Publicité

Constat des ONG: des dealers de drogue dès cinq ans

17 juin 2016, 20:45

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Constat des ONG: des dealers de drogue dès cinq ans

«Je suis très inquiet pour nos enfants.» Cri de coeur de Danny Philippe, coordinateur des activités des organisations non gouvernementales (ONG), Groupe A de Cassis, LEAD et le centre Idrice Goomany, qui se sont associées pour combattre le trafic de drogue. La raison de leur inquiétude: les trafiquants de drogue se servent désormais d’enfants de cinq à treize ans pour écouler leurs produits sur le marché local. Le point a été fait par les trois ONG lors d’une conférence de presse, le jeudi 16 juin.

Selon les dirigeants de ces ONG, les enfants-dealers sont rémunérés pour leurs services. Pis, ils deviennent des consommateurs de drogues dures et douces. «Même des enfants de 13 ans sont en train de consommer du brown sugar», dit Danny Philippe.

Il y aurait une certaine proximité entre ces jeunes dealers, qui sont souvent des enfants de rue, et ceux qui fréquentent des établissements scolaires. Raison pour laquelle les responsables de collèges invitent les ONG à venir animer des causeries sur les méfaits de la drogue synthétique, ont fait ressortir les membres de ces organisations. «Je n’ai pas vu une telle situation depuis au moins 20 ans, souligne Danny Philippe. Il faut à tout prix une politique de prévention nationale pour lutter contre la situation actuelle, qui ressemble à celle qui a prévalu dans les années 80.»

Imran Dhanoo, responsable du centre de désintoxication Idrice Goomany, abonde dans le même sens. Pour lui, avec le nombre croissant de jeunes drogués, c’est le spectre des années 80 qui refait surface. Il souligne également que la situation est d’autant plus grave car le pays doit aussi faire face à une population vieillissante ainsi qu’à un taux de fertilité en baisse.

«Ce qui est choquant c’est que 75% des demandeurs sont âgés de 21 à 30 ans. Les consommateurs de drogue se rajeunissent.»

Cadress Rungen du Groupe A de Cassis fait, lui, ressortir que les responsables de collèges font de plus en plus appel aux programmes de désintoxication pour leurs élèves. «Lorsque des recteurs et rectrices font la demande, je considère que la situation est devenue grave», soutient-il. Les religieux se tournent aussi vers eux pour la réhabilitation de certains dévots.

Entre janvier et mai de cette année, pas moins de 249 demandes de traitement de réhabilitation ont été enregistrées au centre Idrice Goomany, indique Imran Dhanoo. La majorité des patients ont affirmé avoir consommé de la drogue dure.

«Ce qui est choquant c’est que 75% des demandeurs sont âgés de 21 à 30 ans. Les consommateurs de drogue se rajeunissent», avance le responsable du centre Idrice Goomany. D’autant que lorsque quelqu’un entre en désintoxication à cet âge, cela veut dire qu’il consomme de la drogue depuis six ou sept ans. Imran Dhanoo ajoute qu’entre janvier et mai, 70 personnes ont été arrêtées pour trafic de drogue.

«Nous sommes là pour attirer l’attention sur ce fléau qui prend de l’ampleur», conclut Cadress Rungen. Le travailleur social demande aussi aux autorités de mettre sur pied une agence de coordination des activités pour lutter contre le trafic de drogue.

QUID DE L’OMBUDSPERSON FOR CHILDREN ?

<p>Rita Venkatasawmy, <em>Ombudsperson for Children</em>, souligne qu&rsquo;elle est au courant que des enfants sont en train de consommer des drogues synthétiques. &laquo;<em>Je côtoie beaucoup de jeunes et certains me disent que leurs camarades consomment et fabriquent des drogues synthétiques</em>&raquo;, dit-elle.</p>

<p>Cependant, aucune plainte ne lui a été faite directement, car les gens se tournent vers l&rsquo;<em>Ombudsperson for Children </em>surtout pour des cas d&rsquo;abus sexuels. Elle souligne qu&rsquo;en présence d&rsquo;informations précises à ce sujet, il faut s&rsquo;adresser à la police ou encore déposer auprès de la commission d&rsquo;enquête sur la drogue.</p>

30,2 % DES ENFANTS DE RUE CONSOMMENT DE LA DROGUE DURE

<p>Une étude réalisée par l&rsquo;ONG Safire en 2014 révèle que sur 271 enfants de rue interviewés, 30,2% affirment avoir déjà consommé la cigarette ou encore de la drogue dure. Alors que 95,10% d&rsquo;entre eux consommaient du cannabis. En outre, trois enfants se droguaient par voie intraveineuse et 6,40% consommaient un mélange de codéine. Ce qui les a menés à la drogue: les pressions sociales (52,6%), les pressions de la rue (20,1%) et le manque de sommeil (8,1%), entre autres. Selon 74,4% des enfants de rue interviewés, la drogue coûte cher. À Maurice, on a recensé plus de 6 700 enfants de rue en 2012.</p>