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Offshore: l’homme au-delà des chiffres

15 mai 2016, 21:25

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Offshore: l’homme au-delà des chiffres

Le secteur du Global Business, ce n’est pas seulement les traités fiscaux ou les chiffres d’affaires. Les personnes qui évoluent dans le domaine contribuent en grande partie à son développement. Que pensent-elles du traité fiscal avec l’Inde? Nous leur avons donné la parole.

Sanjeev Gopaul, CEO et fondateur de Credentia International Ltd: «L’offshore ne va pas mourir»

Comment le Chief Executive Officer (CEO) et fondateur de Credentia envisage-t-il l’avenir après la signature de la nouvelle version du traité fiscal Inde-Maurice? Pour Sanjeev Gopaul, le Global Business est un secteur rempli d’opportunités, à condition d’avoir une vision sur le long terme et se réinventer. «Les opérateurs sont restés pendant trop longtemps dans une zone de confort», avance-t-il. Et d’ajouter qu’il faut un véritable changement de mentalité afin d’imaginer l’avenir du secteur sous de meilleurs jours.

Bien qu’il dit comprendre les inquiétudes de nombre d’opérateurs, Sanjeev Gopaul soutient qu’il est impératif que les sociétés apprennent à diversifier leur marché tout en réadaptant leur manière d’opérer. «Ce n’est pas la fin du monde avec ce nouveau traité. L’offshore ne va pas mourir», soutient-il.

Au niveau de Credentia, basée à Ébène, le choix a été fait de se tourner vers une clientèle européenne et sud-africaine avec des opérations dans la région océan Indien, tout en travaillant avec des contacts pour créer des sociétés et par la même occasion diversifier son portefeuille d’activités. Quid des jeunes diplômés qui sont nombreux à chercher du travail dans le secteur? Une fois de plus, Sanjeev Gopaul avance qu’il y a toujours de l’avenir dans l’offshore, à condition que les opérateurs voient plus loin que le traité fiscal avec la Grande péninsule.

Sanjeev Gopaul, qui a lancé sa boîte dans le secteur du Global Business il y a près de quatre ans, il est loin de regretter son choix. C’est qu’il a toujours évolué dans le monde des finances et de l’investissement. «Je suis détenteur d’une maîtrise en statistiques et d’un MBA de l’université de Queensland, en Australie», explique le quadragénaire, marié et père de deux enfants.

Après ses études supérieures, il a travaillé pour divers groupes mauriciens comme Rogers et CIEL. Il a également bossé pendant cinq ans pour une entreprise sud-africaine opérant dans le Global Business, occupant des postes dans le segment investissement. Après neuf ans d’expérience, il décide de se mettre à son compte, tablant sur les «nombreuses opportunités» qu’il prospecte avec des contacts.

Si au départ il commence comme une société offshore classique, soit une management company, Sanjeev Gopaul décide de voir plus loin. Capitalisant sur les nombreux contacts qu’il se fait à travers sa management company, il finit par diversifier son portfolio en investissant dans le segment healthcare, à travers la création d’une société qui importe et revend des dispositifs médicaux, ou encore le secteur du tourisme et de l’immobilier.

Plus récemment, Credentia s’est lancée dans la transcréation à travers un joint-venture avec la firme singapourienne IPP World, spécialisée dans le domaine. Il s’agit d’une forme de traduction qui permet de recréer le contenu d’une marque dans plusieurs langues en retranscrivant avec précision les émotions et le message.

Deven Coopoosamy, directeur d’eMudhra et IQE : «Il faut oser…»

Alors que de nombreux professionnels disent n’avoir rien vu venir, tel n’est pas le cas de Deven Coopoosamy, qui occupe le poste de directeur des compagnies eMudhra et IQE depuis septembre 2015. «Il fallait s’y attendre. D’ailleurs, année après année, on entendait dire que le traité allait prendre fin.» Sans compter que «le monde est en train de changer. Il faut oser».

Ainsi, si certains affichent le pessimisme, Deven Coopoosamy est d’avis que ce nouveau défi pourra présenter des opportunités. C’est la raison pour laquelle il a décidé de se diversifier dans le domaine de la transformation numérique. Une décision qu’il ne regrette pas, particulièrement au vu des récents développements.

Deven Coopoosamy compte 20 ans de carrière dans l’offshore. Au début des années 90, il se joint au département d’audit de la compagnie De Chazal Du Mée. En 1995, il intègre la compagnie Multiconsult avant de passer à CIM Global où il sera Head of Business Development. «Et dernièrement, j’ai eu plus de responsabilités à la tête du département Corporate Affairs.»

Kathleen Lai, directrice et COO de CKLB International Management Ltd: «Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on développe un nouveau marché»

Et si on n’a pas de nouveaux clients ? Comment est-ce qu’on va se développer à l’avenir ? Depuis l’annonce de la nouvelle version du traité fiscal avec l’Inde, les questions sans réponse s’accumulent pour Kathleen Lai, directrice et Chief Operating Officer (COO) de CKLB International Management Ltd. «C’est difficile de maintenir une croissance modeste. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on développe un nouveau marché, de nouveaux produits…» souligne-t-elle.

Après ses études en comptabilité en Angleterre, Kathleen Lai envisageait de se joindre à une firme d’audit. Mais quand elle a entendu parler du secteur émergeant qu’était l’offshore vers mi-1990, elle a tenté sa chance. Et elle y est restée. Mais aujourd’hui, c’est la remise en question. Elle s’interroge sur l’avenir de sa compagnie et de l’emploi de la vingtaine de travailleurs.

Prévoyait-elle une telle situation ? «Pas aussi drastiquement, du moins.» Pourtant, son métier, elle le pratique avec passion. «On ne cesse d’apprendre dans ce domaine. Et vu que les choses ne cessaient d’évoluer, je n’ai jamais pensé à bouger.»