Belle Eau, c’est ainsi que se nomme une rivière qui traverse le village d’Albion. Contrairement à son nom, l’eau est loin d’y être belle en ce moment car elle est presque invisible. En effet, tout au long de ce cours d’eau, ce sont des plantes envahissantes, soit des jacinthes d’eau, qui ont pris le dessus.

Depuis ses berges jusqu’au milieu de la rivière, une foisonnante verdure s’est développée. Au niveau du pont, situé près du Club Med et qui donne accès à la plage publique, le phénomène a pris une ampleur démesurée, si bien que pratiquement toute la rivière a disparu sous ces jacinthes d’eau. Le paysage s’en trouve totalement modifié et surprend le visiteur occasionnel.

Mais pour les habitants, c’était prévisible. «On ne voit plus les poules d’eau sur la rivière. Autrefois, on voyait aussi des tortues et d’autres animaux aquatiques. Mais ils ne viennent plus puisque tout est recouvert de plantes dont on ignore si elles sont bénéfiques ou pas pour la rivière», dit Viraj Ramharaj, un habitant.

Déchets dissimulés

Pour Steeve Magdeleine, conseiller de district pour le village d’Albion, le souci est d’un tout autre ordre. «J’ai fait une requête auprès de divers ministères pour trouver une solution à ce problème. Cela fait au moins deux ans que cette situation dure. Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’impact sur l’environnement car les gens jettent leurs déchets dans la rivière et ceux-ci sont masqués par ces plantes», explique le conseiller.

Cet envahissement serait aussi responsable de l’accumulation d’eau par temps de grosses pluies. Et les ponts construits trop bas n’arrangeraient pas les choses. Ce serait le cas du pont surplombant la rivière Belle Eau. «Dans le passé, nous avons déjà eu un problème avec le pont de Belle-Eau. Il bloque toute la circulation dans le village lorsqu’il est inondé. C’était le cas en 2013. Une rencontre a été organisée en janvier 2014 avec différentes instances. Une des solutions proposées sur le court terme était le nettoyage de la rivière afin de la débarrasser des jacinthes d’eau mais depuis, rien n’a été fait», résume Steeve Magdeleine.

Nous avons sollicité l’expertise du National Parks and Conservation Service à propos des jacinthes d’eau. Selon cet organisme, la jacinthe d’eau ou Eichhornia Crassipes, qui colonise ce cours d’eau à Albion, est une espèce étrangère particulièrement envahissante si elle n’est pas contrôlée. «Il existe différents types de contrôle, principalement chimiques, biologiques et mécaniques. Ici, à Maurice, nous ne pouvons pas recourir aux herbicides dans nos rivières pour des raisons écologiques», indique une source. Selon cette instance, ce contrôle devrait être manuel ou mécanique. «Cela implique un gros travail car nous devrons aller dans la rivière et enlever toutes ces jacinthes d’eau manuellement ou mécaniquement», ajoute-t-elle. Par rapport à la lutte biologique, il faut encore vérifier si la jacinthe d’eau a un prédateur naturel à Maurice.

Finalement, résume cette source, un entretien régulier reste la seule solution viable pour que la rivière soit débarrassée de ces plantes envahissantes et retrouve sa beauté d’antan.