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Peeraullee Hassenjee, 66 ans : Le chauffeur de taxi trace sa route

16 avril 2016, 15:50

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Peeraullee Hassenjee, 66 ans : Le chauffeur de taxi trace sa route

 

Vendredi Matin. Démarrage en trombe. Direction les urgences, ou plutôt le garage du côté de l’avenue Ollier, où le London Cab est sous perfusion.  Après des kilomètres avalés, il faut qu’il recharge ses batteries, un «servicing» s’impose. Le propriétaire du taxi, lui, n’est jamais crevé, il respire la forme. Il en a sous le capot. En voiture.

Cela fait maintenant 46 ans que Peeraullee Hassenjee, 66 ans, sillonne les rues et ruelles du pays. C’est à Rose-Hill que l’on croise sa route le plus souvent. «Mo fer trazé Hassamal – NHDC Camp-Levieux .»Ne comptez pas sur lui pour brûler des feux rouges. Son moteur à lui carbure au diesel et pas question de se laisser happer par des coups de pompe. Sa barbe bien fournie au vent, le chauffeur de taxi aime prendre le temps de vivre, à son rythme. «Mo lévé kan moanvi, mo travay kan mo anvi.Péna bann kours aboné.» Ce qui arrête cet habitant de Forest-Side, ce sont les bras levés des clients de «taxi train». «Mo Cab kapav pran bann dimounn ki éna andikap. Zot kapav monté ek zotfotey roulan.»

Ce n’est pas par accident que Peeraullee a embrassé ce métier. «Éna enn paké sofer taxi dan fami, nou oriziner Porlwi. Mooussi monn rod mo patant lerla.»Depuis, il n’a jamais pensé à faire machine arrière. Après des Nissan, des Nissan et encore des Nissan, il y a quatre ans, il optait pour l’achat de son taxi londonien, qui «en jette» et qui lui a coûté Rs 1,2 million. Un investissement qui a été amorti, car c’est une affaire qui roule. «Gagn bien klian. Zot kontan voyaz ladan. Éna plin lespas. Mo fer karos ousi.»

Et combien coûte le trajet dans cette citrouille verte ? De Rose-Hill à Camp-Levieux, il faut compter Rs 20 environ. Par jour, si on enlève les frais d’essence, le chauffeur empoche quelque Rs 700. De quoi, selon lui, vivre à l’aise. Et faire plaisir à son épouse ainsi qu’à ses cinq filles. «Trois sont mariées, les deux autres sont toujours à l’école», confie Peeraullee Hassenjee.

Qu’en est-il des mauvaises rencontres ? A-t-il croisé la route de malfrats qui ont essayé de lui mettre des bâtons dans les roues ? «Non. Pourtan moroul boukou aswar. Zamé pa finngagn problem grav. Mo krwar zot per mo labarb…»

Quand il n’avale pas les kilomètres à bord de son taxi, le sexagénaire accélère la cadence sur les terrains de foot. Afin d’entretenir son histoire d’amour avec le ballon rond. Et de sortir les enjoliveurs pour nous parler de son équipe préférée, Manchester United. «Mo boper, kan lekipla gagn baté, li kapav pa manzé pandan dé-trwa zour.»

Sinon, à part regarder des matches de foot, quels sont les plans pour l’avenir ? «Bah, séki vini nou gueté. Nou atann lamor avek sérénité !»En passant, qu’en est-il de la santé du London Cab ? Si le sien devrait s’en remettre, ses semblables, eux, sont en voie de disparition routière. La raison étant que la compagnie qui les fabriquait aurait fermé ses portes. En attendant, il continue de tracer sa route.