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Reshad Sagir Mungroo: le caddie boy rayonne
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Reshad Sagir Mungroo: le caddie boy rayonne
Il est le responsable du Monoprix de Curepipe, gère 77 personnes et plus de 45 000 produits, sans compter les clients, anciens comme nouveaux, attirés par les promotions. Mais Reshad Sagir Mungroo a su rester simple. «Dans mes rêves les plus fous, jamais je n’aurais pensé qu’un jour, je serai promu responsable du magasin», confie le quadragénaire.
Cette humilité tient sans doute à ses origines modestes. Ce fils d’un chauffeur d’autobus est originaire d’Union-Park, dans le sud du pays. Issu d’une fratrie de six enfants, Reshad Mungroo fréquente l’école primaire de Souillac puis le collège Mauritius, à Curepipe. Passionné par l’économie, il réussit sa Form V mais ne peut faire sa Form VI car il doit impérativement travailler pour augmenter les revenus familiaux.
Un ami lui apprend que le Prisunic, situé dans la ville lumière, recrute. Il s’y présente et le directeur des ressources humaines (DRH) de l’époque répond par l’affirmative. Mais il lui explique qu’il recherche un caddie boy pour le week-end seulement. Comme Reshad Mungroo a besoin de travailler, il accepte. Son rôle consiste à mettre les produits achetés par les clients dans des sacs en plastique et à pousser leurs caddies jusqu’à leurs voitures. Il en profite pour bavarder avec eux. Ce qu’il apprécie alors le plus, c’est l’ambiance familiale qui y règne. En semaine, il est apprenti maçon et prête ses bras là où il y a une demande.
«La réserve est le coeur du magasin car tout entre de ce côté-là et ressort à la caisse. Il faut donc inspirer la confiance.»
Au bout de cinq à six mois, le DRH lui propose un emploi de manutentionnaire à plein-temps dans la réserve. Il saute sur l’occasion. Son rôle est alors de classer les produits, de répondre aux demandes de réassort des vendeuses qui doivent remplir leurs étagères vidées, de nettoyer le store et de participer au décompte des produits qui arrivent avec le responsable du store. Il occupe ce poste pendant 12 ans.
En 1997, il vit un bouleversement lorsque Prisunic entame un plan de restructuration et se voit dans l’obligation de se séparer de quelques-uns de ses employés, dont Patricia, celle qui l’avait formé. «J’étais triste car elle m’avait formé de A à Z. C’était dur de la voir partir», admet Reshad.
À l’issue de cet exercice de restructuration, il est nommé responsable de la réserve. Il doit alors gérer le stock, l’entrée et la sortie des produits, la caisse, faire les inventaires et diriger une équipe de trois personnes.
Après 11 années, il est envoyé à la réception des produits. «À l’époque, le magasin recevait 20 000 produits, incluant les frais, les importations et les produits locaux. La réserve est le coeur du magasin car tout entre de ce côté-là et ressort à la caisse. Il faut donc inspirer la confiance.»
Il réussit si bien à le faire que le directeur financier, Louis Li Fook, le nomme à l’audit interne. Là, il apprend à gérer encore mieux le stock et à traquer les erreurs, les vols.
Au bout de deux ans et demi, Reshad Mungroo est nommé Floor Manager et en sus du contact clientèle, il doit veiller à ce que les étagères ne soient pas vides, que les rotations des produits soient faites à temps, que les prix affichés correspondent à ceux de la caisse. Il dirige une équipe de 15 personnes qu’il forme et motive. Une fois que la mécanique est bien rodée, il est à nouveau envoyé à l’audit interne et cette fois, c’est lui qui est désigné pour siéger tous les quatre mois sur l’Audit Committee d’Harel Mallac, propriétaire de l’enseigne. «C’était une fierté d’assister aux réunions de ce genre avec le management.»
Il est ensuite renvoyé dans le magasin comme Floor Manager mais cette fois, toutes les opérations passent sous lui. Il dirige 35 personnes. Son ancienne équipe étant partie, il doit recommencer à zéro et les former. Bien qu’il travaille comme un forcené, Reshad Mungroo trouve le temps d’épouser Shenaz et d’avoir des jumelles, Sumayyah et Surayyah, 16 ans, et de leur donner un jeune frère, Suffiyan, 13 ans.
«C’était mon plus beau cadeau de fin d’année.»
Son travail impressionne la direction et en juin 2015, on lui propose le poste de Store Manager qui se libère du fait que celle qui occupait le poste part à la retraite. Il accepte la responsabilité et a été confirmé le 31 décembre dernier. «C’était mon plus beau cadeau de fin d’année», avoue-t-il.
Outre la confiance qu’il a su inspirer par rapport à sa gestion, la recette de sa progression repose sur le fait qu’il se rend tous les matins dans le magasin et communique avec les vendeuses, de même qu’avec les managers de proximité, évoquant les chiffres engrangés la veille et les motivant à se dépasser. Sans oublier le tact dont il sait faire preuve envers la clientèle.
Reshad Mungroo ne se voit pas quitter cet univers. «Je sens que je vais terminer ma carrière ici.» A 47 ans, il a encore du chemin à faire. Se voit-il un jour directeur des opérations? «Pas de sitôt. Même si c’est réalisable…»
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