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Braqueurs: un polar rugueux, viscéral et violent

24 juin 2016, 14:00

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Braqueurs: un polar rugueux, viscéral et violent

Sous ses dehors tranquilles, Yanis Zeri dirige une petite bande spécialisée dans le braquage de fourgons blindés. C’est une activité florissante qu’il pratique en dilettante, l’argent qu’il y gagne étant utilisé pour aider des amis ou sa soeur Nora qui tient un salon de coiffure. La bande est composée de Nasser, en qui il a toute confiance,  Frank, ami de Nora, et son petit frère Amine. Ayant besoin d’un artificier, ils accueillent un nouveau membre, Éric, avec qui Nasser a sympathisé en prison. Rapidement, ils réalisent leur premier braquage à cinq…

La note : 10/10

Les films d’action sont légion, idem pour les films de gangsters. Comment donc faire pour sortir du lot, pour marquer les esprits? La méthode choisie par Julien Leclerq, réalisateur de Braqueurs: un retour aux bases, avec des gangsters à l’ancienne, obéissant à un code et fonctionnant en meute.

Face à leur mécanique huilée, une bande de dealers qui ne respecte rien ni personne. Mais plus qu’une simple opposition de style entre criminels, ce film s’avère être une vraie incursion du côté obscur, où tout est gris et l’innocence n’existe plus. Sans doute un des meilleurs polars français de ces dernières années. La réalisation du film est simple mais ô combien efficace. Caméra à l’épaule, le cinéaste nous garde toujours au plus près des personnages.

La grosse majorité des plans sont serrés, l’attention focalisée en permanence sur les personnages du film, constamment en proie à leurs émotions. En quelques scènes, en quelques secondes, Julien Leclerq esquisse les traits les plus importants de chacun de ses personnages: le chef de meute, consciencieux et paranoïaque, son bras droit, affable et efficace, le petit nouveau, sérieux mais nerveux.

En quelques notes, l’essentiel est là. Le reste sera défini au coeur de l’action. Pas de fioritures, pas de dialogues inutiles. D’ailleurs, nombre des scènes du film sont dénuées de tout dialogue, comme pour ne pas s’encombrer de choses milles fois vues.

Les scènes d’action du film sont, elles aussi, particulièrement efficaces et bien orchestrées. Les braquages, menés à 100 km/h, sont vécus de l’intérieur, avec des collisions où le spectateur ressent presque le choc sur ses os. Certaines de ces scènes sont mêmes tronquées, le réalisateur se concentrant sur l’essentiel pour ne pas répéter ce que le spectateur a déjà vu il y a quelques minutes. Cela donne au film une énergie, une frénésie qui monte crescendo au fil des minutes pour culminer sur un dernier braquage de fourgon haletant et dramatique.

Mais tout cela n’aurait mené à rien sans des acteurs à la hauteur, et Sami Bouajila donne ici un vrai cours de maître. Tout en maîtrise et en intensité, son charisme crève l’écran. En chef de meute, il impressionne, effraie et émeut tour à tour. Ce n’est pas un gentil mais il joue ce gangster à l’ancienne avec une telle justesse, une telle honnêteté, qu’on aurait presque envie de comprendre ses crimes.

Face à lui, Guillaume Gouix est tout aussi efficace, apportant énormément d’émotion à son personnage et, par là même, au film. À eux deux, ils élèvent Braqueurs du rang de simple série B à celui d’un excellent film de genre. À voir impérativement.

Fiche technique

Genre : Policier, action

Durée : 1 h 25

De : Julien Leclerq

Avec : Sami Bouajila, Guillaume Gouix, Youssef Hajdi, Redouane Behache, Kaaris, Nora Zeri, David Saracino, Alice de Lencquesaing

Salles : Star Bagatelle, La Croisette, Caudan