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La semaine vue par Gilbert Ahnee

10 avril 2016, 09:26

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 04 avril 2016

Séries. Alors qu’une sorte d’implacable fatalité ramène à la fin du  précédent épisode, quelle est la question ? Et si cela était systémique ?

Non ministrari sed ministrare

Méditez, cher homme, méditez-le. C’est du latin, la devise d’un collège universitaire américain, inspiré d’une citation légèrement plus longue de la Bible. Et ça dit surtout que la personne qui sert d’exemple doit chercher à servir plutôt qu’à être servie. La source ne mentionne pas «se servir». Tout cela pour rappeler que la civilisation latine et les mondes qui  en sont issus associent la racine de ministre ou de ministère à la notion de service. Ceux – ministres et Premiers ministres compris – dont les noms sont révélés dans les Panama Papers n’avaient, sans doute, pas suffisamment médité le sens réel d’un appel à servir – pléonasme ou redondance ? – comme ministres.

Réputé pour les longues heures qu’il consacre à l’exploration méditative de son intériorité, Vishnu Lutchmeenaraidoo, avaient pensé certains, revenait, en 2014, de ses décennies de vacances de la politique, avec un sens affiné de cet esprit de service inhérent à toute spiritualité authentique. Ces personnes bienveillantes s’étaient-elles trompées ? Certainement pas à nous de le dire. Nous pouvons uniquement nous demander – mais la réponse sera sans doute très vite connue – au nom de quoi un citoyen mauricien peut se permettre d’aller requérir d’un juge qu’il l’exempte de l’exercice de la loi du pays. La PoCA institue l’ICAC qui, elle, considère, à tort ou à raison, qu’elle a des éclaircissements à obtenir. Parfaitement légal, non ? Reste aussi à savoir dans quelle mesure notre calendrier politique va être tributaire de l’agenda des recours judiciaires de SVL.

Mardi 05 avril 2016

Henry. À la base un drame que nul ne souhaitait. Au passage, une exceptionnelle occasion de hauteur. Au réveil, quelque chose de trop épais…

Unheard !

Solemly affirmed ! And yet unheard. Jamais auparavant n’y avait-il eu d’action judiciaire engagée par un ministre contre un de ses collègues.Sauf si l’on devait nous prouver que nous avons rêvé, que tout cela n’est qu’un cauchemar malheureusement couvert par des journaux et radios en manque de copie, il sera difficile de nous faire croire que ces deux hommes vont finalement se retrouver autour de leur chef de gouvernement et de leur leader. Pour porter encore plus haut le flambeau du parti soleil. De toute évidence, au moins l’un des deux – et dès ce mardi on croit savoir lequel – devra partir. Sans renoncer, sans doute, même de l’extérieur, à finir par faire tomber l’autre.

Y a-t-il un chef ? Qu’est-il advenu de SAJ ? Sir Seewoosagur se complaisait dans l’image d’un père compréhensif et tolérant, son fils laissera surtout le souvenir d’un jouisseur sans convictions quant à sa mission, Bérenger celle d’un ethnic misfit, spontanément déculotté devant les groupes de pression. Entre 1982 et 1995, seul SAJ sut laisser la marque d’un chef, d’un leader national, d’un dirigeant politique capable d’entraîner une nation dans un projet de développement nécessitant parfois des sacrifices. Comment le plus autoritaire de nos PM a-t-il pu se transformer en vigile constamment pris en défaut de vigilance ?

Sans doute avait-il compté sur son fils, pour en faire une sorte de roi stagiaire à l’hôtel du gouvernement. La justice en a décidé autrement. Y aurait-il eu trop de prétendants morganatiques au titre de petit prince ?

Mercredi 06 avril 2016

Un PM qui considère faux un averment d’un affidavit d’un ministre. Courts Ordinance 195 : peine de pas plus de trois ans de servitude pénale…

Lapoudgate

Mots neutres ? Propos de Raj Dayal, après avoir obtenu sa libération sous caution : «Azordi, li kler ki mafia inn infiltre bann institision nou pei. E mo pe dir sa kouman enn ansyen komiser-d’-polis». Venant d’un ancien haut fonctionnaire moins flamboyant, moins apprécié par les réseaux sectaires, maîtrisant moins bien le jeu de miroir avec les médias, venant de tout autre que Raj Dayal, l’annonce d’une infiltration de nos institutions par la mafia nous aurait valu de sérieuses inquiétudes. Mais, dans la bouche de Dayal, sans doute faut-il un décodage supplémentaire pour appréhender ce qu’il est susceptible de dire.

L’ancien ministre parle, de manière très générale, de la mafia. Laquelle ? Est-ce celle de la drogue, des paris illégaux, des fausses facturations à l’import ? Est-ce celle de la main basse sur les troncs – lamone dakshina – des lieux de culte ? Mais, bien plus que la nature de l’activité criminelle, ce qui importe, dans l’exercice de ralliement de M. Dayal, c’est la réception du mot mafia par les destinataires prioritaires de son propos, on veut croire ses électeurs du nº 9 de même que son réseau de loyauté à travers l’île.

Ni Rajen Sabapathee, ni Gro Derek n’était ou n’est musulman. De même ne le sont pas les immigrés mauriciens en France qui engagent des jeunes Françaises pour introduire du Subutex à Maurice. Et pourtant, dans une certaine mentalité populaire, le mot mafia connote Plaine-Verte et appelle certains noms. Que Dayal ne joue pas avec le feu.

Jeudi 07 avril 2016

Whaw l’ambiance à ce Conseil des ministres ! Amicale et conviviale… Et chacun focused sur ses dossiers, ses projets. édifiant, exemplaire…

Programme citoyen

Now or never ? A l’exception sans doute de l’année-bascule que fut 1969, jamais auparavant, du moins depuis l’indépendance, les partis de gouvernement – ceux qui y sont où y ont été – n’avaient paru, simultanément, autant discrédités. Comme il y a une vitesse, et un état de griserie, à partir desquels même votre ange gardien vous abandonne, il a fallu que, dans les environs du cimetière de Bois-Marchand, le PMSD New Gen aussi croise le mauvais air, si ce n’est le mauvais oeil. Du coup même pour célébrer les 16,6 % de croissance des arrivées touristiques en mars 2016, rezilta lor rezilta, la fête pourrait être de mauvais goût.

C’est avec une certaine angoisse que bon nombre de Mauriciens se demandent s’ils sont vraiment condamnés à jouer indéfiniment aux chaises musicales. Avec, fondamentalement, les représentations immuables de la campagne et de la ville, quelles que soient leurs fragmentations/recompositions respectives au moment des scrutins. Sommesnous capables de nous arracher à cela, de réinventer notre représentation, d’y intégrer les valeurs citoyennes qui sont, aujourd’hui, partagées across ethnicity.

Le moment est peut-être venu de nous inspirer de la Grèce ou de l’Espagne, du Aam Admi Party en Inde, si ce n’est de l’effet Bernie Sanders. À trois ans du prochain scrutin, pourrons nous, réseaux sociaux aidant, faire advenir un mouvement populaire, réunissant les amis de Rezistans & Alternativ, de Lalit, de Roshni Mooneeram, de Joceline Minerve. Quel programme ? La Constitution. Telle qu’elle est, parfaitement à même de nous servir encore. Just the rule of law.

Vendredi 08 avril 2016

Ce qui est émouvant chez Me Trilochun, c’est qu’il est toujours convaincu d’incarner la lutte du ti-avoka contre l’establishment du barreau…

Chapter 2 : § 6

Liberté chérie ! Comme devrait le savoir tout membre de notre AN, voire tout citoyen, notre Constitution articule un fondement philosophique fort – les chapitres I et II – à un volet technique – chapitres IV à XI – définissant les instruments de l’action de l’Etat. À la charnière de ces deux volets, le chapitre III identifie ceux susceptibles d’être citoyens ce pays. Soit de disposer des divers droits énoncés au deuxième chapitre, dont ceux à l’article 6, intitulé Protection from slavery and forced labour. Ce qui se lit ainsi : (1) No person shall be held in slavery or servitude ; (2) No person shall be required to perform forced labour.

Bien sûr, David Bowie a chanté I would be your slave, Nazareth a poursuivi : “Let me be the slave you can faithfully flog… Let me be your dog”,un niveau d’abaissement amoureux que Brel déjà nous suggérait : «Laisse-moi devenir l’ombre de ton ombre, l’ombre de ta main, l’ombre de ton chien.» Va pour la poésie chantée. Mais imagine-t-on vraiment, dans une démocratie moderne, un ministre déclarant qu’il est prêt à se faire l’esclave de son PM ? Certes grotesque mais si révélateur…

Révélateur… de tant de choses… Voici quelques années, voulant humilier, dégrader Bhagwan, lui indiquer son état d’inférieur, Soodhun n’avait trouvé que ceci à dire : to enn fam ! Voilà le fondement de son système de valeurs. Coulant de source, tout le reste est cohérent. Mais peut-être incompatible avec notre précieux chapitre II.

Samedi 09 avril 2016

Plus de 30 ans déjà qu’Ally Lazer, à l’occasion, sort une liste de trafiquants. Espérons que celle du 18 avril serve elle à quelque chose…

Heureuse qui comme Madame…

…ou encore comme Ulysse. Heureux quiconque fait quelques beaux voyages afin de rapporter au pays en attente les savoirs précieux acquis de cette rente tant qu’au vol il pourra se livrer sans ambages. Madame la speaker, de toute évidence, du mal de l’airpoint ne souffre et devrait pouvoir,sans malaise ni embarras, continuer son odyssée. De parlement en parlement, s’en allant comme Ulysse, découvrir le grand monde, jusqu’à la fin de mandat qui sifflera le dernier retour à Ithaque.

Fonctionnaire reconnue compétente, puis députée et ministre, Mme Hanoomanjee était-elle la mieux préparée pour les fonctions de speaker ? A l’exception du quinquennat d’Iswardeo Seetaram, entre 1990 et 1995, de sir Harilall Vaghjee dès 1960 au retrait de Razack Peeroo en 2014, le poste de speaker a été occupé pendant 49 ans par des juristes de formation, dont également Ramesh Jeewoolall, Alan Ganoo, Ajay Daby, Premnath Ramnah, Kailash Puryag. On estimait qu’une connaissance approfondie du droit et, surtout, de ses canons d’interprétation, était requise chez un Speaker.

Après le départ de sir Harilall en 1979, la Chambre a honoré pendant 16 ans la pratique consistant à confier sa présidence à un parlementaire élu, jouissant de surcroît d’un mandat populaire pour siéger dans cette assemblée. Nous n’avons malheureusement pas su, comme les Britanniques, soustraire le siège du speaker sortant à la contestation, ce qui aurait eu pour mérite de placer la fontion largement au-dessus des soucis de réélection.

Il ya une fonction à sauver. Offrons-lui de l’altitude. Ça Madam connaît.