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Théâtre de Port-Louis: fauteuils et rideaux vendus aux plus offrants
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Théâtre de Port-Louis: fauteuils et rideaux vendus aux plus offrants
Le théâtre de Port-Louis bradé? Les fauteuils rouges entassés dans un coin, les rideaux, les câbles et les projecteurs ont été vendus à l’encan le vendredi 27 mai. Sous le regard atterré de Tristan Bréville, défenseur du patrimoine.
«À l’heure où j’ouvrais le musée vendredi (NdlR, Musée de la photographie, situé en face du théâtre), j’ai entendu le bugle, lui-même un patrimoine si caractéristique des ventes à l’encan», témoigne Tristan Bréville. Il a traversé la rue pour assister à la vente des projecteurs pour 100 piastres, soit Rs 200.
«Les amplificateurs de lumière qui avaient été commandés lors de la rénovation de 1993-94 à Rs 200 000, partaient pour Rs 400.» Il a vu des rideaux «et autres tentures adjugés pour Rs 50», un lot de 400 fauteuils pour Rs 20 000 et de grands miroirs «partir à Rs 200 la pièce». Cette vente «a eu lieu sous les regards ébahis de Rémy Ollier et Léoville L’Homme», les deux bustes qui se trouvent dans le foyer du théâtre.
Le théâtre de Port-Louis a «perdu son charme» lors de la dernière rénovation
Tristan Bréville tempère : «Les fauteuils ne sont pas d’une grande valeur. Les projecteurs en auraient gagné si on en avait fait don à des gens du théâtre, comme les Komiko.» Selon lui, le théâtre de Port-Louis a «perdu son charme» lors de la dernière rénovation qui s’était achevée en 1994. À l’époque, avance-t-il, du mobilier antique, des appliques en cristaux de baccarat et surtout des fauteuils, «commandés de Paris, qui aujourd’hui auraient été des antiquités, sont partis».
Il explique que «nous sommes attachés à ce théâtre». Le plus vieux de l’hémisphère Sud, le théâtre de Port-Louis est fermé pour rénovation depuis le 1er juillet 2008. Cela fera bientôt huit ans mais les travaux n’ont jamais commencé. La mairie étant empêtrée dans de longues procédures administratives et un manque de fonds à la fois aigu et chronique. Cela malgré une subvention budgétaire de Rs 50 millions accordée en 2008-2009.
Le réel changement n’interviendra que si «les artistes qui veulent faire du théâtre descendent dans la rue. C’est la meilleure façon de faire entendre sa voix».
Paul Olsen, pour sa part, un amoureux du théâtre et un défenseur du patrimoine, déclare que les objets vendus étaient «bons pour la poubelle et [que] de toute façon, il faudra les remplacer». Il allègue que «les fauteuils d’origine, qui étaient en bois et en fonte, ont été volés lors d’une rénovation». Ils ont été remplacés par des modèles en velours rouge, made in Mauritius, «qui n’avaient pas de qualité acoustique».
Pour ce qui est des projecteurs, Paul Olsen fait valoir l’économie d’énergie. «Aujourd’hui, ces accessoires consomment moins et sont en LED.» Les rideaux, «pleins de mites», ont aussi besoin d’être changés. Toutefois, le réel changement n’interviendra que si «les artistes qui veulent faire du théâtre descendent dans la rue. C’est la meilleure façon de faire entendre sa voix».
S’agissant de la rénovation longtemps attendue du théâtre, il estime que cela «coûtera peu à l’État parce que le secteur privé, à Maurice comme à l’étranger, est prêt à aider». Il suffira pour cela d’un geste des autorités pour démarrer le projet et ensuite, «ce sera un jeu d’enfant».
Sollicité quant à l’état d’avancement des procédures administratives en vue de la rénovation, Chris Loïc Dick, adjoint au lord-maire, a dit seulement : «Je n’étais pas au courant de cette vente à l’encan. La mairie attend le rapport du consultant, le cabinet d’architecture Morphos, avant de lancer les appels d’offres.»
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