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Dans la solitude de l’effort : La sportive, cette proie facile…

18 juin 2016, 11:44

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Dans la solitude de l’effort : La sportive, cette proie facile…

 

Le monde sportif local a été choqué et révolté par l’agression sexuelle dont a été victime une cycliste il y a une dizaine de jours à Plaine Sophie. 

Celle-ci s’entraînait seule quand un motocycliste l’a suivie pour ensuite la violer. Cette terrible histoire est venue rappeler à quel point les cyclistes sont vulnérables quand ils se trouvent sur la route. Ils privilégient les endroits où la circulation est moins dense pour des raisons de sécurité mais voilà qu’ils se trouvent à la merci d’autres dangers. Comme les prédateurs sexuels.

Depuis cette triste affaire, les femmes cyclistes qui ont pour habitude de s’entraîner seules sont terrorisées. Sous le couvert de l’anonymat, une cycliste témoigne : «Je suis une femme et j’aime le sport, je fais du vélo que je pratique depuis quelques années ! Tout d’abord pour mon équilibre, ma santé et aussi pour les sensations que ce sport me procure. Je travaille à mi-temps et je vais souvent, même très souvent faire mon sport toute seule ! J’ai la possibilité de rouler en groupe mais les heures ne coïncident pas souvent. J’enfourche donc ma bicyclette et j’y vais trois fois la semaine. Souvent je dis que je ne suis pas seule à ma famille pour les rassurer, mais ce n’est pas vrai.  Je pars avec une peur au ventre à chaque fois et je me dis, ça va aller. Bien vite le plaisir de rouler, les efforts à faire pour les exercices prennent le dessus.  J’ai même quelques endroits (j’appelle cela des endroits de sécurité) sur mon trajet où je sais que je verrai des planteurs dans leurs champs ou une maison en construction, donc des gens, une présence,  si jamais…», déclare-t-elle.

Mais aujourd’hui, celle-ci est plus terrorisée que jamais. «Aujourd’hui  j’ai peur parce que je suis une femme !  Je me sens de moins en moins  en sécurité. Aujourd’hui à Maurice, les femmes quel que soit leur âge, sont vulnérables quand elles sont hors de chez elles, pas seulement dans le sport, elles sont constamment sifflées,  agressées verbalement,  voire physiquement.  Nous les sportives, nous voudrions être sur notre île en toute liberté !  Nous sommes toutes des femmes en danger, à un moment ou à un autre et nous avons juste eu de la chance jusqu’à maintenant à bien y réfléchir», s’inquiète-t-elle. 

«Quelle sécurité pour une femme à Maurice ?»

Notre interlocutrice s’interroge à juste titre. «Il faut dire STOP pour que cela ne se reproduise plus jamais ! Nous faisons des marches pacifiques, nous nous mobilisons pour que ces violences cessent. Avec quels résultats ? Comment se sentir en sécurité et pratiquer son sport librement à vélo ou en courant ? Comment se sentir en sécurité en tant que femme tout court à Maurice ?»


La question demeure. Que faire pour pratiquer un sport tel que le cyclisme en toute sécurité ?

Pour le président de la Fédération mauricienne de Cyclisme (FMC), Lawrence Wong, il n’y a pas 36 solutions. Il faut s’entraîner autant que possible en groupe. «Je crois qu’il y a un exercice de conscientisation à faire auprès de la communauté cycliste. Il faut qu’ils s’entraînent en groupe autant que possible. Sortir seul équivaut à s’exposer à toutes sortes de dangers. Nous devons nous rendre à l’évidence, sur la route, un cycliste est vulnérable», lance le président de la FMC qui est lui-même cycliste.

«Quand un cycliste sort pour s’entraîner, il doit au préalable prévenir les membres de sa famille, leur communiquant son itinéraire et en précisant à quelle heure il va rentrer. C’est ce que je fais personnellement», dit-il.

Une autre solution qui pourrait permettre aux cyclistes de s’entraîner en sécurité existe selon Lawrence Wong, c’est la construction de pistes cyclables ou d’un vélodrome. «Sur une piste cyclable ou dans un vélodrome, les cyclistes seraient en sécurité. Les cyclistes pourraient s’y regrouper à n’importe quelle heure de la journée et s’entraîner en toute sécurité comme cela se fait à l’étranger», précise-t-il.

Toutefois, jusqu’à présent, la construction d’un vélodrome n’a pas abouti bien que ce soit un projet que la FMC tient à cœur depuis bien des années. Le précédent comité directeur de la fédération avait enclenché les démarches nécessaires, un terrain avait été identifié et une étude de faisabilité avait été effectuée. Le projet ne s’est jamais concrétisé en raison du coût important qui y est lié.

Pour ce qui est des pistes cyclables, l’idée a aussi été lancée mais sans suite malheureusement jusqu’ici. Cependant, il est urgent que les autorités engagent une réflexion et trouvent une solution pour, tout au moins, limiter les risques.

Limiter les risques, certes, mais malheureusement, piste cyclable ou vélodrome ne diminueront en rien la bestialité des gens et la violence qui les habite. Il faudrait une réflexion bien plus profonde pour cerner le mal qui ronge notre société et notre monde dits civilisés. La violence faite aux femmes, celle qui est faite aux enfants et la violence tout court qui déborde de nos télévisions et de nos journaux papiers et en ligne en disent long sur l’état véritable de ce vingt-et-unième siècle. L’enfer n’est pas qu’un lieu dont parlent certains livres sacrés. Il est bien présent sur Terre.

 

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