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Un an après: Eleana Edouarda Gentil, les souvenirs de la découverte macabre resurgissent

16 avril 2016, 22:00

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Un an après: Eleana Edouarda Gentil, les souvenirs de la découverte macabre resurgissent

«C’est impossible d’oublier quand vous avez un enfant qui a été tué à un si jeune âge et dans des conditions pareilles. C’est inconcevable pour moi de faire le deuil de la mort d’Edouarda», avance Mirella. Entourée de sa mère et de ses deux filles, la mère d’Eleana Edouarda Gentil se lâche. Un an après la découverte du cadavre, la douleur est encore plus profonde. Une peine sans doute accentuée par le fait que le suspect arrêté n’a toujours pas été fixé sur son sort.

Assise dans une chambre qui fait office de salon à l’intérieur de sa modeste demeure en tôle, Mirella ne quitte pas du regard les trois photos de sa fille, cruellement tuée. Elle n’arrive pas à contenir ses larmes à la vue de ses deux benjamines. «A sak fwa mo tifi pas kot foto Edouarda li dir mwa, ‘Edouarda inn mor, li pa la’. Li osi li enn zanfan li pa koné, mai sa touy mwa andan, mo pa kapav tini», relate la mère de quatre enfants.

Pour elle, les 12 mois qui se sont écoulés ont été pénibles. «Avant qu’on ne retrouve le coupable (NdlR : présumé coupable), je ne pouvais fermer l’oeil de la nuit et maintenant qu’on l’a trouvé, j’ai cette haine qui me ronge», confie Mirella, meurtrie dans l’âme. Elle ne souhaite qu’une chose, que le présumé meurtrier paie pour le mal qu’il a commis.

Eleana Edouarda Gentil était portée manquante depuis le 6 avril. La dernière fois qu’elle avait été vue par ses proches, elle se trouvait chez son oncle, qui habite à quelques mètres de sa maison. Ce n’est que le lendemain que l’alerte avait été donnée.

Des recherches avaient été lancées, mais la fillette de 11 ans demeurait introuvable. Les premiers soupçons concernant sa disparition s’étaient portés sur le grand-père paternel de la petite. Ce dernier, accompagné de son épouse, avait tenu à rendre visite à sa petite-fille le jour de Pâques. Des témoins avaient d’ailleurs affirmé l’avoir vu avec Eleana. Mais ce dernier avait pu fournir un alibi.

Découverte macabre

C’est le 15 avril que des éléments du Groupe d’intervention de la police mauricienne, de la Special Mobile Force, la Criminal Investigation Division de Curepipe et la Special Supporting Unit, accompagnés de chiens renifleurs, avaient repéré un cadavre dans un buisson, en bordure de route, à Nouvelle-France. Il s’agissait du corps d’une petite fille, très abîmé. Un pantalon et des sous-vêtements avaient été retrouvés à plusieurs mètres du cadavre. L’exercice d’identification avait confirmé qu’il s’agissait bien d’Eleana Edouarda Gentil. La cause exacte du décès n’avait pu être établie à cause de l’état de décomposition avancée du cadavre. Mais cependant, les médecins légistes, Dr Sudesh Kumar Gungadin et Dr Maxwell Monvoisin, avaient décelé une fracture crânienne et n’écartaient pas la possibilité qu’il y ait eu agression sexuelle.

Deux jours après la découverte macabre, un autre suspect avait été arrêté. Il s’agit d’Arnaud Boodram. Ce dernier, un professeur de danse fiché à la police, était en liberté conditionnelle pour avoir abusé d’une adolescente de 12 ans. Il avait été interpellé car il n’avait pas respecté les conditions de sa remise en liberté. Ses antécédents ainsi que sa présence à cité Anoska avaient, de surcroît, attiré l’attention des enquêteurs. En sus des diverses marques qu’il portait sur le corps.

L’enquête devait cependant prendre une autre tournure trois mois plus tard lorsque le rapport d’ADN avait innocenté Arnaud Boodram. L’ADN retrouvé sur les sous-vêtements de la petite correspondait, en fait, à celui d’un proche de Mirella. Ce dernier, un dénommé James Ramasawmy, qui avait participé aux recherches, nie toutefois sa participation.

«Sé enn trayzon ki James finn fer. Li ti la avek nou, devan nou lizié, zamé mo ti pou dout li», raconte Mirella. Arnaud Boodram, quant à lui, avait cependant passé plusieurs mois en détention avant de pouvoir payer sa caution en octobre. Pour commémorer la mémoire de la petite Eleana, une messe et une marche pacifique ont été organisées hier.