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Ils ont du métier - Police : des maîtres-chiens et des toutous attachants
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Ils ont du métier - Police : des maîtres-chiens et des toutous attachants
Vendredi matin, au QG de la SMF, à Vacoas. Le soleil, la pluie et l’arc-en-ciel sont «toutous» présents. Le sergent Gaspard, sa tête de bouledogue et son sourire édenté aussi. Le maître-chien, âgé de 64 ans, assure la suppléance au sein de la Police Dog Unit, en l’absence du patron habituel. Bonjour Monsieur, on veut interroger des toutous policiers.
Il est d’accord. Mais avant, place au «training» pédagogique. L’unité canine de la police, fondée en 1952, compte aujourd’hui 48 enquêteurs aux crocs acérés et au flair affûté; des bergers allemands ou belges, des labradors, des rottweillers et des épagneuls. «Les chiens de race sont plus faciles à dresser. Cela prend environ un an, contre cinq pour un chien ‘normal’», aboie le sergent Gaspard.
Fait notable : après 42 années passées avec les toutous, le papa poule parle avec passion de ses «bébés». «Zot kouma bann zanfan. Zot al dan gardri, dan lékol maternel, apré dan lékol primer. Sé zot handler ki fer zot lédikasion. Dépi zot baba bizin donn zot bon labitid…» La recette pour une éducation digne de ce nom : de l’affection, quelques coups de gueule, beaucoup de discipline, de l’affection.
Tiens, les enfants arrivent, ils ont été autorisés à quitter l’école. Momentanément. Josh (NdlR : un épagneul, cousin de la célèbre Maddie, affectée à la prison), trois ans, en compagnie de ses collègues, des bergers allemands et malinois : Nimi, deux ans, Piper, deux ans, et Bob, le plus «vieux de la bande», huit ans. Une séance de «sniffage d’étrangers» plus tard, ils acceptent de prendre la pose pour une séance photo.
Pour cela, ils se sont mis sur leur 31. «Comme d’habitude», souligne le sergent Gaspard. Les poils sont lisses et soyeux, l’odeur est celle d’une peluche qu’on aurait passée à la machine à laver, sans la lessive. «Kan ou enn polisié, ou bizin éna enn standing. Bann toutou ousi parey !» lâche le constable Doobaree, 36 ans, le papa-chien de Bob. Pour que les offi- ciers à quatre pattes soient toujours impeccables, il faut les brosser tous les jours, pour enlever les poils morts et les sous-poils. Et leur donner le bain une fois par mois, histoire de ne pas abîmer leur pelage et leur peau. Sinon, ont-ils droit à des «nonos» ? En quoi consiste leur alimentation ? «Pour les plus vieux, on continue à leur donner de la viande, du riz et des légumes. Sinon, les chiens se nourrissent exclusivement de croquettes, soit 500 grammes par jour pour un adulte», précise Nundoo, un des maillons forts de cette chaîne qu’est la Dog Unit.
Mais il n’y a pas que le réconfort, il y a aussi l’effort. Les toutous policiers et leurs responsables sont souvent, très souvent, sur le terrain. On fait appel à eux que ce soit dans des cas de vol, de viol, pour des contrôles à l’aéroport, au port, pour des disparitions, etc. Pour les mordus d’anecdotes, le sergent Gaspard en a plein à raconter. «Enn fwa nou finn désann dan Gorges pou al rod enn dimounn ki ti missing. Mo toutou inn swiv lapis, nou finn désann, finn rési gagn dimounn-la. Mé apré, toutou-la ti tro fatigé, monn bizin pran li lor mo zépol pou nou rémonté.»
Il y a cet autre cas, qui n’aurait pu être résolu sans l’aide d’un chien policier. Il s’agissait d’un meurtre. À côté du corps: une branche de goyavier qui avait été utilisée par l’auteur du crime. Un des toutous a alors suivi une piste sur plusieurs centaines de mètres, pour remonter jusqu’au coupable. «Il nous a guidés jusqu’à une serviette ensanglantée. Nous avons pu coffrer le meurtrier…»
D’autre part, il n’y a pas que leur truffe et leur intelligence qui donnent envie de travailler avec ces chiens, confie le sergent Gaspard. Mais aussi leur fidélité, leur dévotion sans faille, l’amour qu’ils portent à leurs maîtres. «Boukou zafer monn trouvé dan mo karyer. É travay avek bann toutou, sé enn plézir. Préfer gagn zafer ar zot ki avek bann imin.»
Encore des toutous qui ont du chien.
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