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Ils ont du métier... Chandramohun Calchand, 60 ans : Un jardinier terre à terre
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Ils ont du métier... Chandramohun Calchand, 60 ans : Un jardinier terre à terre
Les bottes, le pantalon «jogging», la chemise sans pli. Mais ce que l’on remarque en premier, c’est le chapeau à paillettes de Chandramohun Calchand, qu’il utilise pour protéger sa «touffe», dit-il. Un couvre-chef qui ressemble à ceux que portaient les stars disco des années 80. Et si, à 60 ans, le jardinier manie toujours la cisaille et la binette, c’est pour ne pas devenir un légume. «Zour mo aret travay, mo pa koné kouma mo pou fer…»
Pourtant, cela fait 45 ans qu’il a rejoint le monde du travail. Il avait 15 ans à l’époque et gagnait entre Re 1,25 et Rs 7,50. Même pas de quoi se payer des graines de pistache aujourd’hui, lance-t-il sur un ton ironique. Mais en ce tempslà, «ti gagn boukou zafer ladan». Alors, une fois que le jeune homme, dans la fleur de l’âge, avait remis la majeure partie de son salaire à ses parents, il lui restait environ 50 sous en poche. «Mo ti pé pey transpor, al sinéma. Ek 25 sou, ti pé kapav get 3 fim ek asté gato tou !»
Quelques années plus tard, il rejoignait un «tablisman». Chandramohun avait alors 24 ans. Il y a pris racine, pendant 14 ans. «Ti pé koup kann, manié bann masinn.» Mais il n’aimait pas que certains lui racontent des salades. Ainsi, un différend avec le patron l’a poussé à changer de cap. Bonne pioche, puisque l’herbe était plus verte ailleurs. Dans les jardins des particuliers, notamment.
C’est là que sa passion pour les plantes a bourgeonné. Cerise sur le gâteau : il avait la main verte. Chandramohun est vite devenu l’as du taillage de haie, le champion de la greffe et l’ennemi juré des mauvaises herbes.
L’habitant de Pointe-aux-Piments – comme quoi il n’y a pas de hasard – rejoignait ensuite une compagnie privée, pour laquelle il travaille toujours. «Patron telman satisfé mo travay ki li pa oulé mo alé.» Désormais, s’il continue à bêcher, qu’il cultive toujours l’amour pour ses fleurs et ses arbres, ce n’est pas seulement pour pouvoir mettre du beurre dans les épinards, son salaire étant de Rs 11 000 actuellement. «Mo kontan séki mo fer. Aster, éna lakaz, zanfan inn gran, mo ti kapav répozé…»
En parlant de ça, comment a-t-il fait pour conquérir sa belle plante ? S’est-il pris un râteau au départ ? Loin de là ! Il lui a conté fleurette et offert des bouquets ainsi que son coeur. De cette union, qui dure depuis 40 ans, sont nés deux fils. Tous deux sont aujourd’hui mariés et travaillent dans le transport en commun et dans l’hôtellerie respectivement. Le landscaping pour l’avenir ? Continuer à travailler, à labourer le terrain avec passion. Malgré l’épine qu’est cette petite douleur aux reins. Qui ne l’empêche pas d’être debout aux aurores, d’être au travail à 7 heures et de continuer à s’occuper de son potager une fois qu’il est à la maison, pendant ses moments de détente.
Ce qu’il souhaite par-dessus tout ? De pouvoir continuer à s’occuper de ses oignons. Et de continuer à récolter les fruits de son labeur.
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