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Tharuna Jeetah: «L’envie de m’engager dans le domaine du sport me vient de l’amour que j’ai pour les enfants»
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Tharuna Jeetah: «L’envie de m’engager dans le domaine du sport me vient de l’amour que j’ai pour les enfants»

Tharuna Jeetah est une figure incontournable de l’athlétisme flacquois. Ses qualités de dirigeante et d’entraîneur sont reconnues. Plus important encore, elle donne l’exemple en courant et en trustant les podiums dans la catégorie vétéran tant en cross-country et course sur route qu’en trail, spécialité à laquelle elle voue une véritable passion. Le succès de Faucon Flacq Athletics Club est aussi le sien.
Qu’est-ce qui fait courir Tharuna Jeetah, au sens propre comme au figuré ?
La passion que je voue à la course à pied, l’envie de me surpasser, de pouvoir me lancer des défis, terminer une course de 10 km ou plus à mon âge. Le stress tue les gens, moi, j’essaie de tuer le stress en courant.
Comment et quand vous est venue cette envie de vous engager dans le domaine du sport et de servir la région de Flacq par le biais de l’athlétisme?
L’envie de m’engager dans le domaine du sport me vient de l’amour que j’ai pour les enfants. C’était en 2009. Mes deux enfants étaient dans la catégorie poussins et je voulais qu’ils fassent du sport. Alors j’ai commencé à les entraîner et à les guider. Comme ça, tout doucement, j’ai commencé à entraîner leurs amis. Je suis la seule femme au sein de l’administration de l’athlétisme à Flacq depuis bientôt dix ans.
Pourquoi ce sport en particulier ?
On peut courir en famille et s’entraîner selon ses capacités. Quand j’étais élève à l’école RCA de Camp-de-Masque, j’étais toujours première dans les courses lors des journées sportives. Au collège, trente ans auparavant, j’étais une championne au javelot, au poids, au disque et en sprint, d’où l’amour que je voue toujours à l’athlétisme. Même lors des première et deuxième Universiades, j’étais sur le podium après ma fille au 1500m et au 3000m.
Avez-vous toujours pratiqué la course à pied ?
Non, j’ai commencé en 2010. Faucon Flacq Athletics Club avait pris part à un fun run et la même année, mon mari et moi avions participé au semi-marathon international Orange. J’ai pris la troisième place. Notre objectif était de terminer le parcours, rien de plus, rien de moins. Nous l’avons fait.
Nous avancions si doucement, surtout mon mari, que l’ambulance nous faisait signe de prendre place à l’intérieur. Mais nous avons persisté et nous avons terminé en courant. Et par la suite en 2011, j’ai terminé troisième du 10km et depuis ça continue.
Vous êtes une habituée des classements vétérans, qu’il s’agisse de cross-country ou de trail. Est-il important de donner l’exemple ?
Oui, c’est très important à mes yeux. Entre les deux spécialités, le trail est ce que je préfère. Là, il y a la nature, la verdure, la boue, le soleil, les oiseaux, les goyaves de Chine, les goyaves de France, l’air pur des montagnes, les challenges et surtout beaucoup d’amis et le respect de tout un chacun. Là, il y a aussi une valeur importante : préserver Dame Nature.
Que vous apportent ces deux spécialités de la course à pied ?
Elles me gardent en bonne forme physique. Je suis accompagnée par une cinquantaine d’enfants de mon club. Une course est une plate-forme réelle pour expliquer l’importance du sport aux enfants.
C’est le meilleur message que vous pouviez transmettre à la jeunesse : faites comme moi, courez, c’est bon pour la santé ?
Oui, c’est très important de donner l’exemple aux jeunes. L’exemple vient des grands, des plus âgés. Avec les développements sur le plan de la technologie, les jeunes pratiquent de moins en moins de sport. Ils sont avec leurs portables, l’obésité est à son comble, le diabète a atteint un sommet. Je réitère que l’île Maurice est classée première au chapitre du diabète. Comment brûler les excès de calories ? Ce n’est pas compliqué, ce n’est pas difficile à comprendre : il n’y a pas d’âge pour pratiquer la course à pied.
Votre préférence va-t-elle pour le trail malgré tout ?
Oui, d’autant qu’il y a un trail tous les mois.
Peut-on imaginer un trail à Flacq dans les mois ou années à venir ?
Oui, bien sûr ! L’année dernière, notre équipe, Faucon Flacq, avait organisé une course à pied à Flacq. C’était très encourageant. Il y avait beaucoup de participants, ce fut un succès. Il y avait aussi un fun run auquel ont participé des personnes de tous âges.
Je tiens à remercier le Leo Club, le Lions Club de Flacq et tous les sponsors : City sport, Vicky Boat, Vital, Scuba Doo Mauritius, l’hôpital de Flacq, les first aiders, la Saint John Ambulance, les motards de la police et toutes les personnes qui nous ont aidés pour l’organisation de cette course sur route. Le thème choisi était «Courir pour prévenir le diabète».
Parler de votre engagement dans le sport, c’est aussi parler de Faucon Flacq AC. Comment se porte cette structure ?
Faucon Flacq AC est toujours à un top niveau. Dans toutes les catégories et dans toutes les épreuves, nos athlètes sont sur le podium. Nous avons notre comité exécutif, nous bénéficions de la collaboration des parents, c’est une équipe très motivée et soudée. Chacun a sa part de travail et sa contribution. Actuellement nous avons une centaine d’athlètes dans notre club. Je m’occupe des entraînements, de «l’école de formation» pour les poussins, benjamins et minimes, les garçons aussi bien que les filles.
Nanda Chinapyel, entraîneur attaché au ministère de la Jeunesse et des Sports, entraîne les cadets, juniors et seniors. Govind Jeetah, deputy rector de PBB College, est responsable de la section «cours de rattrapage» qui dispense des cours gratuitement à nos athlètes.
Nous croyons fermement que le sport et l’éducation doivent s’accompagner mutuellement et obligatoirement pour que nos athlètes aient un meilleur avenir. Je voudrais saluer Christian Marot, le CEO d’Alteo et président d’honneur de Faucon Flacq AC, pour le soutien qu’il accorde aux athlètes. Je voudrais aussi remercier Vivian Gungaram, président de l’AMA, et Faucon Flacq Sporting Club.
Flacq se distingue par sa capacité à produire des sprinters de valeur. Le plus grand district de l’île, avec ses 298 km 2, a-t-il révélé tout son potentiel ?
Je dois saluer ici les efforts entrepris par notre entraîneur, Nanda Chinapyel, son professionnalisme, et les résultats qu’il produit sur 100 et 200 mètres. Il y a encore beaucoup de potentiels qui ne demandent qu’à être découverts.
Que faut-il faire encore pour que les jeunes Flacquois se tournent davantage vers l’athlétisme et d’autres disciplines sportives?
Il faudrait faciliter l’accès au stade et aux complexes sportifs jusqu’à 8 heures du soir. Il faut aussi conscientiser davantage les parents sur les bienfaits du sport. Le sport améliore la performance physique et académique de l’enfant et non pas le contraire.
Il faudrait aussi que soient organisées plus régulièrement des compétitions au niveau du conseil de village et du conseil de district, dans le stade, sur d’autres terrains de foot du village et dans tous les centres de jeunesse avec des récompenses à la clé, des prix, le parrainage des compagnies via la CSR . C’est grâce à ce genre de motivation que l’on passera de la théorie à la pratique au fil du temps.
Il faudrait aussi organiser des compétitions intervilles, intervillages et interdistricts. Un calendrier bien établi serait le bienvenu à ce niveau dans toutes les disciplines sportives et ce en étroite collaboration avec les fédérations.
Les infrastructures sont-elles suffisantes ? L’encadrement humain également ?
Oui, franchement nous avons les infrastructures nécessaires mais nous pouvons encore les améliorer et les rénover. Il serait souhaitable de changer le spurtan, cela se fera bientôt. Pour que les gens puissent s’entraîner après les heures de travail et en famille, il serait souhaitable que le stade soit éclairé jusqu’à 20 heures tous les soirs, sauf les week-ends.
Quels sont les projets et objectifs de votre club cette saison ?
Nous voudrions voir plus d’athlètes atteindre le niveau mondial à l’instar d’Elodie Pierre-Louis, Joanilla Janvier, Fabrice Rajah, Julien Meunier, Jonathan Permal et Thierie Ferdinand, des athlètes «produits» par Nanda Chinapyel, entraîneur de Faucon Flacq, faut-il le rappeler. J’espère qu’ils feront ainsi honneur à l’île Maurice, à la région de Flacq et à notre club, Faucon.
Parmi la jeune génération, il y a Annabelle Mamerou, qui a battu à deux reprises le record national du 60m haies benjamines l’année dernière, et le benjamin Romain Frédérick qui ont des qualités intéressantes.
Pour parvenir à ces résultats, il faut commencer avec les tout petits, les poussins et poussines. C’est une préparation de longue durée qui fait fructifier les efforts de l’athlète et de l’entraîneur. Nous comptons, valeur du jour, une centaine d’athlètes et nous voudrions augmenter ce nombre.
Nous voudrions aussi organiser des activités où le sport et la santé sont côte à côte, dont une course sur route le 6 novembre 2016. Je lance un appel aux compagnies privées afin qu’elles nous viennent en aide par le biais de la Corporate Social Responsibility (CSR). Je leur demande de venir en aide à nos athlètes en nous soutenant financièrement, en leur offrant des équipements, ce qui rendra les entraînements plus faciles. Je lance aussi un appel aux bénévoles pour les accompagner dans leur scolarité.
Sur un plan plus personnel, vous avez pris la quatrième place au classement final de la Vital Cross-Country League le 27 février dernier. Vous espérez faire encore mieux dans la Ligue de trail…
Sur un plan plus personnel, dans la ligue de trail, j’ai terminé deuxième l’année dernière dans ma catégorie et cinquième de la ligue courte. Je voudrais au moins maintenir cette performance. Dans la ligue de cross, une place au-dessus de la quatrième, c’est-à-dire une médaille de bronze, aurait été souhaitable. Lors de la première manche, j’avais terminé deuxième.
La compétition est-elle importante à vos yeux ? Qu’apporte-t-elle à celui ou celle qui a atteint la catégorie vétérans?
Oui, c’est la compétition qui motive et qui pousse quelqu’un à s’entraîner régulièrement. Elle apporte la joie de vivre. C’est en courant que nous brûlons les calories consommées en excès et il en résulte que nous nous sentons plus à l’aise dans notre corps.
Portrait : Femme d’action
Tharuna Jeetah, 45 ans, fonde Faucon Flacq Athletics Club en 2009. Elle est aujourd’hui assistante-trésorière de Faucon Flacq Sporting Club, entraîneur d’athlétisme de niveau 2 et membre du comité régional d’athlétisme de Flacq où elle assume la fonction de secrétaire. Elle est aussi membre exécutif de l’association des entraîneurs d’athlétisme.
Directrice d’une compagnie d’électro-meubles à Flacq, Tharuna Jeetah est diplômé en yoga et détient un Higher National Diploma in Business (HNDB) : elle est Bachelor of Business Administration et Executive Master of Business Administration.
Mariée à Govind Jeetah, elle est mère de quatre enfants : Keshav, 25 ans, Vandana, 24 ans, Udhav et Madhav, jumeaux âgés de 15 ans.
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