«Senior accountant» chez BDO à Paris, Aboo Bakar Toorawah était au sulfureux derby Chelsea-Tottenham (2-2), lundi soir à Stamford Bridge, qui s’est soldé par un match nul synonyme de titre de champion pour Leicester City. Contacté hier, ce supporter de Chelsea a trouvé bizarre de chanter «Leicester champion» à la fin mais salue le courage de Tottenham, qui s’est battu jusqu’à son dernier souffle…

Aboo Bakar Toorawah, vous êtes-vous remis de vos émotions après l’épatant Chelsea-Tottenham de lundi, très chaud et d’extrême intensité ?

– Je suis supporter de Chelsea depuis tout petit, par la force des choses, car

je regardais les matches avec mon père. J’ai pris un congé pour aller voir ce derby à Londres car je savais que ça serait très chaud. Bizarrement, j’ai trouvé une place assez facilement comme les gens sont un peu désintéressés en cette fin de saison. Je n’ai dormi que 3 heures avant de rentrer à Paris et aller au boulot mais ça en valait franchement la peine ! Match très chaud, parfois très brutal, ambiance magnifique. Ce 2-2 a valeur de victoire pour Chelsea.

Comment décririez-vous cette féroce rivalité londonienne entre ces deux clubs ?

– J’ai vraiment ressenti cette haine de Tottenham à Stamford Bridge. Les deux camps ne s’aiment pas et ne mâchent pas leurs mots pour le dire. Les Blues avaient des chants pour dire aux Spurs que Chelsea a gagné la Coupe d’Europe et la Premier League mais pas Tottenham, et des bordées d’insultes ont fusé dans l’autre camp. C’était chaud. Le stade a vibré dès le départ en voyant John Terry aligné sur la feuille de match, tout le stade a grondé de plaisir. Je savais que c’était une légende du club, mais pas à ce point-là…

L’arbitre Mark Clattenburg a souvent semblé dépassé par l’attitude très agressive des Spurs. L’avez-vous ressenti aussi ?

– Oui, mais c’est normal, c’est un derby. Je peux comprendre Tottenham qui voulait vraiment ce titre et qui s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour être champion. Il y a eu de la frustration chez eux qui les a poussés à réagir violemment. À 0-2, j’ai senti une équipe de Tottenham confiante qu’elle irait jusqu’au bout. Un vieux fan de Chelsea qui vient au stade depuis 30 ans m’a alors dit : «Don’t worry son, there’s plenty of time to go.» Je lui ai fait confiance et il avait raison.

Après l’entrée de Hazard en seconde période, Chelsea s’enflamme et égalise. Comment avez-vous vécu cette folle remontée en tribune ?

– L’ambiance était extraordinaire. Des fans m’ont dit qu’ils n’ont plus vu une telle ambiance depuis des années et un certain Chelsea- Liverpool. En février dernier, j’étais parti à Chelsea Manchester Utd où il y avait de l’ambiance, mais pas autant que ce lundi. C’était vraiment un match mémorable. Harry Kane est inarrêtable. Quand il va au but, personne ne peut le stopper, c’était impressionnant de voir ça devant mes yeux. Tottenham est très fort. Mais Hazard aussi a semé la panique chez eux.

Au final, c’est un sacre pour Leicester et non Chelsea…

– C’était bizarre car c’était Chelsea contre Tottenham mais à 2-2 on chantait tous «Leicester champion ! Leicester champion !». C’était magnifique. Comme le chant à l’honneur du manager des Foxes : «There’s only one Ranieri !» Magique. J’en ai encore des frissons. L’euphorie était telle que les fans chantaient même en dehors du stade, dans le métro jusqu’à King’s Cross.

On sent que cette victoire de Leicester va bien au-delà de ce club et fait plaisir à toute l’Angleterre n’est-ce pas ?

– Oui, c’est exact. Ce qu’a fait Leicester est merveilleux. Pour moi, c’est une consécration, ça montre aux grandes équipes que personne n’est à l’abri des petites équipes, qui peuvent bien jouer malgré leurs petits moyens. La Premier League est la seule qui se dispute entre 7 ou 8 prétendants. J’espère que Leicester continuera dans cette voie et qu’on aura d’autres Leicester dans le futur.