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Investissement direct étranger: La barre de Rs 10 milliards difficilement atteinte en 2015
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Investissement direct étranger: La barre de Rs 10 milliards difficilement atteinte en 2015
C’est presque définitif. L’objectif de Rs 10 milliards d’investissement direct étranger (Foreign Direct Investment – FDI) fixé par l’ex-grand argentier, Vishnu Lutchmeenaraidoo, en 2015, sera loin d’être atteint. Les derniers chiffres rendus publics par la Banque de Maurice confirment un montant de Rs 7,2 milliards réalisés pour les neuf mois de 2015, soit de janvier à septembre. Du coup, les spécialistes sont sceptiques quant à une forte remontée de ce chiffre durant le dernier trimestre de l’année dernière.
«L’avènement d’un nouveau gouvernement en décembre 2014 et l’éclatement de l’affaire BAI en avril de 2015 ont provoqué une attitude d’attentisme chez les investisseurs étrangers. En même temps, l’orientation économique du nouveau gouvernement et sa politique d’investissement n’ont pas été bien expliquées. Cela aurait dû être le cas avant de s’engager financièrement dans de nouveaux projets», explique Azad Jeetun, économiste et ex-directeur de la Mauritius Employers’ Federation. Et d’ajouter que si la Banque de Maurice n’est pas en mesure d’indiquer actuellement le montant total du FDI pour l’ensemble de 2015, il est fort à parier que celui-ci serait dramatiquement inférieur au chiffre projeté.
À ce jour, le montant partiel de Rs 7 milliards enregistré en 2015 représente presque 50% du montant réalisé en 2014 qui s’élevait à Rs 14,1 milliards. Selon certains observateurs, même si le chiffre de 2015 pourrait atteindre Rs 8 à 9 milliards, il sera largement inférieur au montant FDI engrangé annuellement depuis 2010. «Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Hormis en 2015, le montant du FDI a toujours dépassé les Rs 10 milliards (NdlR : voir un des graphiques). D’ailleurs, il y a eu mieux en 2012, quand les investissements directs étrangers ont été supérieurs à Rs 20 milliards», analyse un économiste qui a requis l’anonymat.
On relèvera ainsi qu’en 2010, le montant du FDI était de Rs 13,9 milliards ; Rs 12,9 milliards en 2011; Rs 20,3 milliards en 2012; Rs 13,7 milliards en 2013 et Rs 14,1 milliards en 2014. C’est ce qui fait dire à Azad Jeetun que depuis les cinq dernières années, le chiffre du FDI en 2015 devrait être le plus mauvais…
Comme on peut s’y attendre, la publication de ces chiffres est loin de plaire au gouvernement. Il mise beaucoup sur le FDI pour relancer la machinerie économique et réaliser une croissance supérieure à 4%, voire 5% et ce, à plus brève échéance, comme le Premier ministre l’a rappelé le 20 avril lors de sa rencontre pré-budgétaire avec les opérateurs économiques.
Au Board of Investment, organisme chargé d’attirer les investissements, le directeur Ken Poonoosamy n’a pas voulu s’aventurer pour dire si la barre de Rs 10 milliards d’investissement direct étranger sera atteinte ou pas. «Je ne peux pas dire s’il y a une tendance baissière, en l’absence de toutes les statistiques. J’ai déjà fourni toutes les informations concernant le FDI à la Banque de Maurice qui est en train de compiler les derniers chiffres.»
Peu d’intérêt à la Bourse
Le peu d’intérêt affiché à ce jour par les investisseurs étrangers dans les différents secteurs économiques n’est pas une situation isolée. Il se traduit également au niveau de la Bourse de Port-Louis, où le phénomène de désinvestissement se poursuit. Pour le premier trimestre se terminant au 31 mars 2016, les investisseurs étrangers se sont désengagés du marché boursier pour un montant de Rs 120 millions. «Les investisseurs étrangers réagissent généralement par rapport à certains événements économiques et politiques. La confrontation à distance entre deux ministres liés aux dossiers économiques est loin de les rassurer», souligne le manager de Swan Securities, Neeraj Umanee.
Au-delà d’un exercice de comparaison, c’est surtout la composition du FDI qui intéresse les économistes. Or, comme les années précédentes, le secteur de l’immobilier a attiré le gros des Rs 7,2 milliards, soit près de Rs 6 milliards. En 2014, les activités liées à l’immobilier s’élevaient à Rs 6 milliards. Idem pour 2013, alors qu’en 2012, elles se montaient à Rs 7,5 milliards.
Ainsi, sur les quatre dernières années (2010-2014), ce secteur a engrangé Rs 32 milliards sur un total de Rs 75 milliards du FDI. Les observateurs tirent du coup la sonnette d’alarme, arguant que ce sont des investissements non productifs et insoutenables pour l’équilibre économique du pays, notamment pour assurer les besoins de financement du pays et équilibrer le Budget. «Ce sont des investissements qui ont des effets limités sur la croissance économique et qui ne génèrent généralement pas des emplois. De plus, ils n’agissent pas sur l’appareil productif du pays», fait remarquer Azad Jeetun.
Une telle situation a fait bondir Premier ministre qui s’est également interrogé la semaine dernière sur le caractère non productif des investissements dans l’immobilier. Il faudra attendre le prochain exercice budgétaire pour être fixé sur les mesures que le nouveau grand argentier compte prendre pour stopper la tendance baissière du FDI.
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