Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Ce proverbe prend tout son sens dans le village du Bouchon, depuis que le MV Benita a été drossé sur ses récifs. En effet, depuis vendredi dernier, c’est un va-et-vient incessant pour voir de près ce navire, occasionnant même des embouteillages monstres. Si les riverains se plaignent de la situation, d’autres comme les marchands y trouvent leur compte.

La grisaille et le temps venteux n’auront pas eu raison de leur curiosité. En pleine semaine, ils continuent d’affluer: c’est tout un foisonnement de badauds sur la plage du Bouchon. Il y a ceux venus y passer la journée et ceux venus «juste jeter un coup d’œil, histoire de voir de près ce qu’est un échouage».

D’autres posent pour des selfies ou des photos souvenirs. Certains, munis de jumelles et d’équipements de plongée, ont des airs de connaisseurs. Ce qui frappe le plus ce sont cependant tous ces marchands qui font carrément penser qu’un fancy fair ou une fête se tient sur le site.

«Normalement nous sommes là en week-end. Mais il y a ici plus de monde et notre vente aujourd’hui s’est améliorée comparé aux dimanches !», fait remarquer Sharmeen Bucktawoo avec une satisfaction non dissimulée. Cette marchande de gato coco et autres confiseries locales était, chose inhabituelle, sur la plage du Bouchon en pleine semaine.

Cependant, cette interlocutrice est catégorique : le nombre de visiteurs a triplé voire plus depuis ce jour où le MV Benita s’est échoué. Et il en va de même pour ses ventes. «On est là depuis samedi et tous les jours on arrive à vendre toute notre production vers 18 heures», confie-t-elle

Rakib Furreea, marchand de merveilles, est aux anges. Les affaires vont bien pour lui aussi : «Merveilles super!» répond-il dans un sourire à propos de ses ventes. Il a délaissé la plage de Blue-Bay pour venir opérer ici. «Depuis que ce bateau est là, je fais des ventes tous les jours», ajoute-t-il.

Le bruit que fait le marchand de sorbet retentit au quotidien depuis vendredi. Contrairement à ses habitudes, Ally Soobratty Ramjaun, qui ne passe par cette plage que rarement, y fait escale depuis vendredi. «Là, on arrive à s’en sortir, normalement il n’y a presque pas de monde qui vient ici», dit-il.

Le constat est unanime : une telle ambiance au Bouchon c’est du jamais vu. «On croirait presque que c’est un pèlerinage! Même avec nos plus grandes activités, comme les 40-heures, il n’y a jamais eu autant de monde et de circulation dans le village. Certaines personnes ont découvert que Le Bouchon existe dans le sillage de cet accident», dit Joyce Lingadoo, une habitante.

C’est la curiosité mauricienne qui a créé cette fièvre dans ce village paisible. On se déplace de tous les coins du pays pour venir voir de près le bateau. Certains, tel cet homme rencontré au volant de sa voiture, viennent de loin.

«J’ai fait le déplacement depuis Flacq. Je n’ai pu venir le week-end dernier car il y avait de gros embouteillages ici. Je suis venu en famille et c’est impressionnant ce bateau sur les récifs», dit-il. Une partie de sa famille n’ayant pu l’accompagner en semaine, il compte bien y revenir ce week-end.