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Fatih Mehmet Kursun: «Turkish Airlines veut contribuer à la croissance du produit intérieur brut de Maurice»

20 avril 2016, 15:02

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Fatih Mehmet Kursun: «Turkish Airlines veut contribuer à la croissance du produit intérieur brut de Maurice»

Fort des chiffres encourageants réalisés par Turkish Airlines (Maurice) dans le pays, son General Manager Fatih Mehmet Kursun exprime le souhait de s’y installer «de manière permanente». Un des atouts de cette compagnie, dit Fatih Mehmet Kursun, est de connecter des destinations qui, jusqu’ici, ne l’avaient jamais été.

Le 15 mars, cela faisait trois mois que Turkish Airlines desservait la destination Maurice. Quel bilan faites-vous de votre présence à Maurice?

Tout d’abord, sachez que Turkish Airlines a obtenu une prolongation de ces droits de trafic des autorités mauriciennes pour encore six mois, soit du 15 juin au 15 décembre 2016. C’est une destination efficace, qui remporte du succès, comme on s’y attendait.

On a commencé à transporter des passagers d’Europe centrale et d’Europe de l’Est à Maurice. Je suis fier de l’avoir accompli, car Turkish Airlines relie désormais Maurice à des destinations qui n’ont jamais été connectées. Maintenant, la plupart de nos passagers viennent de Bulgarie, de Hongrie, d’Ukraine et de Roumanie.

Istanbul est un très bon «hub» et le troisième plus grand aéroport en Europe. Maurice a maintenant davantage de touristes. Je ne suis pas en concurrence avec les autres marchés existants, notamment la Grande-Bretagne et la France. Turkish Airlines dessert 289 destinations dans 113 pays. Notre réseau est bien plus étendu que celui des concurrents sur le marché. Je suis en train d’agrandir le gâteau pour Maurice.

Si l’on se fie aux récents chiffres, le nombre de touristes turcs a augmenté de 550% en février, comparativement à la période correspondante en 2015. Quels sont les facteurs qui ont contribué à cette importante augmentation dans le transport des touristes?

Les chiffres sont en effet surprenants. En 2015, 849 touristes turcs ont visité Maurice. Mais si l’on regarde les chiffres de janvier à mars de cette année, les passagers qui arrivent d’Istanbul à Maurice, en excluant les autres villes, sont plus de 3400. En deux mois, la performance de 2015 a doublé. La classe moyenne en Turquie est en pleine croissance. À chaque fois qu’on dessert une nouvelle destination, la curiosité des Turcs va croissant.

Les tour-opérateurs s’agitent et commencent à proposer des forfaits. Ensuite, les relations diplomatiques entre la Turquie et Maurice sont plus fortes et il y a également une activité commerciale pour les hommes d’affaires. Nous avons remarqué un nombre élevé d’hommes d’affaires turcs qui veulent investir à Maurice dans le secteur du tourisme, de l’énergie et des télécommunications.

Dans quelques mois, nous allons avoir un énorme business council à Maurice. Les hommes d’affaires turcs vont rencontrer leurs homologues mauriciens. Nous ne transportons pas uniquement des touristes, mais aussi des investisseurs potentiels pour injecter de l’argent dans le pays.

Troisièmement, les couples adorent l’océan Indien pour leurs voyages de noces. Ils adorent les Maldives. Depuis que nous la desservons, cette destination est devenue un énorme succès en Turquie. Maintenant les gens s’intéressent à Maurice. Il a un potentiel touristique surprenant. La contribution de Turkish Airlines ne se résumera pas aux Turcs car la plupart de nos passagers viennent d’autres destinations desservies par notre compagnie. Ce n’est pas seulement la Turquie qui est concernée, mais le réseau dominant de Turkish Airlines.

Turkish Airlines a augmenté ses vols à quatre par semaine. On a fait provision pour qu’ils passent à cinq. Quel est le facteur déterminant qui a permis à la compagnie aérienne d’augmenter le nombre de vols de trois à quatre et éventuellement de quatre à cinq?

Il y a quelques jours c’était quatre. Pour la période d’été nous allons passer à trois pour des raisons purement opérationnelles car nous allons inaugurer une nouvelle desserte. Mais je peux vous assurer qu’en novembre, les vols passent à cinq. Dès que vous avez davantage de vols et de sièges, vous pouvez être plus agressifs sur le prix. Dès que vous augmentez les fréquences vous avez de meilleures chances d’offrir de meilleures connexions aux passagers. Augmentant de trois à quatre et de quatre à cinq est notre principal défi. Une fois que vous augmentez les sièges, plus de gens vont voyager. Le seul hic, c’est qu’on n’a pas assez de sièges disponibles sur le marché.

On veut avoir des vols quotidiens un jour. On est confiant que notre réseau a assez de potentiel pour alimenter nos vols quotidiens. Nous desservons 18 villes en Allemagne, sept en Espagne, huit en Italie. Ce sont d’énormes marchés.

Combien de Mauriciens ont voyagé avec Turkish Airlines ces trois derniers mois? Peut-on dire que leur opinion de la Turquie a évolué?

Je crois, et j’ai toujours cru, qu’Istanbul est aussi sûr qu’une autre capitale européenne. Les chiffres démontrent que l’enthousiasme des gens pour la Turquie continue de croître malgré les incidents. Nous avons transporté plus de 2 000 Mauriciens à Istanbul pour les trois premiers mois. C’est déjà plus qu’en 2015. J’espère que ce chiffre va passer à 5000 à la fin de l’année.

Je peux vous assurer que la sécurité à l’aéroport et en vol est un vrai succès en Turquie. On investit énormément sur la sécurité à l’aéroport et à bord. Les cinq dernières années, Turkish Airlines a enregistré une croissance de 15% chaque année. Les attaques ne nous ont pas affectés ces cinq dernières années. Istanbul est aussi sûr que Paris ou Bruxelles. Notre profit l’année dernière a dépassé la barre d’un milliard de dollars américains. C’est la première fois dans l’histoire. Nous sommes financièrement solides malgré une année difficile.

Avez vous remarqué des changements au niveau des habitudes des Mauriciens après les récentes attaques? Y a-t-il eu une baisse ou des annulations?

Non. Au contraire. Le nombre augmente. La semaine dernière, nous avons eu plus de 700 Mauriciens qui ont réservé pour Istanbul pour l’année. La courbe est ascendante depuis le début de l’année. Même si nous entrons dans la basse saison à Maurice, notre taux de remplissage est plus élevé que jamais. Par exemple, notre vol du samedi 2 avril était réservé à 96%. Malheureusement on a dû refuser la demande de quelques groupes.

Beaucoup de compagnies aériennes ont commencé leurs services en grande pompe mais ont fini par disparaître. Est-ce que votre engagement est basé sur les court, moyen ou long termes?

Avec Turkish Airlines, je ne me souviens pas d’une seule destination où on a dû arrêter nos opérations. On est déterminé à rester aussi longtemps que le gouvernement mauricien et les autorités locales nous accordent la permission. Notre engagement est à long terme. Nous n’avons jamais eu une stratégie à court terme sur aucun des marchés que nous desservons. Et nous allons faire de notre mieux pour que notre présence soit permanente dans votre pays. Nous voulons contribuer à la croissance de votre pays, en termes de produit intérieur brut. Nous voulons en faire partie. Nous avons un bureau en pleine rénovation, nous avons recruté du personnel local. Nous avons signé des accords à long terme avec des hôtels... Nous n’avons jamais été un charter. Nous ne venons jamais pour la haute saison et partons pour la baisse saison. Notre engagement est de rester le plus longtemps possible à Maurice.

Avez-vous de nouveaux projets dans la région?

Les Seychelles seront notre prochaine destination. En Turquie, les gens ne connaissent pas l’océan Indien. Plus on entend parler de la région, plus on l’adore. Cela a commencé avec les Maldives, puis Madagascar et finalement Maurice. Turkish Airlines s’enthousiasme pour cette partie du monde à présent. Les Seychelles seront compétitifs pour Maurice. Probablement, ce sera six vols directs d’Istanbul. Ça peut arriver à tout moment. Nous n’allons pas attendre longtemps pour le début des opérations. Maurice et les Seychelles sont des îles différentes et ont des cachets uniques.

Comme vous le savez, vos concurrents directs, qui sont Air Mauritius et Emirates Airlines, ont des méthodes puissantes pour contre-attaquer sur le marché. Quelles sont vos stratégies pour faire face à ce défi?

Je pense que la concurrence est bonne pour tout le monde. Elle est bonne pour les Mauriciens parce qu’il y a une baisse des prix. Elle est aussi bonne pour les compagnies aériennes. Je dois concurrencer et survivre pour montrer que je suis une bonne compagnie aérienne. Je ne me vois pas vraiment comme un concurrent. Je considère Air Mauritius comme un grand partenaire car elle nous a énormément soutenus du côté des opérations.

Ma stratégie n’est pas d’essayer de voler les passagers des marchés existants car quelques-uns des marchés sont connectés à Maurice. Mais j’ai plus à offrir. Je ne veux vraiment pas être offensant aux autres. Je fais quelque chose de totalement nouveau qu’aucune compagnie aérienne n’a fait dans le passé. Cela grâce à notre gigantesque réseau. En ce qui concerne Emirates, je ne crois pas que je leur fais directement de la concurrence.

Bien sûr, il y a des destinations où nous devons transporter les mêmes passagers mais le plus gros morceau de notre business provient des pays où les autres compagnies aériennes n’ont pas de vols directs. En Europe de l’Ouest, nous desservons les petites villes. Par exemple, en Espagne, nous desservons Malaga, Santiago, Compostella, Bilbao. Ces villes ne sont pas connectées avec d’autres compagnies. Elles sont très profitables car nous sommes les seuls. Pourquoi devrais-je concurrencer les marchés existants et les compagnies existantes? Maurice aussi est extrêmement profitable. C’est gagnant-gagnant pour les deux parties.

Des bruits courent qu’il y aurait des tensions entre Turkish Airlines et Emirates Airlines. Et qu’à un moment donné, cette dernière se sentait menacée par votre présence. La tension est-elle contenue maintenant?

Il n’y a pas et il n’y a jamais eu de tension entre Emirates et Turkish Airlines. Une partie de la question doit être posée à Emirates, bien sûr, mais de notre côté, je peux assurer que nous sommes ravis de la présence de tout le monde sur le marché. La compétition sera bénéfique à tous les Mauriciens. Je ne vois aucune raison d’y objecter. Le gâteau grossit. C’est assez grand pour tout le monde.

Quelle pourrait être la contribution de Turkish Airlines pour promouvoir les échanges entre la Turquie et Maurice, qui vous seront bénéfiques à la fin?

Le 27 mai, Turkish Airlines va organiser un road show avec la Mauritius Tourism Promotion Authority à Istanbul. Les hôteliers, les agences de voyages à Maurice rencontreront les tour-opérateurs en Turquie. Dans les mois qui suivent, nous aurons plein d’événements en Turquie. Nous allons investir Rs 15 millions pour faire la promotion de Maurice dans les pays d’Europe de l’Est et on espère utiliser ce montant pour organiser des ateliers de travail, des campagnes promotionnelles, entre autres. Tous les deux mois, des conseillers en affaires vont tenir des réunions à Maurice. Notre département marketing en Turquie est en contact avec les tour-opérateurs pour promouvoir la destination Maurice. Des discussions sont en cours à haut niveau dans les secteurs privé et public. Turkish Airlines et Maurice vont tous deux en sortir gagnants au final.