur, c’est juste le silence.

Qu’auriez-vous souhaité faire avant de quitter ce monde ?

J’ai tendance à vivre au jour le jour. Je ne fais jamais de plan sur la comète. Je suppose que cela tient à la nature du boulot. Je prends le temps de vivre et on verra demain.