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Vente de voitures: les concessionnaires se sentent menacés

20 mars 2016, 17:25

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Vente de voitures: les concessionnaires se sentent menacés

Quel avenir pour le marché de l’automobile ? Le secteur passerait par des moments difficiles, d’où la promesse faite par sir Anerood Jugnauth mercredi d’y mettre de l’ordre. Si les concessionnaires de véhicules neufs parlent de la possibilité de licenciements et d’une baisse des ventes causée par des importateurs de voitures de seconde main, ces derniers évoquent, eux, la concurrence déloyale de la part d’opérateurs «marrons».

Raïd Dusmohamud, président de la Motor Vehicles Dealers Association (MVDA), note une baisse dans la vente de véhicules neufs : «D’octobre 2015 à février de cette année, le marché de la vente de véhicules neufs a chuté pas plus de 21 %. En novembre, la baisse était d’environ 40 %.»

Les petits concessionnaires vendant des voitures neuves de moins de Rs 700 000 sont les plus vulnérables face à cette baisse, selon l’homme d’affaires. Ils pourraient disparaître, poursuit-il.

Le secrétaire exécutif de l’association, Mrinal Teelock, explique que ce sont le plus souvent les fonctionnaires et les salariés de la classe moyenne, ayant déjà  contracté un emprun qui optent pour les petites voitures neuves. Or, ces derniers préfèrent se tourner vers «un vendeur de voitures de seconde main au lieu des petits concessionnaires», s’ils leur manquent environ Rs 50 000 pour un véhicule neuf. «Les petits concessionnaires ne survivront pas en ne vendant que quatre voitures par mois.» Il ajoute que les «avantages» dont bénéficient les importateurs de voitures de seconde main sont à l’origine de leurs maux.

Pourtant les vendeurs de voitures de seconde main existent depuis 20 ans, pourquoi parle-t-on de problèmes rencontrés aujourd’hui ? Mrinal Teelock insiste sur le fait qu’ils ont vu venir le danger depuis 2012. «La Mauritius Revenue Authority n’applique pas l’excise duty comme elle le fait sur les voitures de seconde main. C’est comme une subvention qu’ils obtiennent», affirme le secrétaire exécutif de l’association. Ce serait pour cette raison que l’association a sollicité la Cour suprême. «Avec la dépréciation de la roupie, notre situation a empiré.»

Les importateurs de voitures de seconde main s’en défendent. Selon Zaid Ameer, président de l’Imported Vehicles Dealers Association, «les concessionnaires de voitures neuves ont également des avantages. Ils ne paient pas la licence de Rs 60 000.» Il soutient qu’ils sont aussi affectés par l’oscillation des devises et qu’ils payent les mêmes droits d’enregistrement sur les véhicules.

Soulignant qu’il faut «que le public ait le choix» entre les véhicules neufs et de seconde main, Zaid Ameer poursuit que «le problème est ailleurs». Il évoque le cas des importateurs «marrons». Selon lui, ces opérateurs ne sont pas enregistrés auprès du ministère du Commerce et agissent comme des agents entre des fournisseurs japonais et des clients. Ces derniers choisissent leur véhicule sur un site spécialisé et effectuent le paiement par virement bancaire. Les opérateurs «marrons» entament alors toutes les démarches au nom des clients jusqu’à ce que les véhicules arrivent sur nos routes. Un client peut, de cette façon, économiser jusqu’à Rs 50 000.

En ayant recours à ces importateurs, toutefois, le client peut tomber sur une épave ou un véhicule qui ne respecte pas les critères du gouvernement. De plus, il n’est sous aucune garantie.

 

De nouveaux règlements

«Je compte mettre de l’ordre dans le secteur de l’automobile», déclaration de sir Anerood Jugnauth, lors de l’inauguration du showroom de Leal, mercredi soir. «L’express» a appris que le Conseil des ministres prendra prochainement connaissance de nouveaux règlements. Ces mesures interviennent après que le gouvernement a constaté que certains véhicules de seconde main sont vendus comme étant des véhicules neufs. Il y aurait aussi des voitures modifiées au Japon qui ne respectent pas les normes de sécurité de Maurice. Zaid Ameer avance que des importateurs «marrons» en sont responsables et que 33 véhicules sont bloqués au port.

Entre 600 et 700 véhicules neufs enregistrés mensuellement à la NTA

La National Transport Authority enregistre entre 600 et 700 véhicules neufs par mois (voir tableau) comprenant notamment des camionnettes et des autobus, bien que les voitures se taillent la part du lion. Rien que pour janvier 2016, 713 véhicules neufs ont été vendus contre 911 en 2015. Du côté des concessionnaires de véhicules de seconde main, Zaid Ameer affirme que les 100 showrooms à Maurice ont vendu un total de 8 005 véhicules en 2015 contre une moyenne de 6 500 pour les autres années. «C’était exceptionnel parce qu’un grand vendeur de voitures n’avait pas travaillé pendant une année.»

Nombre de véhicules neufs enregistrés à la NTA

    2014              2015

  Jan -  875           Jan - 911

  Fév - 660           Fév - 693

Mars - 657          Mars - 863

Avril - 801            Avril -  713

Mai - 880             Mai - 652

Juin - 781           Juin - 726

Juillet - 772        Juillet - 855

Août  - 811          Aout  -  638

Sep - 719             Sep - 640

Oct  - 825           Oct - 653

Nov - 804           Nov - 495

Déc - 683           Déc - 601