Selon le National Strategy Paper and Action Plan on Ageing 2016-2020, près de 20% de la population aura plus de 60 ans d’ici 2023. L’économiste Pierre Dinan revient sur les défis auxquels est confrontée la société face à ce phénomène.

Est-ce que notre politique d’encadrement des personnes qui partent à la retraite correspond aux défis, pour l’économie, du vieillissement de la population? Selon le «National Strategy Paper and Action Plan on Ageing 2016-2020», près de 20% de la population aura plus de 60 ans d’ici 2023.

Il y a une marée montante de têtes grises qui arrive. Les autorités doivent en prendre conscience car cela va avoir une incidence sérieuse sur le plan économique. Notamment en termes de pensions de vieillesse, soins dans des hôpitaux, médicaments, garde des personnes âgées… Il faut un train de mesures pour faire face à ce phénomène.

Mais on peut aussi envisager que ces personnes âgées ne seront pas toutes dépendantes. Elles peuvent même être en très bonne santé. Que fait-on d’elles, dans ce cas? Dans les pays développés comme les États- Unis, des personnes âgées en bonne santé retrouvent du travail. Bon, il ne s’agit pas d’aller prendre le travail des jeunes, mais il y a peut-être des tâches dont elles peuvent s’acquitter.

Avec ce phénomène de vieillissement, la pression sur la population active sera grandissante. Cette situation peut-elle constituer un danger pour la survie de notre société?

Cela constitue un défi, pas un danger. Il faudrait éviter de se retrouver dans une situation où la population active dise: «Je suis fatigué de payer des taxes pour payer des pensions aux  personnes âgées.» C’est un problème auquel il faut s’attaquer en amont.

Ne devons-nous pas, dès aujourd’hui, prendre des mesures pour réduire la dépendance de la pension de vieillesse? On ne pourra pas toujours compter sur les Rs 5 000 de l’État. Dans le principe, il faudrait revoir les contributions au National Pension Fund. Prendre une police d’assurance auprès d’une compagnie d’assurances est également une option envisageable.

Ne faudrait-il pas revoir notre politique concernant le mode de départ à la retraite? Il s’agit d’atteindre un équilibre entre une utilisation optimale de l’expérience des personnes âgées et du potentiel des jeunes.

Je suis d’accord pour repousser l’âge du départ à la retraite. Vous avez là une ressource économique, qui est la personne âgée en bonne santé qui a acquis de l’expérience et de la sagesse. Pourquoi l’envoyer à la retraite? D’autant plus qu’en ce faisant, vous vous retrouvez à payer sa pension. Donc, rallonger l’âge du départ à la retraite est tout à fait logique.

Mais se pose alors une problématique: est-ce au détriment des jeunes? En apparence, oui. Car si les personnes âgées sont actives professionnellement plus longtemps, les jeunes auront moins d’opportunités. N’empêche, ce n’est pas en remplaçant des personnes âgées par des jeunes qu’on va résoudre le problème du chômage.

Il faut un développement de l’économie. Où sont les investissements? Où sont les projets? C’est cela qui va résoudre le problème du chômage auquel sont confrontés les jeunes. Ce n’est pas simplement les faire remplacer par les personnes âgées. Il faudrait, à l’école, leur inculquer la culture de l’entrepreneuriat, à avoir un esprit d’innovation…

Pour atténuer l’impact du vieillissement sur le système actuel de la santé, ne faudrait-il pas mettre en place un service dédié exclusivement aux soins gériatriques?

Je n’en sais pas trop. En fait, il faudrait plutôt des homes. Ça, oui! L’idéal pour une personne âgée c’est qu’elle puisse demeurer à son domicile. Mais si cela n’est pas possible, il faudrait qu’il y ait des maisons de retraite qui soient confortables. Certaines personnes âgées peuvent se le permettre, mais ce n’est pas le cas de la grosse majorité. C’est le rôle de l’État, notamment le ministère de la Sécurité sociale, de mettre sur pied ces homes, avec un service gériatrique.