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La semaine vue par Gilbert Ahnee
Lundi 07 mars 2016
En page 8 de l’express, la belle figure d’Alain Auriant, musicien et militant des droits humains. Une foi inébranlable en ses semblables…
L’enjeu argent
Spin doctoring. La directrice de l’agence Maurice Publicité se dit prête «à monter la campagne électorale d’un parti politique». Déviré Mam… À quel prix, à quel coût pour notre démocratie, à quelles fins par rapport à la clarté du débat public ? «C’est un créneau que nous n’avons jamais essayé, mais que j’aurais personnellement tenté de faire à l’avenir si une demande se présente. Dans d’autres pays, des publicistes sont recrutés par des partis politiques pour monter leurs campagnes, définir leurs enjeux et préparer leurs slogans. Pourquoi ne pouvons-nous pas le faire à Maurice ? Nous en avons les compétences», pense Géraldine Neubert, la boss de Maurice Publicité.
De la Force tranquille, pour Mitterrand en 1981 au Yes we can de Barack Obama en 2008, voire le Make America great again de Trump, nous sommes en mesure de constater l’utilité d’un slogan réussi – ramassé, incisif, parlant – dans la mise en place d’une campagne électorale. Cela, toutefois, peut-il suffire ? De combien, par ailleurs, cela accroît-il les coûts d’une élection ? «Le système oblige un jeune à trouver Rs 4 millions s’il veut être candidat à une élection. Cela fausse le jeu démocratique», confiait à l’express, le Dr Arvin Boolell, le 22 février dernier.
Pour un assainissement de notre démocratie, la professionnalisation de la com politique – soit aussi la réduction au plus vendeur – est-elle vraiment la priorité pour un meilleur rapport qualité/prix tout au long de la chaîne de valeur ?
Mardi 08 mars
Nommer Faizal Ally Beegun à la présidence d’un Foreign Recruitment Board restreint, seul habilité à tout gérer, du contrat au ticket retour…
Ministre à déchiffrer
Notre grand argenté. C’est dans Athalie. Ces vers magnifiques de Racine : «Cet esprit d’imprudence et d’erreur, de la chute des rois funeste avant-coureur.» Serait-ce un brin de tout cela qui constitue la récente maladie de Vishnu Lutchmeenaraidoo ? Imprudence, effronterie, incontinence verbale, en tout état de cause de quoi largement embarrasser le cabinet. Si ce n’est, en l’absence éventuelle d’erreur, presque une annonce de séparation imminente.
Allons donc ! Lutchmeenaraidoo n’est pas Soodhun. Si l’un peine à toujours bien saisir les nuances, l’autre est un maître du langage qui prend parfois plaisir, dans une même phrase, à superposer deux ou trois niveaux de signification. Et l’on ne peut supposer qu’il ait été tellement assommé par le sérum physiologique qu’il n’ait plus eu conscience de la portée de ses paroles. Non, ce qu’il a dit, il l’a parfaitement compris; ce qu’il n’a pas dit, il l’a tu avec suffisamment de talent pour qu’on le comprenne parfaitement.
Gouvernement déstabilisé par l’affaire Pravind Jugnauth; feuille de route en trois volets qui exclut les Smart Cities; la corruption, problème majeur; la Prevention of Corruption Act, une loi scélérate; les négociations pour le traité fiscal avec l’Inde terminées en eau de boudin… c’est fini, non, non, non, Vishnu, éclairé, ne signe pas… Ainsi parlait Zarathoustra. Ainsi pensait le député du nº 7.
Vers une partielle bientôt à Piton/Rivière-du-Rempart ? Un siège pour Dev Virahsawmy ? Pour Utchanah ? Voire pour le lion désormais herbivore du nº 5 ?
Mercredi 09 mars
Petit air de vendetta mafieuse. Deux voitures incendiées. Dont une appartenant à un employé de Soodhun. Diable, dans quoi ça va se fourrer ?
Screenplay by…
Actu oscarisée. C’est le BOI, non, qui a pour mission de promouvoir le cinéma ? Faudrait sans doute quelques guidelines pour les scénarios inspirés par l’actu locale. Il faudrait au préalable que nous ayons appris à prendre à la lettre la mise en garde quant au caractère fortuit de «toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé». Par exemple, pour le film susceptible d’être inspiré par une actu récente, The Bagatelle’s Monopoly, le ressort de la narration proviendrait du conflit entre deux visions de l’avenir, cela étant susceptible d’avoir aussi provoqué deux clans, deux réseaux d’intérêts, deux familles. Comme celles, chez Coppola, de Philip Tataglia et Vito Corleone. Mais tout cela n’est que fiction, la ressemblance provient uniquement de la mise en place du sujet, pas davantage, du moins pour ce qu’on en sait.
S’il fallait esquisser les grandes lignes d’un scénario à partir de nos observations du réel, qu’est-ce que cela donnerait ? D’un côté, on placerait Lutchmeenaraidoo, argentier dont on savait, depuis décembre 2014, qu’il serait davantage un éventuel atout symbolique que le vrai timonnier d’une économie désormais sophistiquée. De l’autre, Bhadain, sans doute secrètement déterminé à prouver que, même au sein du MSM, la naissance n’est plus un handicap face à une grande ambition. Esprit vif, travailleur acharné, résolu et efficace, il a peut-être fait une seule erreur : celle de croire Soodhun quant à l’existence d’une sorte de marché de complaisance des capitaux. Conduisant même à ignorer la notion d’appel d’offres.
Jeudi 10 mars
Billet payé d’un compte privé. Lequel ? Pour assister à des War Games. D’une coalition de défense capable de nous placer sur la défensive…
Tonga soa, Bienvenue
Fivahana, solidarité & entraide. Le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, a touché notre sol ce jeudi. Invité d’honneur de Port-Louis aux célébrations du 12 mars, l’ancien ministre des Finances de la Haute Autorité de la Transition fera valoir pendant ce séjour tant l’importance qu’il accorde à la coopération multilatérale en Indianocéanie qu’aux partenariats bilatéraux avec Maurice. En effet, outre sa visite, vendredi, au secrétariat général de la Commission de l’océan Indien, le président Rajaonarimampianina apportera, par sa présence, un lustre particulier aux signatures 1) du protocole d’entente portant sur la création de zones de développement à Madagascar ; 2) de l’accord cadre général de coopération et 3) de l’accord instituant une commission mixte entre les deux pays.
Arriverons-nous, cette fois, à engager avec Madagascar les partenariats susceptibles de faire prendre conscience, dans les deux îles, des avantages qu’elles trouveraient à penser toujours plus spontanément à cet axe Mada- Maurice ? Il faut peut-être que nous offrions des bourses à l’université de Maurice à des étudiants malgaches, que nous arrivions à créer, dans nos grands centres commerciaux des comptoirs du commerce malgache. Pour faire la promotion de la filière bovine et laitière, du foie gras de Behenjy, des marmites d’Ambatolampy. Il faut arriver, dans l’esprit des Mauriciens, à associer Madagascar à la meilleure qualité que produit ce pays.
Notre partenariat est naturel, il coule de source, tout devrait l’encourager. Il faudra peut-être que des Mauriciens investissent, auprès de partenaires malgaches, pour conformer les produits aux attentes du marché mauricien. Mais là est l’avenir…
Vendredi 11 mars
La rumeur fera-t-elle mieux digérer le côté désordre ? Lutchmeenaraidoo aux AE ? Où les chiffres sont moins importants. Sinatambou ? Bof !
Imaginaire de rechange
Deux ans c’est court. Si M. Baboo envisageait d’être toujours ministre des Festivités nationales en 2018, il devrait déjà s’atteler au programme des célébrations de notre premier demi-siècle d’indépendance. Mars 2018 se doit de nous offrir quelques jours hors du commun, sortis des sentiers battus que nous connaissons que trop.
Un pays est mûr, enfin capable de grandes choses, lorsqu’il n’a plus besoin de tronquer son histoire, de dénaturer la trame de son vécu contrasté en brochettes de guimauve. Il nous faut être capables de célébrer nos grands personnages du passé, très certainement sir Seewoosagur Ramgoolam et ses compagnons mais aussi d’autres grandes figures, trop peu connues, si ce n’est trop vite gommées. Nos 50 ans d’indépendance peuvent être l’occasion, à travers ce qui sera célébré, d’enrichir notre imaginaire national, d’apprécier nos grands bâtisseurs dans leur époque, sans forcément leur demander d’être 1968 Compliant.
Un de nos créateurs souhaite s’inspirer du verbatim des échanges aux conférences constitutionnelles de la première moitié des années 60 pour une pièce de théâtre. Quelle formidable idée – à soutenir, à soutenir, M. Baboo. Pourra-t-on, en deux ans, imaginer, écrire, produire la musique, auditionner les artistes, développer la chorégraphie d’une comédie musicale qui pourrait s’intituler 36-68, de Curé à Ramgoolam, mettant aussi en lumière les frères Rozemont, Seeneevassen, les premières femmes en politique. Sollicitons les Sud-Africains Hugh Masekela et Mbongeni Ngema, les pères du fabuleux Sarafina.
Lançons aussi un projet de biographies de précurseurs bâtisseurs, d’Anatole de Boucherville à R. K. Boodhun… Vite, tous au travail…
Samedi 12 mars
Dix-huit mois de prison pour Peermamode. Si Bel-Air et M. Nemchand avaient accepté l’offre, un complice se serait-il révélé ? Existe-t-il ?
Observés de près
Nul n’est prophète en son pays. Ni même dans sa région. Quand les plus proches sont tentés de minorer l’utilité d’une réalisation régionale, ce sont parfois les plus grands, les plus forts de cette partie du monde qui rappellent combien ont tort ceux qui doutent d’eux-mêmes. Et c’est sans doute avec un doux sentiment d’accomplissement que le secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), Jean Claude de l’Estrac, a pu rappeler, ce vendredi, en présence du président malgache, la récente accession de la Chine au statut d’observateur au sein de la COI. De même que la démarche subséquente de l’Inde pour accéder également à ce statut.
Avec une population totale faisant environ la moitié de celle de son grand voisin sud-africain, la COI est objectivement la plus petite de toutes les organisations régionale de coopération. Et voilà que cette petite communauté en Indianocéanie, encore largement tributaire de l’Union européenne pour le financement de ses projets, suscite l’intérêt de deux pays représentant, à eux seuls, plus d’un tiers de l’humanité. De surcroît les deux géants économiques du siècle nouveau.
L’Europe se disloque sous les risques conjoints du Brexit et de la crise des migrants, cette construction commencée voici presque soixante ans semblant subitement dépourvue de valeurs fédératives et d’un projet commun. C’est dire combien le multilatéral, même le mieux structuré, peut être fragile. A charge pour ceux qui héritent de la COI de voir encore plus loin, avec de l’ambition, pour une définition de ses missions également par nos votants.
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