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Amoordalingum Pather, nouveau directeur général de la MBC: «Mon rôle c’est de servir le gouvernement actuel»
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Amoordalingum Pather, nouveau directeur général de la MBC: «Mon rôle c’est de servir le gouvernement actuel»
Le ton est donné. Le nouveau directeur général de la MBC, qui sera en poste dès demain, affirme d’ores et déjà qu’il devra «travailler» pour le gouvernement… Pas la peine de brancher le décodeur.
Quelle sera votre priorité ?
Il ne serait pas judicieux de ma part de venir de l’avant avec une stratégie pour sortir la MBC de la situation difficile dans laquelle elle se trouve sans avoir les données exactes en main. Cependant, les défis sont nombreux et j’ai déjà des idées pour créer un nouveau dynamisme. Je pense appliquer les concepts de «prime time», «peak time» et celui de «week-end special» afin que l’on s’adapte à notre audience.
Est-ce qu’un ingénieur de formation peut administrer une station donc l’objectif est de divertir, éduquer et informer ?
Je vous rappelle que je possède également une maîtrise en gestion. J’étais le directeur de la Mauritius Institute of Management. J’ai passé 42 ans à la MBC. J’ai également des diplômes en communication et en télécommunications.
Oui, mais en tant qu’ingénieur, justement, qu’allez-vous apporter sur le plan technique ?
L’audiovisuel ne se résume pas à écouter la radio ou à regarder la télévision. Les mêmes informations sont disponibles sur différentes plateformes, à travers le smartphone ou la tablette. Le «online viewing» a pris de l’ampleur. Le rôle de la MBC ne doit se résumer au «linear broadcasting», l’on doit avoir une télévision interactive. Si la MBC peut faire de la télé, elle peut aussi se lancer dans le «online viewing».
Les Mauriciens délaissent la MBC pour des chaînes satellitaires. Que leur proposerez-vous ?
Je n’ai pas l’intention de critiquer mes anciens collègues. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice. Il faut une programmation qui créera des rendez-vous avec les Mauriciens. Je m’assurerai que chaque composante de la société se retrouve dans cette programmation. Je pense à des plateaux en direct. Des interventions en multiplex, des breakings news, des petits créneaux d’infos. L’on accordera une attention spéciale aux PME, aux artistes et athlètes locaux.
La MBC diffuse 17 chaînes… N’est-il pas temps de revoir le concept ?
Maurice est un pays multiculturel. Je vous cite l’exemple de l’Australie. Il n’y avait que des chaînes anglophones. Ils ont créé des espaces pour les différentes cultures. À Maurice, il y a environ 11 langues et cultures différentes. Il faut des espaces pour qu’elles s’expriment. Mais il ne faut pas juste passer des images pour boucher les trous, il faut s’améliorer
Les directeurs généraux de la MBC ont toujours été des nominés politiques…
Je ne suis pas un nominé politique. Je suis un technocrate. J’ai eu une très longue carrière à la MBC. J’ai aussi passé 7 ans dans le privé. C’est moi qui ai lancé les ondes FM à Maurice…
On ne met pas en doute vos compétences, mais la façon dont le système fonctionne…
J’assume mon poste en tant que technocrate, comme quelqu’un d’apolitique. Mon rôle c’est de servir «the government of the day».
Vous l’avouez donc…
Il y a un protocole qu’il faut suivre.
Mais encore ?
Je pense qu’il y a des choses à faire pour le gouvernement, mais je crois qu’il faudra travailler selon le MBC Act.
Qu’en est-il du temps d’antenne accordé à l’opposition ?
Il faut donner plus d’espace au gouvernement ainsi qu’à l’opposition.
Cela veut-il dire que l’on continuera à voir défiler les ministres lors du JT de 19h30 ?
Ce JT est présenté comme la vitrine de la MBC. Je pense que quand on créera beaucoup de programmes considérés comme des rendezvous quotidiens, il y aura beaucoup d’autres vitrines. Il y a plusieurs chaînes. Il faut savoir les exploiter. Il faut donner l’occasion à tout le monde d’en profiter. La MBC n’est ni à moi ni à vous. Elle appartient à la population. Il faut maintenant une télévision de proximité.
Est-ce que les journalistes de la MBC seront autorisés à poser des questions embarrassantes aux ministres ?
C’est leur devoir. Ils sont des journalistes. Ce sont des spécialistes. Ils doivent savoir comment le faire. Ils sont payés pour cela. Comment vont-ils le faire ? Ils étaient à l’école et à l’université. Ils doivent savoir !
Il y avait quelques-uns qui, apparemment, faisaient la pluie et le beau temps à Moka. Comptez-vous y remédier ?
Je ne souhaite pas faire de commentaire à ce sujet. Je viens d’être nommé. Regardons vers l’avenir. On fera ce qui est mieux.
Vous êtes actuellement assis sur un siège éjectable. En êtes-vous conscient ?
Bien entendu. J’ai travaillé dans cette boîte pendant 42 ans et ce que vous me dites là, je l’ai vécu. Vous avez dit plus tôt que c’est ce gouvernement qui m’a nommé. Oui, je dois travailler pour le gouvernement actuel. J’ai travaillé pour tous les différents gouvernements depuis queje suis à la MBC.
Que voulez-vous dire, précisément ?
Ce n’est pas travailler pour lui, au sens propre. Par exemple, si jamais il a de grands projets et certaines visions, il faut faire le travail. Il faut aussi des espaces pour des débats.
L’éternel débat autour des débats… Comptez-vous en organiser ?
Bien entendu. Nous sommes dans un pays démocratique, mais les débats doivent être constructifs et instructifs pour le pays. Nous ne parlons plus d’information, mais d’infotainment (NdlR, contraction d’information et d’entertainment).
Cela suffira-t-il à vous aider à vous défaire de votre réputation de boîte de propagande ?
La MBC doit faire son travail. Elle doit respecter le MBC Act et faire la part des choses.
Sinon, qu’en est-il des promotions et des recrutements abusifs, des compensations salariales injustifiées que mentionne un rapport sur la MBC ?
Je n’ai pas encore pris connaissance du rapport. On en reparlera. Sinon, chacun a un travail à faire et il faut que chacun y mette du sien. Il faut un environnement sain pour que l’on puisse satisfaire le public.
Les licenciements ne sont donc pas à l’ordre du jour ?
Je n’ai rien dit de tel. Je précise que moi, j’aimerais avoir tout le monde «on board» pour conduire la MBC à bon port. J’ai besoin de tout le monde sans distinction.
Qu’en est-il des protégés ?
Je suis venu pour apporter mon expérience afin de préparer la MBC à un meilleur service.
Et les clans ?
Il n’y a pas qu’à la MBC qu’il y a des clans ! Il faut faire le maximum pour amener tout le monde à travailler ensemble. Si la MBC se transforme, les employés seront eux-mêmes gagnants. Il ne faut pas voir qui va gagner et qui va perdre. C’est une win-win situation
Le Premier ministre a parlé d’une restructuration à la MBC. Par quoi ou qui commencerez-vous ?
Je préfère l’expression «rightsizing». Ce sera un redéploiement pour améliorer les différents départements, afin que l’on produise et diffuse des programmes de qualité.
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