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La semaine vue par Gilbert Ahnee
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La semaine vue par Gilbert Ahnee
Lundi 23 mai 2016
Albion, Albion… c’est pas l’Angleterre? C’est bien là que prit corps la résistance au projet de centrale à charbon… Raffinerie de pétrole ?
L’an prochain
Qui n’a pas été jeune ? Qui n’a pas eu 86 ou 70 ans, encore juvénile, bouillonnant de rage de se sentir lésé, floué, au point de dire n’importe quoi ? Commentant les saillies du chef orange et de son vis-à-vis parlementaire mauve, Jean Claude de L’Estrac déclare, dans l’express de ce lundi : «SAJ et Bérenger donnent des coups d’épée dans l’eau !» Dans la belle eau turquoise de l’archipel des Chagos, il va sans dire.
Tous ceux qui ont vécu ces années-là, années de braise et de défis, se souviennent de la colère ressentie. Et Ram Joganah entraînait une génération à «lévé, krié, rann nou Diego». Quant à ceux qui ont croisé quelques figures chagossiennes, parmi les aînées, celles déportées adultes, comme la mère d’Olivier Bancoult, Lisette Talatte ou Charlésia Alexis, ceux-là ont gardé le souvenir de combattantes dont ils ne se sentent pas autorisés à juger vain le combat. Et pourtant ! Pourtant, entre l’effet médiatique recherché en retenant les services d’Amal Clooney et l’alliance proposée par le Groupement réfugiés Chagos à l’Argentine – ce pays affirmant sa souveraineté sur les îles Malouines, appelées Falklands par Londres, entre ces diverses stratégies, on ne sait plus très bien ce qu’espèrent encore les quelque 3 000 Chagossiens.
Comment la République de Maurice pourrait-elle aider au mieux ces concitoyens pour lesquels, à bien voir, notre citoyenneté n’est pas vraiment la priorité ? Ils défendent le symbole d’une identité autonome. Pas seulement une étendue supplémentaire de ZEE.
Mardi 24 mai
Éducation. La salle de classe sera un lieu vivant, où s’éprouvent des rapports interpersonnels féconds. Un gardien l’a pris à la lettre…
Step by step…
Mapping. Certaines questions sont dérisoires. Les usagers de l’autoroute M 1 se fichent bien de savoir s’ils la doivent à Harold Walter ou à un autre. De même, dans 50 ans, s’il y a bien un transport ferroviaire rapide à Maurice, ceux qui l’emprunteront se moqueront de savoir s’il a d’abord été voulu par Navin Ramgoolam, puis gelé, finalement agréé par Anerood Jugnauth. On est, là, au fond, dans le banal, le sans intérêt. La seule question sans doute pertinente est la suivante : à quel pourcentage du budget global a-t-on réussi à faire descendre la ponction de la corruption ? Malheureusement, on ne peut pas attendre d’être arrivés à 0 % pour engager les grands chantiers publics susceptibles de relancer la croissance.
Un métro/train urbain rapide, propre, confortable, avec des horaires prévisibles est une condition sine qua non de tout espace convivial moderne et durable, de toute destination d’investissement et hub de business crédibles. Il nous en faut un. Mais la ligne Curepipe Port-Louis n’est plus le principal axe de déplacement, du moins ne le sera plus lorsque Omnicane dans la zone aéroportuaire, Médine et Cap Tamarin à l’Ouest, voire Heritage City, au centre auront réagencé les pôles d’activité. Comment pourra-t-on concevoir un réseau modulaire, organisé sans aucun doute autour d’un backbone ferroviaire mais permettant des liaisons avec des autobus, des navettes, peut-être des tramways intra-urbains. Cela doit d’abord être pensé.
Ce qui est rassurant, c’est que le ministre de tutelle est avant tout urbaniste. Un petit plus sur Bacchoo.
Mercredi 25 mai
Ce sont, Maya Madam, des fair comments on matters of public interest. Comment donc lisez-vous Erskine May pour y voir motifs à excuses ?
Born again ?
Est-ce vraiment un cadeau ? Sauf s’il avait un talent reconnu en matière d’ingénierie financière, susceptible de le placer en situation d’homme providentiel, aucun élu ne souhaiterait, dans la conjoncture, hériter du ministère des Finances. Pour Pravind Jugnauth, il ne suffira plus de réchauffer une fois encore sa soupe de Duty Free Island. Et sans doute lui faudra-t-il beaucoup d’audace – et de périlleuses prises de risque – pour faire frapper leurs pupitres aux godillots menés par Mahen Jhugroo. Et, plus difficile encore, ramener le sourire au Mauricien moyen. Alors que le leader orange aurait tant besoin d’une com’ complète, d’un discours, d’une image, même d’une garde-robe davantage en phase avec son époque. Du moins s’il lui arrive de penser que, pour être Premier ministre à son tour, il ne lui suffira vraiment pas de ressembler à papa.
Alors qu’il ne reste plus à SAJ que la revanche de Corneille sur les marquises trop gaillardes – souvenez-vous qu’à mon âge, vous ne vaudrez guère mieux… on m’a vu ce que vous êtes, vous serez ce que je suis, alors que Bérenger et Ramgoolam semblent également démonétisés, alors que Xavier Duval butera finalement sur les limites historiques de son parti, Pravind Jugnauth ramène de la Cour suprême une crédibilité requinquée. Mais cet homme vieilli trop jeune, coupé de sa propre génération par le poids du patronyme collé à sa personne, cet héritier arrivera-t-il à se donner un profil contemporain, avec des valeurs modernes ? Un Justin Trudeau plutôt qu’un George W. Bush.
Jeudi 26 mai
Aux Finances, l’ancien titulaire, celui qui n’aimait pas les chiffres, prévoit la continuité. Or, on avait espéré que la page soit tournée…
Kiss me tender…
1 K ! On attribue à Confucius l’équation selon laquelle «une image vaut mille mots». Mais certaines, à mieux voir, sont encore plus parlantes. Ainsi cette formidable, fabuleuse photo de Yudish Ramkhelawon, en Une de l’express de ce jeudi. On y voit, sous le regard attendri des affectueux rapprochés, la main gauche de Pravind Jugnauth jointe à celle de droite de Roshi Bhadain, en étreinte tentaculaire, le ministre des Services financiers posant un baiser mouillé vers le poignet de son suzerain retrouvé. Enfin posant… disons davantage mordillant, aspirant plutôt, suçant presque…
Il y a des images qui tuent. Ou au moins laissent des traces qui mettent très longtemps à s’effacer.
Souvenirs. 1986. Dinesh Ramjuttun est nommé Chief Whip. Pour favoriser l’apaisement à l’assemblée, il va rendre visite au leader de l’opposition, à son domicile. Louable. Mais l’homme offre aussi un bouquet de fleurs à Bérenger. Aïe ! 1987. Incarnant la renaissance travailliste au sein du Bleu-Blanc-Rouge, Arvin Boolell est député pour la première fois. Il le répète avec insistance : son parti sera la locomotive de la prochaine alliance, cela irritant vivement SAJ. Puis survient ce grain inattendu à un meeting. Le jeune député s’empare d’un parapluie qu’il s’en va tenir au-dessus de son PM. Aïe ! Ramjuttun ne s’est jamais remis de son actualité 86/87. Boolell, lui, a habilement su effacer ce jour de grisaille. Bhadain pourrait-il se lasser de la posture du baisemain ? Cette main redevenue nourricière, aura-t-il désormais vraiment intérêt à la mordre ?
Vendredi 27 mai
Suffit les fils à papa. Reste que, élu 3G de sa lignée, Shakeel M. hérite d’une certaine patine. Cf. sa réaction aux conclusions de l’appel…
Allons au fond des choses (I)
Core issues. Deux éléments d’actualité de cette semaine méritent que nous en appréhendions certains aspects, pas apparents à leur périphérie. Le premier provient d’une profane, sans formation juridique mais placée en situation d’avoir à comprendre le droit et interpréter des Standing Orders. En l’occurrence, la candidate MSM battue au no 14, la Speaker Hanoomanjee. Le deuxième en revanche provient de deux de nos legal brains les plus affûtés, les juges Matadeen et Caunhye, ce qui, d’emblée, rendrait plus plausible le caractère unwarranted d’un éventuel contempt.
Mme Hanoomanjee n’a pas apprécié un éditorial de Touria Prayag dans Weekly. Et elle réclame des excuses pour des propos, certes vifs, mais qui semblent bien être des fair comments on matters of public interest. À moins que l’on doive être en permanence inhibé par une notion de contempt relevant davantage de l’absolutisme que d’une culture démocratique. En un siècle où les médecins et les juristes ne sont plus les seuls à avoir fait des études, il serait temps de redéfinir légalement les paramètres du commentaire autorisé au citoyen. Dont on présume qu’il agit sans malice, présomption le soustrayant en la matière au burden of proof.
Va pour les respects trop religieux qu’on pourrait, en règle générale, réclamer de nous. En l’occurrence pour une Assemblée souvent indigne et sa présidence aux indignations jugées à géométrie variable. Au moins à audiométrie variable. Reste cette régression démocratique qui va de Jeewoolall à Hanoomanjee en passant par Purryag et Peeroo : l’adoubement partisan sans confirmation par le suffrage universel.
Samedi 28 mai
2015. 88 000 clics sur des sites pédophiles. Qui ? Des pères incestueux, des prêtres, des enseignants? Comment mieux protéger nos enfants ?
Allons au fond des choses (II)
Core issues again. «Pour la première fois, la Cour suprême est venue éclairer un certain nombre d’aspects du délit de conflit d’intérêts. Cela servira de guide aux enquêteurs de l’ICAC dans la conduite de toute enquête», déclare l’avocat Rex Stephen, ce samedi, dans la rubrique interview de l’express. Esprit apprécié de l’opposition extra-parlementaire, Lead Counsel de R&A devant le Conseil privé pour la contestation de la déclaration ethnique sur les Nomination Forms des candidats aux législatives, Me Stephen est loin, très loin, d’être un avocat d’establishment. Sa caution ici rassure le commentateur de presse, profane, s’intéressant à ces questions délicates.
Bien que suggérant des points à considérer plus avant, dont le délai raisonnable pour loger une plainte, la responsabilité d’un signataire dans l’exécution d’un acte administratif, les conséquences et effets incriminants de cet acte administratif, la difficulté d’établir le mens rea, l’intention de commettre une infraction criminelle, les juges ne retiennent que les motifs d’appel 2 et 3, soit le sens exact de l’expression «intérêt personnel» et «les erreurs en relation au conflit d’intérêts». C’est là que, pensent certains, l’avis des Law Lords pourrait être requis. C’est une décision qui appartient au DPP et non à l’association socioculturelle Dick, Tom & Harry.
En revanche ! En revanche, quand nos juges les plus subtils sont contraints à deux reprises de se référer au Oxford English Dictionary, on peut craindre que le législateur n’ait pas servi au mieux la clarté des lois. Consensus pour remettre l’ouvrage sur le métier ?
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