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Vieille ferraille : une première compagnie ferme
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Vieille ferraille : une première compagnie ferme
La vingtaine d’employés de Shiv Mahashaktishali Steels Limited vont perdre leur emploi. Shankar Steels Ltd, une entreprise soeur, productrice de barres de fer, se sent menacée.
Le fer devient un enfer pour certains. La décision du gouvernement prend effet le 30 juin. Les opérateurs de vieille ferraille n’auront plus le droit d’en exporter. Ils seront contraints d’en vendre à Samlo Koyenko Steel Co Ltd, la seule compagnie à avoir une fonderie de vieille ferraille dans le pays.
Du coup, la vingtaine d’employés de Shiv Mahashaktishali Steels Limited se retrouveront bientôt sur le pavé. Avec l’interdiction d’exporter de la vieille ferraille, cette compagnie sise à Pointe aux-Sables est contrainte de fermer boutique, affirme-t-on au niveau de la direction.
«Shiv Mahashaktishali Steels Limited est une compagnie qui traite exclusivement d’exportation de vieille ferraille. Avec cette décision du gouvernement, nous n’aurons plus le choix. La fermeture est évidente», explique-t-elle. La compagnie étant gérée par des expatriés indiens, la direction laisse entendre qu’un retour vers le pays natal est sérieusement envisagé. «Ce qui est triste, c’est que les 20 personnes employées directement par nous perdront leur job. Et plusieurs dizaines d’autres, employées indirectement, souffriront aussi.» Sont concernés des chauffeurs de camion.
La direction évoque des inquiétudes par rapport à une autre compagnie, Shankar Steels Limited, qu’elle gère aussi. «Shankar Steels Limited est le concurrent direct de Samlo Koyenko Steel Co Ltd. Nous produisons les mêmes barres de fer utilisées pour la construction. Cependant, nous devons importer la matière première, alors qu’après que les réglementations entreront en vigueur, Samlo Koyenko Steel Co Ltd achètera la vieille ferraille à Maurice. Elle sera fondue sur place, ce qui est un avantage considérable.»
Et d’ajouter qu’elle se soucie de tout l’investissement effectué dans les deux compagnies, qui se chiffre à Rs 200 millions. «Dans le cas de Shankar Steels Ltd, nous ne souffrirons pas tout de suite, mais c’est sûr que les choses vont se corser dans les mois à venir.»
Les exportateurs saisissent la justice
Huit compagnies de la Scrap Metal Workers’ Association ont logé une demande d’injonction
en Cour suprême le lundi 23 mai. Elles contestent la décision du ministère du Commerce de bannir l’exportation de la vieille ferraille. Les quelque 200 collecteurs et exportateurs devront vendre leur ferraille à Samlo, en attendant que d’autres fonderies ouvrent leurs portes. Cette décision a été prise et entérinée par le ministère le 24 mars 2016 et entrera en vigueur le 30 juin. Dès lors, le pays ne devra plus compter d’exportateurs de vieille ferraille. Selon l’association, ce secteur emploie plus de 3 000 personnes et plus de la moitié d’entre elles pourrait se retrouver à la rue. Elle souligne que Samlo sera en situation de monopole et qu’il se peut qu’il n’y ait pas de garantie sur le prix auquel elle achètera la vieille ferraille.
Shakeel Mohamed : «Le gouvernement veut créer un monopole»
Shakeel Mohamed, avocat qui défend la Scrap Metal Workers’ Association et député travailliste, estime que le gouvernement veut créer un monopole. «L’État ne peut forcer les opérateurs à vendre leur ferraille à une seule compagnie.» Selon lui, la décision de l’État est floue car l’exportation de lingots de ferraille serait permise sous un autre «Harmonized System Code». Il a récemment soulevé cette question à l’Assemblée nationale, mais le ministre du Commerce, Ashit Gungah, a alors déclaré ne pas en être au courant. «Ces exportateurs vont fermer à la fin de juin. Leurs droits constitutionnels sont bafoués. «L’express» a tenté en vain de joindre Ashit Gungah.
Rajiv Gowressoo : «Nous allons créer 500 emplois directs»
Interrogé pour savoir si le groupe Samlo peut exporter de la vieille ferraille, Rajiv Gowressoo (photo), Managing Director du groupe, fait ressortir que conformément aux nouvelles réglementations, sa société ne peut exporter de la vieille ferraille. Selon lui, Samlo en rachète pour la transformer en barres de construction pour le marché local.
En ce qui concerne le prix de rachat qui sera alors en vigueur, Rajiv Gowressoo se veut rassurant envers les vendeurs de vieille ferraille et le public. «Nous garantissons que nous achèterons le ‘scrap metal’ au prix pratiqué sur le marché international. Du coup, cela n’aura aucune incidence sur leur business car ils nous vendront au même prix que celui auquel ils auraient exporté.» Et d’ajouter que les barres de construction fabriquées seront vendues à moins cher en raison des gros volumes rachetés. Autre projet de Samlo : créer 500 emplois directs à partir de juillet 2016, en raison de l’augmentation des activités du groupe.
D’autre part, interrogé sur sa proximité avec le gouvernement et le lancement prochain de son projet d’«ecocity» à Albion (voir page 6), Rajiv Gowressoo soutient qu’il n’a bénéficié d’aucun coup de pouce du gouvernement. «Tout a été fait dans les règles.» Il est depuis peu le président du Centre culturel telugu. Son frère, Mahen Gowressoo, directeur de Samlo, a été ministre de la Culture de 2005 à 2008 et ministre du Commerce de 2008 à 2010 sous le régime travailliste. Aux élections de 2014, il est passé au Mouvement socialiste militant. Il a été fait Grand Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean par le fraîchement élu gouvernement Jugnauth le 12 mars 2015.
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