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Best-sellers locaux, ces chiffres impitoyables

13 juin 2016, 14:35

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Best-sellers locaux, ces chiffres impitoyables

Phénomène de librairie : «Au bout de 15 jours de commercialisation, nous faisons un second tirage de Provisional charges: The untold human stories», de notre collègue Touria Prayag. C’est ce qu’indique Rodney Penny, Publishing Coordinator chez Graphic Press. Un succès qu’il met sur le compte d’un «sujet qui intéresse. Cela peut arriver à tout le monde».

Qu’est-ce qu’un best-seller d’auteur mauricien? «Si quelqu’un dépasse 1 000 exemplaires vendus en une année», indique Ahmad Sulliman des Éditions Le Printemps. La plupart du temps, les tirages se situent, selon lui, entre «300 et 500 copies».

Passant en revue ces dernières années, l’éditeur et importateur cite notamment «La république des bâtards» de Bertrand d’Espaignet, «qui est allé au-delà des 3 000 exemplaires». L’auteur les ayant placés à la fois en librairie, en supermarché, et sur son site Internet.

«Certains éditeurs et auteurs profitent de certaines situations. Je n’accuse personne. Je dis seulement que ce n’est pas bon.»

Ahmad Sulliman cite également le créneau des livres politiques. Où brille par exemple, «Behind the purple curtain» de Jayen Cuttaree. «La première édition, 1 000 copies, sortie en décembre 2011, est partie très vite. Nous l’avons réimprimé à environ 1 500 copies en janvier 2012 pour ne pas être en rupture de stock. Mais là, on s’assied dessus», détaille l’éditeur. Il indique également que «tous les livres de Jean Claude de l’Estrac ont dépassé la barre des 1 000, sauf la version anglaise de L’an prochain à Diego Garcia. La version française a atteint les 2 000 exemplaires mais n’a pas été réimprimée».

Quelle est la performance, pour l’heure, de la biographie d’Anand Mulloo, consacrée au Premier ministre en exercice, sir Anerood Jugnauth (SAJ)? Volumineux ouvrage, lancé en mars de cette année, la veille de l’anniversaire de SAJ et vendu à Rs 1 500. Ahmad Sulliman se contente de dire «certains éditeurs et auteurs profitent de certaines situations. Je n’accuse personne. Je dis seulement que ce n’est pas bon».

Àux Éditions Le Printemps, «nous publions surtout à compte d’auteur», précise le responsable. «Il est le mieux placé pour vendre son livre. S’il veut s’appuyer uniquement sur les librairies, c’est lui qui décide. Nous avons beaucoup de mal.» Dans certains cas, Ahmad Sulliman se félicite aussi du poids du public scolaire. Ainsi, sa récente réédition de La diligence s’éloigne à l’aube de Marcelle Lagesse est partie à «2 000 à 3 000 copies parce que c’est au programme d’études». Dans la foulée, l’éditeur confie avoir «acheté les droits» de Le notaire des noirs de Loys Masson, publié en 1961 chez Robert Laffont.

«Même des gens comme Ananda Devi vendent plus à l’étranger qu’à Maurice.»

Pour Rodney Penny de Graphic Press, «si un auteur arrive à vendre 500 copies sur un an, c’est pas mal. Et je suis gentil quand je dis cela. Même des gens comme Ananda Devi vendent plus à l’étranger qu’à Maurice». Responsable d’une plateforme de distribution de livres, il constate que ce n’est qu’un sur dix auteurs «qui arrive à faire du volume». Ce qui, fort heureusement, selon lui, ne décourage pas les Mauriciens d’écrire.

Il ne faut pas uniquement chercher du côté du manque d’intérêt pour la lecture, ce goût qui se perd. Il y va également des choix économiques des libraires. «C’est plus rentable de vendre de la papeterie que des livres», affirme Rodney Penny. D’où la spirale de la section Mauriciana, par essence restreinte, comparée à d’autres rayons, le livre qui se vend restera plus longtemps sur les étagères, celui, qui pendant six mois n’attire pas les lecteurs, disparaîtra.

À son échelle, Ginny Lam de Bookcourt trouve que «plus de 200 copies en un an», c’est déjà «respectable». Chez elle, la récente réédition de Le droit à l’excès, entretiens d’Alain Gordon-Gentil avec sir Gäetan Duval, a atteint ce seuil. Dans ce hit parade, elle cite aussi L’île Maurice en 500 cartes postales anciennes d’André de Kervern et Yvan Martial; L’Age de pierre, album de photos de Jano Couacaud, La clé des saveurs de Jacqueline Dalais ou encore le New comprehensive history of Mauritius de Sydney Selvon. «A bien y réfléchir, les livres proposent des solutions à tous les problèmes, même au deuil. Lire aide à devenir des citoyens meilleurs.»

Les indétrônables

<p>Il date de 1787. Pourtant, les libraires contactés le cite tous en exemple : &laquo;<em>Paul et Virginie</em>&raquo; de Bernardin de Saint Pierre, un classique toujours très demandé.</p>

<p>Ce n&rsquo;est pas de la littérature, mais c&rsquo;est un carton. Il s&rsquo;agit du &laquo;<em>Guide complet du conducteur</em>&raquo; de Barlen Moonsamy. Sorti en 2010, ce produit de <em>Graphic Press</em> est en rupture de stock. <em>&laquo;Nous travaillons sur la cinquième édition actuellement&raquo;, </em>indique Rodney Penny.</p>