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Plein-emploi d’ici deux ans: «Possible, mais…»

10 juin 2016, 21:53

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Plein-emploi d’ici deux ans: «Possible, mais…»

D’ici deux ans, soutient Gérard Sanspeur au média en ligne Afrique Inside, «nous serons confrontés au plein-emploi». Le Chairman du Board of Investment et conseiller spécial auprès du ministère des Finances ajoute que pour cela, il faut que «les opérateurs privés jouent le jeu». Qu’en pensent ces derniers, justement?

C’est dans le domaine du possible, indique Azad Jeetun, économiste indépendant et ex-directeur de la défunte Mauritius Employers’ Federation. Pour ce faire, il faut favoriser un partenariat public-privé avec des objectifs clairs en termes de création d’emplois.

Plus important encore, souligne-t-il, il faut dégager une politique d’emploi cohérente qui tienne en compte les besoins de formation de la main-d’œuvre locale. «Il faut identifier les secteurs susceptibles de porter la croissance tout en générant des emplois sur une grande échelle. Je pense notamment au secteur manufacturier», fait ressortir Azad Jeetun.

Dans la foulée, l’économiste déplore l’absence de synergie entre les différentes institutions gouvernementales pour coordonner la politique de création d’emplois. «Je note que, hormis le ministère du Tourisme et la Mauritius Tourism Promotion Authority où il existe une parfaite synergie et où les objectifs en termes d’arrivées touristiques sont clairement définis, tel n’est pas le cas dans d’autres ministères et institutions publiques où le niveau des services et des performances n’est pas clairement mentionné», dit Azad Jeetun, qui souhaite ainsi un meilleur monitoring entre ces différents agents de services.

«Mismatch» entre les besoins en compétences et l’offre du marché

De son côté, Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association (MEXA), avance que le pays doit opter pour des sociétés à forte intensité de capital, celles qui opèrent avec des équipements modernes et des outils informatiques dernier cri. «C’est ainsi que les jeunes diplômés, qui ne trouvent pas de travail dans les circonstances actuelles, pourront multiplier leurs chances d’embauche. Ces nouvelles sociétés auront besoin de techniciens spécialisés, d’ingénieurs, d’experts dans le domaine de la production, entre autres.»

La directrice de la MEXA cite en exemple un opérateur qui a un projet de fabrication de bouteilles pré-formées dans le port franc. «Il doublera sa capacité d’exportation dans la région grâce à l’apport d’équipements sophistiqués et le concours d’une cinquantaine de techniciens seulement.» D’expliquer que «loin de pousser à la fermeture d’entités existantes, une telle société va contribuer à améliorer le niveau de nos exportations et absorber nos jeunes chômeurs».

Le pari du plein-emploi est certes ambitieux mais réalisable si toutes les conditions sont réunies. C’est ce qu’estime John Chung, économiste et Senior Partner chez KPMG. Mais à ses yeux, le gros défi demeure le «mismatch» entre les besoins en compétences et l’offre du marché. «Aujourd’hui, il existe certaines filières qui sont plus porteuses en termes d’emplois que d’autres. Comme celles employant des comptables, des informaticiens ou encore des ingénieurs. Il faut développer une stratégie de formation et inclure ces nouvelles réalités du marché», insiste-t-il.

N’empêche que le plein-emploi passe par la relance des investissements. Relance qui est, elle, tributaire d’une forte croissance. Et là, c’est une autre paire de manches.