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Enregistrement des médicaments: «Un système aux dépens des patients»
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Enregistrement des médicaments: «Un système aux dépens des patients»
Mieux contrôler le marché pharmaceutique. Surtout par rapport aux profits qu’engrangent importateurs, distributeurs et pharmaciens. Tel est l’objectif du ministère de la Santé. Raison pour laquelle le Conseil des ministres a pris la décision, vendredi 4 mars, d’introduire les frais pour l’enregistrement des médicaments, soit Rs 5 000. «Ces règlements contribueront à rendre le secteur pharmaceutique plus sain avec un meilleur contrôle des médicaments importés et produits localement», peut-on lire dans le compte-rendu de la réunion. Chose qui devrait rassurer les importateurs et pharmaciens. Or, ces derniers sont d’avis que ce système se fera aux dépens des consommateurs.
Siddique Khodabocus, secrétaire des Small and Medium Pharmaceutical Wholesalers, se demande comment les petites entreprises feront pour survivre. «Lorsqu’une firme paiera pour l’enregistrement d’un médicament, elle aura besoin de documents de la maison mère. Elle deviendra la seule représentante de ce médicament à Maurice. Ce qui fait que d’autres firmes ne pourront plus importer ce même produit.» Interrogée à ce sujet, une source au ministère de la Santé n’est pas du même avis. «Les entreprises qui souhaitent importer le même produit devront toutes payer et le faire enregistrer», explique-t-elle.
Malgré cela, Siddique Khodabocus reste sceptique. «La maison mère aura déjà donné des documents relatifs à l’enregistrement de médicaments à une firme. Elle ne les donnera pas à d’autres entreprises. Et cette situation risque de donner lieu à un monopole», martèle-t-il.
Et en ce qui concerne le paiement des frais d’enregistrement et du renouvellement du permis, il avance que la situation sera également difficile pour les petits importateurs et pharmacies. «Si on importe 100 médicaments, c’est Rs 500 000 que l’on devra dépenser. Et Rs 200 000 chaque année pour renouveler le permis. Ce n’est pas possible», dit-il.
Les Small and Medium Pharmaceutical Wholesalers affirment avoir sollicité une rencontre avec le ministre de la Santé, Anil Gayan, pour des discussions plus avancées.Ils envisagent également une rencontre avec le Premier ministre,sir Anerood Jugnauth,pour démontrer, «chiffres et documents à l’appui», que ce nouveau système se fera au détriment des consommateurs.Ces derniers, affirment-ils,seront obligés de payer les médicaments plus cher .
Mais qu’est-ce qui changera avec l’application des frais d’enregistrement ? Les importateurs devront désormais payer pour l’enregistrement d’un médicament qu’ils souhaitent importer ou qu’ils importent déjà. Lors des négociations sur ce sujet avec les différentes parties concernées l’année dernière, le chiffre de Rs 5 000 avait été évoqué pour l’enregistrement de chaque nouveau médicament. Il sera question également de renouveler l’enregistrement chaque année, qui devrait coûter Rs 2 000.
Ces chiffres seront-ils maintenus maintenant que le paiement de l’enregistrement des médicaments est une réalité ? Au ministère de la Santé, on indique travailler sur le dossier. Cependant, au niveau des importateurs, de nombreuses interrogations restent en suspens.
Les importations depuis 2012 passées au crible
Nouveau développement dans l’enquête entamée sur l’importation parallèle de médicaments. Enquête menée de concert par les ministères du Commerce et de la Santé, ainsi que le National Price Consultative Council. Il nous revient que les autorités ont demandé aux firmes importatrices de soumettre une liste de tous les médicaments importés depuis ces quatre dernières années. Ces compagnies devront ainsi fournir une liste complète remontant à… 2012. «Nous avons l’intention de tout passer au crible et consulter tous les documents relatifs à l’importation de médicaments», indique-t-on dans les milieux proches de l’enquête. Le hic : certains importateurs, notamment les petits, avancent qu’il leur sera difficile, voire impossible, de fournir ces documents. «Chez les grandes entreprises, les dossiers sont probablement informatisés. Mais beaucoup de petites firmes n’ont pas de telles facilités», explique-t-on. C’est une déclaration du ministre de la Santé dans les colonnes de «l’express», le mois dernier, qui a mis le feu aux poudres. Anil Gayan a laissé entendre que le Soranib – utilisé contre le cancer – se vend à Rs 10 668 sur le marché mauricien alors qu’il coûte Rs 1 710 en Inde. Le ministère de la Santé soupçonne que le prix aurait autant grimpé à cause des importations parallèles.
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