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Un cordonnier bien dans ses baskets
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Un cordonnier bien dans ses baskets
Pas d’enseigne faisant du pied aux clients. Pas de panneau indiquant la marche à suivre pour y accéder. Mais à quelques pas du centre de St-Pierre, l’on découvre un petit atelier de cordonnier, figé dans le temps. Entrons voir, avec nos gros sabots.
Entre les moules pour chaussures, les alênes, les boîtes de cirage, les brosses, la machine à coudre, l’étau, les arrache pointes, des chaussures de toutes sortes, il travaille d’arrache-pied. Cela fait 31 ans que Soomun Lallman a trouvé chaussure à son pied. Et être cordonnier, ça le botte. À 53 ans, il ne fait pas son âge. Il a le cuir du visage bien tendu.
«Latelyé ti pou mo papa, mwa, mo ser ek mo frer, nou tou nounn swiv so tras.» Et si ses proches ont, depuis, raccroché les aiguilles, Soomun, lui, en a toujours sous la semelle. Accuse-t-il un coup de pompe après toutes ces années passées à réparer des talons aiguilles, à remettre des sandales en état ? Oh, que non. Soomun démarre toujours la journée du bon pied. «8 h 30 mo fini ouver. Mo al lakaz 6 er tanto.»
Des clients, il en voit passer une vingtaine par jour. «St-Pierre inn vinn byen animé aster. Ena bann sant komersial, biro tousala, klian pa manké.» Et pas question de leur cirer les pompes s’il y a quelque chose qui cloche. «Mo bros inpé zot latet. Mo dir bann klian rann enn servis netoy zot soulyé avan vini. Ena santi fromaz…»
Il lui est même arrivé de retrouver une grenouille, des cafards ou encore des fourmis au fond de certaines paires. Sans parler des chaussures encrottées. Qu’importe, il en faut plus pour que Soomun soit dans le cirage.
Qu’en est-il du porte-monnaie en cuir ? Du chiffre d’affaires ? Ne nous faites pas marcher s’il vous plaît. «Mo gagn anviron Rs 10 000 par mwa.» Si on enlève la location pour l’atelier et les factures, il lui reste quelque Rs 7 000. «Pou mwa li korek. Mo viv ansam ek mo gran ser, mo ti lavi seryé.» Ce qui l’aide aussi à gérer son budget, c’est le fait «ki mo selibater», précise Soomun dans la foulée, en riant sous cape.
Si des fiançailles ne sont pas à l’ordre du jour pour l’instant, l’avenir s’annonce tout de même brillant pour le cordonnier, qui y va pas à pas, sans se presser. «Mo pou kontigné fer mo travay tan ki mo kapav. Si enn zour li aret marsé, mo pou rekoumans fabrik nouvo soulyé.» Car pour lui, son travail, c’est le pied.
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