Samedi après-midi. Les rues de Port-Louis sont bien moins animées que d’habitude. Pour cause : plusieurs marchands ambulants ont cessé leurs opérations depuis qu’ils ont été relocalisés à la rue Decaen.  Certains, par contre, jouent au chat et à la souris avec les  policiers.

En effet, alors que des barrières de sécurité ont été placées à chaque coin de rue, quelques marchands ambulants ont trouvé le moyen quand même d’installer leurs marchandises. À l’instar de Peerkhan, vendeur de lunettes à La Chaussée. Ce dernier prend la poudre d’escampette ou se cache derrière sa camionnette dès qu’il apperçoit des policiers. Ce qu’il en pense de la décision du gouvernement de relocaliser les marchands ambulants ? «Les dirigeants de ce pays devraient faire un constat des lieux, la rue Decaen est trop étroite. Je n’aurai pas de place pour garer mon véhicule.»

Près du bâtiment d’Air Mauritius, des visages marqués par la fatigue. Ces marchands guettent les clients potentiels puis sortent leurs trésors des gros sacs qu’ils traînent partout. Dès qu’on les aborde, ils secouent la tête. «Pa kapav kozé-la, situasion-la tro difisil», lancent-ils.

Un peu plus loin, nous rencontrons Salim. Ce père de cinq enfants vend des vêtements depuis 1990. «Déza isi nou pa gagn travay, aster pé met nou laba, bé kouma nou pou travay ?», demande-t-il.

Et à Mamad, un autre marchand ambulant, de répliquer : «Ce n’est pas un lieu convenable. Il n’y a pas de toilettes ni d’abri en cas de pluie. Nous sommes des humains, il faut que le gouvernement nous trouve un meilleur endroit. C’est notre seul gagne-pain. Nous n’avons pas d’allocation et nous ne trouvons pas d’autre travail.»