Publicité
La semaine vue par Gilbert Ahnee
Par
Partager cet article
La semaine vue par Gilbert Ahnee
Lundi 14 Mars 2016
Où qu’il atterrisse, Sinatambou restera au moins un opposant acharné du Illovo Deal. Et, en conséquence, de tout projet engagé sur ces terres…
Tant que Manraj est là…
Ramgoolam aussi l’a fait. Et Jugnauth une première fois déjà en 1990. Lorsqu’ils n’ont pas, sous la main parmi les élus, le technicien assez convaincant pour assumer à la satisfaction du plus grand nombre la responsabilité des Finances, nos Premiers ministres se piquent de présenter eux-mêmes le prochain budget. Ce qui veut dire qu’un chef de gouvernement déjà occupé – le nôtre vient de récupérer le chapeau de la MBC – n’a d’autre recours que de confier au secrétaire financier les tâches d’ingénierie économique associées à l’activité de grand argentier. Tant qu’il ne disposera pas d’un mandat électif, ce qui n’est pas impossible, Dev Manraj abordera le budget national comme un exercice comptable et il ne faut sans doute pas s’attendre à une vision politique, des chiffres mis au service d’un projet de société.
Doit-on comprendre que cette offre insipide – technicité garantie par un fonctionnaire étranger à l’audace ; vision politique assurée par un Premier ministre pris par une multitude d’autres dossiers – est tout ce que le MSM a à nous proposer en attendant que Pravind Jugnauth soit à nouveau ministrable ? En espérant que ce dernier ait un peu plus que la duty free island comme modèle de développement.
Le précédent titulaire – l’argentier qui n’aimait pas les chiffres – se retrouve, quant à lui, aux Affaires étrangères. S’il retient notre position sur les Chagos, c’est bon.
Sinatambou, quant à lui, retourne aux câbles, aux bites par seconde. À nouveau tentés de dire : bof !
Mardi 15 Mars 2016
Il rêvait tant, le cher homme, d’interroger Tahar Ben Jelloun pour ses lecteurs. Du coup, il l’a appelé Ben Jelloum. Ça rime avec loukoum…
Chef de la diplomatie…
Dans l’ordre des choses. Ses couleurs changent,son talent demeure. Notamment celui de déplaire à ses collaborateurs. Pour cet aspectdes choses, SAJ a réussi sonremaniement : on ne pleurerapas le départ de Sinatambou aux Affaires étrangères. S’y réjouira-t-on pour autant de l’arrivée de l’ancien argentier numérophobe ? Quelles sont les qualités, au fait, pour être ministre des Affaires étrangères ? Est-ce vraiment un poste où l’on affecte le dernier recalé à l’épreuve de calcul du taux de croissance ?
Parmi nos élus et cadres politiques, combien sont-ils à pouvoir, du jour au lendemain, assumer les fonctions de chef de la diplomatie, sans faire de bourde, en étant au fait des diverses subtilités des rapports entre Etats ? Quelques fonctionnaires dont on ne citera pas les noms pour éviter de les embarrasser. Certains de leurs anciens collègues, aujourd’hui à la retraite, voire engagés en politique, le nom de Vijay Makhan s’imposant, comme voici quelques années celui de Chit Jesseramsing. Parmi les politiques, élus ou non, Paul Bérenger, Arvin Boolell, Anil Gayan même – pour peu souhaitable qu’il soit à la santé. Mais au jeu de la short list, personne n’aurait imaginé retrouver Lutchmeenaraidoo parmi le quintet final, encore moins le trio.
La politique hélas a des raisons que la raison ne connaît pas. Au fait, les Jugnauth ont dû retenir la leçon de 2003. Le nº7 est bien trop volatil. Nul besoin de fabriquer un nouveau Jeetah. Pas grave que les affaires soient fort étrangères au ministre.
Mercredi 16 Mars 2016
Au quatrième trimestre 2015, importations d’un milliard de moins qu’à la même période en 2014. Et c’est plutôt rassurant, croissance ou pas…
Fed up
En dépit de l’alternance. Nommé en 1987 par le républicain Ronald Reagan, le président de la Federal Reserve Alan Greenspan a servi quatre administrations, dont, pendant huit ans, celle du démocrate Bill Clinton. Le successeur de Greenspan à la FED, Ben Bernanke, nommé par George W. Bush vers la fin de son deuxième mandat, a par la suite servi six ans sous Barack Obama. Et on n’ajoute rien à l’argument en notant que la très plausible prochaine Commander in Chief, HillaryClinton, conservera à la tête du régulateur bancaire JanetYellen, nommée par l’administrationObama.
Aux États-Unis, ce qui ressemble le plus à notre ministère des Finances, opérateur de comptabilité budgétaire, c’est le Department of the Treasury. Sa responsabilité politique incombe au Secretary of the Treasury qui est confirmé par un vote du Sénat. Si sa mission présente quelques ressemblances avec celle du ministre des Finances chez nous, force est d’admettre que c’est davantage le président de la FED qui détient le vrai pouvoir d’ingénierie économique, ses décisions monétaires étant celles que les opérateurs prévoient et suivent avec le plus d’attention.
Alors que notre chef de gouvernement n’est pas capable de remplacer, de manière crédible, un ministre des Finances démonétisé, par une autre ressource disponible de son squad d’élus, n’est-il pas souhaitable de réfléchir à une autre formule ? Peut-on imaginer un Budgetatry and Fiscal Directorate, dirigé par un technicien de haut vol, étranger s’il le fallait. Tributaire politiquement d’un cabinet économique de l’exécutif. Assurer cohérence technique et légitimité démocratique.
Jeudi 17 Mars 2016
Sacré puzzle ! Contrat technique. Un fils de ministre. Sans appel d’offres. Gêne éthique ? Développement d’appli. Embarras supplémentaire…
Et l’ICAC qui s’en mêle…
Transparency please. Elle a dû batailler ferme l’ICAC. Elle a dû saisir successivement deux juges en chambre.Sa motion d’abord repoussée par le juge Adurrafeek Hamuth, elle s’est présentée à nouveau en référé. Cette fois devant le juge Iqbal Maghooa, obtenant à cette deuxième reprise ce qu’elle recherchait : l’autorisation d’avoir accès aux documents de la State Bank of Mauritius concernant le prêt en euros contracté parVishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Finances au moment de la transaction.
Il va sans dire que l’ICAC n’engage pas un bras de fer de cette nature sans avoir pleinement mesuré les conséquences susceptibles d’en découler. Selon ce qu’on apprend dans les milieux proches de la commission, outre son interprétation en interne de la Prevention of Corruption Act, elle est attentive aux réactions de citoyens responsables qui lui parviennent. D’où la décision –réfléchie, nous assure-t-on – de s’intéresser aux conditions d’attribution de ce prêt.
L’affaire Pravind Jugnauth– Medpoint aurait-elle dû servir de piqûre de rappel ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour que cette prophylaxie soit opérante ? Comment empêcher l’opinion publique de penser qu’un grand argentier – high net worth individual ou pas – est susceptible, auprès d’une banque d’État, de bénéficier indûment de son statut ministériel ? Si l’emprunteur a bien investi la somme en or, doit-on comprendre que la SBM encourage les placements spéculatifs ?
Ce qui est bien, c’est que tout ça va mettre un terme aux calomnies : plus personne ne dira que Lutchmeenaraidoo n’a rien entrepris de profitable aux Finances.
Vendredi 18 Mars 2016
Ramgoolam estime que la corruption s’installe au grand jour au gouvernement. Le talent en la matière tient au maquillage du grand jour. Hé !
Civil Service’s service
Il faut être juste. S’il existe encore des services publics dont les prestations laissent à désirer – et quand ça se passe dans un hôpital, ça peut laisser de très méchantes traces, s’il subsiste des administrations crasseuses, où l’on doit néanmoins patienter pendant de longues minutes –, il faut aussi reconnaître qu’il existe des services efficaces, assurés par un personnel courtois et compétent, dont les guichets offrent des prestations rapides. La Mauritius Revenue Authority, par exemple, propose des formulaires en ligne très conviviaux, un modèle et un savoirfaire qu’elle pourrait exporter à d’autres pays de la région.
Le Conseil des ministres de ce vendredi a pris note de la mise en oeuvre d’un E-Learning System, une application en ligne pour faciliter l’apprentissage et la formationau sein de la fonction publique. D’accès rapide et pratique, cela servira de complément aux cours plus traditionnels, cette avancée technologique devant faciliter des prestations de services de qualité. Le cabinet a également approuvé l’adoption obligatoire, par les ministères et départements, d’une Customer Charter. Celle-ci impose au personnel des services publics d’adhérer à des normes agréées et des niveaux de qualité pour la satisfaction des requêtes.
Le citoyen peut être irrité par le ministre arrogant dont la maîtresse est devenue le motif de la plupart de ses outrances. Ou de celui transformé en colleur d’affiches d’une monarchie pétrolière. Mais le public jugera aussi le gouvernement et l’État à la qualité des services quotidiens qu’ils dispensent. À la satisfaction de l’usager. Et si les décideurs semblent l’avoir compris…
Samedi 19 Mars 2016
Le gouverneur Basant Roi n’a pas tort. Imaginez une banque suisse qui déciderait de jouer la transparence par rapport à des fonds suspects…
Pé komans koz kozé ?
This is the Choice. De toute cette Assemblée nationale, s’il existe un député que Bérenger a désigné et choisi pour le remplacer aux fonctions de leader de l’opposition, c’est Ganoo. Souvenez-vous, quand le leader mauve avait dû se retirer temporairement pour raison de santé, ce fut son fidèle, dévoué et loyal adjoint d’alors qui fut le substitut. Les conditions dans lesquelles ce cher Ganoo a souhaité, ces derniers jours, prendre la tête de l’opposition à la Chambre furent un peu différentes. Et ce sont les Rouges qui lui ont fait comprendre, peut-on déduire, que s’il leur fallait prévoir l’avenir, il serait sans doute raisonnable de l’envisager avec la rue Ambrose plutôt qu’au cimetière de St-Jean.
Ganoo et ses excellents amis semblent avoir oublié qu’aucun d’entre eux n’a été élu sous la bannière de cette nouvelle formation, constituée de députés mauves dissidents. Il reste encore à mesurer, à une élection où tout ce beau monde se présenterait, l’audience dont ils disposent en propre et ce qui, en décembre 14, leur est venu du MMM.
Ramgoolam est sans doute un problème, du moins pour l’instant. Car Bérenger s’est assez clairement prononcé sur le handicap qu’il représente désormais. Mais en refusant l’offre de Ganoo, la petite révolution de palais qui aurait permis de contourner Bérenger, Shakeel Mohamed et ses amis laissent comprendre qu’ils savent déjà de quel côté leur tartine pourrait être mieux beurrée. Et après des mois au pain sec et à l’eau, la tentation du gras pourrait faire un peu réfléchir.
Publicité
Les plus récents