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Surpêche du thon: le lobby européen fait reculer Maurice
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Surpêche du thon: le lobby européen fait reculer Maurice
La question de surpêche du Yellowfin Tuna (thon jaune) dans l’océan Indien n’est pas près d’être réglée. La réunion annuelle de l’Indian Ocean Tuna Commission (IOTC), qui a eu lieu du 23 au 27 mai au Parc des expositions de La Réunion, n’a pas eu les résultats escomptés pour les opérateurs mauriciens et ceux de la région.
Les propositions (résolutions) faites par Maurice pour régler le problème de surpêche de cette espèce, aussi connue comme l’albacore dans l’océan Indien, n’ont pas été retenues. Pire: Maurice aurait été contraint de retirer ses résolutions à la dernière minute. La raison: le lobby européen, et plus précisément celui de l’Espagne au sein de l’Union européenne (UE), l’aurait remporté lors des négociations. C’est du moins ce que laissent entendre des sources dans le milieu. Cette information est également répercutée dans la presse réunionnaise.
Dans le cadre de cette réunion annuelle, Maurice a émis deux résolutions. La première comprend la réduction des dispositifs de concentration de poisson (DCP) à 250 par bateau, contre 550 actuellement. Ceux-ci sont en fait des installations placées en haute mer pour attirer les poissons. La seconde proposition de Maurice est la réduction des supply vessels, soit des navires de soutien qui sont chargés de suivre les DCP.
Mais qu’est-ce qui explique ce retrait des résolutions de Maurice lors de la dernière séance plénière de l’IOTC vendredi, d’autant plus que le pays a reçu le soutien de la majeure partie des pays membres (36 au total)?
Des sources dans ce secteur nous expliquent qu’en mer, l’on rencontre, outre les bateaux de pêche des différents États de l’océan Indien, des bateaux de pêche de l’Union européenne. Ceux-ci seraient plus nombreux que les premiers nommés. Une baisse du nombre de DCP aurait donc un impact négatif sur leurs prises.
Pressions
Selon un article paru dans Le Quotidien de La Réunion, c’est le lobby espagnol qui a fait pencher la balance lors des rounds de négociations sur le nombre de DCP et sur les supply vessels.
À la clôture de la séance, l’IOTC a accepté de réduire le nombre de DCP de 550 à 425, au lieu des 250 proposés par Maurice. Décision qui, selon plusieurs participants, a été prise sous la pression espagnole au sein de l’UE. Les Espagnols sont de gros utilisateurs de DCP, comme expliqué dans la presse réunionnaise.
David Guyomard, chargé de mission au comité régional des pêches et membre de la délégation européenne à l’IOTC, qualifie cette mesure «d’indolore pour les Espagnols», dans une déclaration accordée à la presse réunionnaise.
Quid des répercussions pour Maurice ? Quel impact cette décision pourrait-elle avoir sur le pays? «Le problème est que la pêche va continuer de la même façon pendant une année de plus et cela risque d’aggraver le problème de diminution de Yellowfin Tuna dans l’océan Indien, où les réserves de poisson sont déjà dans le rouge», note une source qui a requis l’anonymat. Elle ajoute que cela aura un impact certain sur le volume de pêche pour Maurice.
Sollicité pour un commentaire, le chargé de pêche à la commission n’a pu nous répondre, étant en déplacement.
Le secteur du seafood se positionne comme le deuxième pilier du secteur manufacturier d’exportation à Maurice. Le montant total des exportations en 2015 était de Rs 9,5 Mds, selon le rapport annuel de la Mauritius Export Association (MEXA) pour 2015. En 2014, Maurice a pêché 73 826 tonnes de poissons.
La délégation mauricienne lors de la réunion annuelle était composée de deux hauts cadres du gouvernement ainsi que des représentants du secteur privé qui sont également membres de la MEXA.
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