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Nikhil Ramburn, prof de yoga aux États-Unis

6 juin 2016, 20:16

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Nikhil Ramburn, prof de yoga aux États-Unis

 

Le Mauricien Nikhil Ramburn, 28 ans, enseigne le yoga aux enfants et aux adultes aux Etats-Unis. Rencontre.

Le yoga, dépouillé de son emballage religieux, est un outil pratique permettant l’harmonisation entre l’énergie corporelle et celle de la nature et aide à surmonter plus sereinement les défis du quotidien. C’est ce qu’affirme le Mauricien Nikhil Ramburn, 28 ans, qui enseigne le yoga aux enfants et aux adultes au New Hampshire, aux Etats-Unis. 

Ses longs cheveux, enroulés autour de sa tête, sont cachés sous un turban et son visage est recouvert par une moustache et une barbe des plus fournies. Cela fait longtemps qu’il ne les a pas coupés. «Les cheveux sont des capteurs d’énergie et cela peut contribuer à un état méditatif dans le yoga», explique le jeune homme qui s’assoit en tailleur sur le sofa familial.

Cet aîné de trois enfants a été initié au yoga lors d’un camp d’été à l’Indira Gandhi Centre for Indian Culture. Il n’a alors que 11 ans. Le yogi l’a pris en affection, faisait appel à lui pour des démonstrations. Nikhil entrevoit alors le yoga comme une activité lui permettant de faire des exercices physiques.

Il fréquente le Bocage International School et est très porté pour la biologie et les langues. Il fait aussi beaucoup de basket-ball et est capitaine de l’équipe de natation. Deux vilaines blessures au genou, quelques années plus tard, l’obligeront à remiser son désir de continuer à faire du basket-ball. C’est à ce moment-là qu’il débute sa quête spirituelle.

Alors qu’il était toujours au Bocage, il postule pour l’obtention d’une bourse auprès du groupe d’écoles préparatoires pré-universitaires connues comme United World College (UWC). Ce réseau d’écoles fondées après la fin de la Seconde Guerre mondiale a pour slogan «apporter la paix internationale» et met l’accent sur le service communautaire. L’UWC accepte les jeunes du monde entier qui ont des intérêts extra-scolaires au-delà des performances académiques.

Ce réseau a d’ailleurs été l’un des premiers à développer le baccalauréat international. Nikhil décroche une bourse pour deux années pré-universitaires au Mahindra United World College en Inde. Il prend son envol en 2004. Outre le fait que le collège soit dans une région montagneuse et qu’il a la chance de pouvoir découvrir plusieurs villes de la Grande péninsule, il apprécie la grande entraide entre les élèves. Lui qui n’aime pas les mathématiques reçoit de l’aide tandis que lui encadre ses semblables en matière de français. 

Son résultat de baccalauréat international lui permet d’avoir une bourse d’études au Middlebury College dans l’Etat du Vermont, où il fait une licence en arts libéraux avec spécialisation en films et culture médiatique. S’il choisit cette filière, c’est parce qu’il rêve de faire des documentaires sur les animaux. Après quatre ans, Nikhil est embauché par l’université pour produire de petits clips pour le site universitaire, de même que d’autres contenus.

Repensant au yoga, il décide de suivre un cours pour devenir enseignant dans un centre de formation basé à Amherst, dans l’Etat du Massachussetts. Il fait la navette entre le Vermont et cet Etat. Il découvre ce qui lui avait échappé jusque-là dans sa pratique du yoga à Maurice, à savoir que cette discipline, qui remonte à l’époque pré-Védique, permet d’avoir conscience de son corps et d’harmoniser l’énergie interne avec celle de la Nature. Ce qui donne comme résultat une meilleure gestion du stress et la recherche de comportements sains. «Dans cette formation, l’accent a été mis sur la fusion entre l’anatomie occidentale et celle expérientielle. On apprend le yoga à travers l’anatomie, c’est-à-dire à ressentir comment fonctionne chaque organe et où passe le flux d’énergie. Dans tout cela, la respiration est importante car elle nous ramène au moment présent.» 

Ayant réussi cette formation qui lui ouvre les portes de l’enseignement, il décide d’approfondir ses connaissances. Il suit un cours qui permet d’appliquer le yoga à différents publics cibles, comme les enfants et adultes ayant des handicaps physiques et mentaux. En 2011, il se met à enseigner le yoga aux adultes et aux enfants dans un studio de yoga. Ses services sont ensuite requis par la Newport Academy, centre de détoxification et de réhabilitation pour 20 adolescents - dix filles et dix garçons - souffrant d’une addiction ou de maladie mentale.Sa pratique de la yogathérapie s’associe alors à toutes les autres formes de psychothérapie s’ajoutant au sevrage de ces adolescents qui y effectuent de courts séjours. «Je leur ai appris à prendre des postures physiques, à méditer, à respirer pour mieux s’autoréguler et ne pas dépendre des drogues et de l’alcool. Le yoga est somme toute un outil pratique requérant un certain nombre de compétences pour atteindre un certain résultat. C’est l’harmonisation de l’esprit, de la conscience du corps et de la respiration. L’encadrement que je dispensais était adapté à leur traumatisme. Certains ont réussi cette connexion avec leur moi profond et la Nature et d’autres pas car il ne faut pas oublier que l’addiction est une maladie et pas un vice. On ne leur a rien imposé. On leur a appris à se relaxer et à capter le yoga par osmose. Je dois dire qu’il y a eu moins de rechutes au sein des groupes qui ont réussi à capter la yogathérapie. En raison du fait que l’addiction est une maladie, le suivi continuel est impératif après le intensive in-patient programme pour éviter les rechutes.»

Sa pratique lui a permis d’écrire régulièrement, en collaboration avec un professeur à l’université de Harvard Medical School, sur les bienfaits du yoga sur l’addiction ou encore sur la neuroscience. Et ce, pour le compte du Kundalini Research Institute, basé au Nouveau Mexique. Depuis peu, Nikhil Ramburn a rejoint, en tant qu’assistant directeur, une organisation qui propose un programme intitulé Yoga 4 Classrooms. Ce programme consiste à former les instituteurs des écoles primaires à la pratique du yoga pour qu’ils l’appliquent en classe avec leurs élèves. «Ce sont des exercices de yoga et de méditation adaptés aux enfants qui se pratiquent dans la salle de classe. On fait appel à l’imagination des enfants pour leur permettre de visualiser et d’inspirer et d’expirer profondément sans se déplacer de leurs pupitres. Ce qui leur permet d’être plus détendus et de mieux se concentrer. Nous avons démarré une étude pour évaluer l’impact de ce programme qui prend de l’ampleur aux Etats-Unis et une école de Des Moines dans le Midwest qui avait le lowest test scores et le plus de comportements inappropriés où le programme Yoga 4 Classrooms a été appliqué, a inversé ces tendances. De plus en plus d’écoles veulent introduire le yoga dans leur programme éducatif car les dirigeants sont conscients des bienfaits du yoga – réduction de stress, meilleure concentration, lutte contre l’obésité, la violence scolaire etc. Le yoga donne de l’espace aux enfants. C’est une thérapie pour leur bien-être physique et mental.»

Nikhil Ramburn, qui regagne les Etats-Unis en juillet, est disposé à mettre sa pratique au service des enfants et des adultes mauriciens. A ceux qui craignent que le yoga ne soit associé à une religion particulière, il déclare que le yoga est une pratique universelle qui remonte à l’époque pré-Védique et n’appartient à aucune religion.

«A travers des respirations, des sons, des mantras, des positions corporelles, on change la biochimie du corps pour être en état de béatitude et réguler les traumatismes. C’est une technologie laïque permettant de calibrer à nouveau le cerveau, les pensées, le système. Mais il y a une connexion spirituelle importante car les humains sont de nature des êtres spirituels. La spiritualité est différente de la religion car elle ne requiert pas de croyance en une puissance séparée du Soi. Le yoga que je pratique est applicable à M. Tout le Monde.»