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Pour Paris, Maurice est le paradis… de la fraude fiscale
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Pour Paris, Maurice est le paradis… de la fraude fiscale
C’est une absence qui a fait jaser. Du mardi 14 juin au jeudi 16 juin, Paris accueillait les «Rencontres internationales des autorités anticorruption». Des magistrats, des enquêteurs et des autorités chargés de la lutte contre la corruption dans une soixantaine de pays se sont retrouvés au siège de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour améliorer leur coopération. Problème: l’absence de représentants mauriciens n’est pas passée inaperçue. Le malaise: une coopération judiciaire entre nos deux pays jugée «lente» et «chaotique» côté français.
L’accusation n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs mois, Paris étrille Port-Louis sur ce dossier. Le parquet financier français, en première ligne, s’est plaint à plusieurs reprises d’une «mauvaise volonté» de l’État mauricien, qui resterait fermé aux demandes d’entraide pénale internationale. Le mois dernier, cette tension a franchi un cap. Chose rare, le procureur en chef de ce parquet a ouvertement désigné Maurice comme étant l’un des rares pays à ne pas coopérer en matière de lutte contre l’évasion fiscale internationale.
«Sur ces dossiers, a déclaré Eliane Houlette devant la commission des finances du Sénat, nous devons recourir à la coopération internationale. L’entraide est inégale. Même avec certains pays à fort secret bancaire, comme le Luxembourg, les Bahamas, la Lettonie ou Saint Vincent-et-les-Grenadines, la coopération est excellente. Mais il en reste avec lesquels elle n’est pas très fructueuse. Je ne sais pas si je peux me permettre de les citer…» a-t-elle hésité avant de se raviser un peu plus tard: «Ces États sont la Russie, le Qatar, l’île Maurice et la Suisse.»
«Nous avons demandé des noms, nous les avons obtenus», s’est félicité un sénateur avant d’adresser cette menace à peine voilée: «Si nous n’aidons pas ces pays à faire preuve de bonne volonté pour qu’ils transmettent leurs données, nous allons devoir attendre longtemps, très longtemps!» Applaudissements nourris au sein de la Haute assemblée… et mini-clash diplomatiques à l’extérieur, à moins d’un mois du sommet parisien.
Taire les critiques ?
Sollicité par l’express pour répondre à ces critiques, l’Attorney General, Ravi Yerrigadoo, n’a pas souhaité s’exprimer. Contrairement au ministre des Services financiers, lequel se targue d’en avoir fini avec les mauvaises pratiques. «J’ignore si la justice française se réfère à des cas récents mais ce qui avait peut-être cours jusqu’en 2014 est révolu. Mon ministère met tout en œuvre pour faire de Maurice une plate-forme financière propre et transparente», assure Roshi Bhadain. Et de citer en exemple la signature, il y a un an, d’un «texte très important» de l’OCDE, au nom barbare de «Convention sur l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale».
En clair, «Maurice s’est engagée à une coopération fiscale accrue», résume le ministre. «Les échanges de données d’un pays à l’autre seront plus rapides, plus efficaces et bientôt automatisés. De quoi accélérer les procédures et dissuader les fraudeurs.» Et faire taire les critiques françaises?
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