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Rachat de l’actionnariat de la NIC: le repaiement du SCBG compromis ?

22 mars 2016, 10:03

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Rachat de l’actionnariat de la NIC: le repaiement du SCBG compromis ?

LA SICOM, le National Pensions Fund, la SBM Holdings et Mauritius Telecom vont-ils mordre à l’hameçon de la National Insurance Company (NIC) ? Ces entités parapubliques ont chacune reçu une proposition de rachat de 45 % de l’actionnariat de la NIC (ex-British American Insurance). Ce deal, s'il est concrétisé, permettra à la NIC de lever Rs 2,5 milliards, une somme qui servira à rembourser les détenteurs du Super Cash Back Gold (SCBG) en juin.

«Si la NIC vend des actions, l’argent reviendra au National Property Fund Ltd et servira à repayer les détenteurs du SCBG», confirme une source autorisée proche du dossier. Toutefois, cette proposition de rachat ne se passe pas comme prévu par le ministère des Services financiers.

À commencer par la SICOM. Comme publié dans notre édition du 18 mars, cette proposition fait sourciller la direction de la SICOM qui ne souhaite s’y aventurer sans une évaluation indépendante de la valeur de la NIC. Évaluation commandée par nulle autre que la SICOM elle-même. Surtout après qu’elle a pris connaissance des rapports sur la NIC en date de fin 2015 et signés de la firme d’actuaires QED.

Ces rapports, soumis au conseil d’administration de la SICOM au début du mois, révèlent que 66 % des Rs 5,6 milliards que pèserait la NIC représente la valeur des «future businesses» alors que le business actuel n’équivaut qu’à 9 %. Outre le «shareholders fund» qui est estimé à 25 %.

Que fera donc la SICOM ? Sollicitée hier, la direction a répliqué par un «pas de déclaration à faire à ce sujet». Par contre, à la NIC, l’on indique être «toujours au stade des négociations» avec la SICOM. Sans s’avancer davantage.

Créer de la valeur

Du côté du siège social de la SBM, à Port-Louis, un préposé officiel concède que l’offre leur a été faite par la NIC mais affirme ne pas l’avoir encore analysée. La banque étant empêtrée dans l’enquête de la commission anticorruption sur le prêt de 1,1 million d’euros contracté par l’ancien ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo à un taux d’intérêt de 1,5 %  l'an.Et étant par la même occasion sous le coup d’une enquête de la Banque de Maurice, en raison de la violation du secret bancaire avec la publication du document faisant état de cet emprunt en euros.

«Étant une compagnie cotée en Bourse, nous avons une responsabilité vis-à-vis de celle-ci. Nous ne pouvons prendre d’engagement à la va-vite. Il nous faut nous assurer que cet investissement créera de la valeur pour la compagnie et ses actionnaires», affirme notre interlocuteur. La SBM Holdings, poursuit-il, a le devoir d’analyser toute offre d’investissement de façon objective.

«S’il faut considérer cette offre, nous le ferons en toute indépendance après une évaluation d’experts indépendants qui doit être ensuite avalisée par le conseil d’administration de la banque», confie le préposé officiel.

En ce qui concerne le National Pensions Fund (NPF), le Senior Chief Executive du ministère de la Sécurité sociale Kandasamy Pather, que nous avons interrogé le lundi 21 mars, affirme ne rien pouvoir dire. Avant de nous référer au secrétaire financier Dev Manraj qui «s’en occupe» au sein d’un sous-comité (Investment Committee). Celui-ci est, quant à lui, resté injoignable.

Pour sa part, Mauritius Telecom, qui se trouve en plein exercice de «rebranding», est-elle favorable à la proposition de la NIC ? À cela, une source officielle jointe au téléphone, lundi, a simplement déclaré qu’«aucune décision dans cette direction n’a été prise à ce stade».

L’avenir des pensionnés

En attendant la décision formelle de chacune de ces entités parapubliques, Jack Bizlall de l’Observatoire de la démocratie ne mâche pas ses mots par rapport à cette proposition de rachat faite par la NIC à la SICOM et au NPF notamment. «C’est un grave précédent. La SICOM et le NPF couvrent les pensions des employés du gouvernement, des corps parapublics, des municipalités et ceux du secteur privé. Alors que le gouvernement maintient qu’il n’a pas dépensé un sou du contribuable dans l’affaire BAI, c’est l’avenir de tous les pensionnés de Maurice qui sera affecté avec ce qui est en train de se passer», s’insurge le syndicaliste.

Jack Bizlall se dit d’ailleurs «outré» du silence des syndicats concernés. «Ça passe comme une lettre à la poste. Le lobby d’un ministre auprès des syndicalistes semble très fort», fait valoir Jack Bizlall qui a, dans une correspondance en date du 15 mars, réclamé une enquête sur toute cette affaire au Premier ministre. Le syndicaliste insiste sur la publication officielle de la valeur de la NIC car, dit-il, «il y va de l’intérêt des milliers de souscripteurs d’assurances».