C’est la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogue ce dimanche 26 juin. Samedi, le centre Chrysalide, dirigé depuis 12 ans par l’ancienne religieuse Marlène Ladine, a organisé une Journée portes ouvertes pour mieux faire connaître ce centre. C’est une femme qui vit à 100 à l’heure.

Pourquoi une Journée portes ouvertes ?

Nous l’avons faite parce que les vraies questions par rapport à la drogue ne sont pas posées. Il nous faut une plateforme de coordination avec des travailleurs sociaux, psychologues, psychiatres, représentants des ministères de la Santé, l’Égalité du genre, l’Éducation, la Sécurité sociale et la Jeunesse. Il est impératif d’avoir cette plateforme car autrement, chacun travaille dans son coin. La problématique de la toxicomanie doit être traitée à plusieurs et sur différents fronts, car aujourd’hui, il y a une diversité d’offres de produits illicites. Ce qu’il faut, c’est conscientiser les personnes par rapport à leur liberté de choisir de ne pas en consommer. Il faut qu’ils comprennent que ce n’est pas parce qu’il y a plus de produits illicites qu’il faut en consommer. Il nous faut cette plateforme de coordination au plus vite.

Que faites-vous durant le week-end ?

J’habite à Flic-en-Flac et je profite de la mer. Je suis inscrite à un club de randonnées et je participe aux trails. Je fais aussi de l’ascension de montagne. Je rends visite à ma famille qui vit à Flacq. J’ai grandi à l’ancienne sucrerie de Constance et cela m’a été d’une grande richesse car j’y ai côtoyé différentes cultures. Lorsque nous nous retrouvons, c’est toujours très intense. Tout ce que j’ai reçu par rapport à l’humain, l’écoute et la compréhension vient de là-bas. Ma famille et moi, nous nous retrouvons régulièrement pour des soirées et ce sont toujours des moments merveilleux.

Cuisinez-vous ?

Oui, j’adore ça. Je mets mon talent culinaire au service des résidentes de Chrysalide en leur donnant des idées. Et lorsque je m’y mets, je préfère cuisiner européen et mauricien. J’adore faire des desserts, comme la papaye cristallisée, les choux à la crème, etc.

Un pêché mignon ?

Je suis très friande de fromage et de chocolat.

D’autres activités extraprofessionnelles?

Je fais partie d’un groupe spirituel car je suis profondément croyante. La spiritualité est ma force. Nous nous rencontrons une fois le mois pour cheminer ensemble. J’estime qu’en tout être humain, il y a une dimension spirituelle profonde. Plus j’avance dans mon engagement auprès de Chrysalide, plus je sens que j’ai pris la bonne décision en quittant le couvent après 25 ans de vie religieuse. Je me sens plus utile aux autres. Je croise de temps à autre les soeurs de la congrégation avec qui j’ai cheminé et je sais qu’elles comprennent mieux mon choix aujourd’hui.

Quels livres lisez-vous ?

Le dernier lu est Jésus. C’est un livre où l’humanité du Christ est mise en exergue, car il encourage ceux qu’il rencontre à faire le bien. J’essaie de l’appliquer à Chrysalide. Je lis le soir ou dans la salle d’attente lorsque j’accompagne une résidente chez le médecin. Je lis aussi les journaux pour m’informer et je me documente sur tout ce qui se fait ailleurs pour lutter contre la toxicomanie.

Écoutez-vous la radio ?

Oui, les informations, les émissions de variété.

Et la télévision ?

Oui, des documentaires sur les chaînes françaises ayant trait aux différentes cultures. J’ai récemment vu un documentaire sur les enfants de Papouasie-Nouvelle-Guinée montrant comment ils doivent traverser la jungle et des fleuves en petites embarcations pour gagner un autre village où ils sont scolarisés. Tout l’argent que gagnent leurs parents est investi dans leur éducation. Cela montre à quel point ils sont prêts à faire des efforts pour accéder à l’éducation.

Ce qui est tout le contraire des usagers de drogue injectable qui cherchent un plaisir sans efforts. Je regarde aussi des émissions sportives, comme les matchs de l’Euro 2016 dont j’aime écouter les commentateurs français. Ils font preuve de tellement de parti pris parfois. J’aime aussi les émissions culinaires et les jeux télévisés. Même si je ne suis pas parieuse, j’aime les défis qui poussent les gens à se dépasser.

Quelle musique écoutez-vous ?

En ce moment, j’écoute Tal, dont les textes sont simples et parlent du quotidien. Avant, c’était Garou dont j’aime la voix. J’écoute plus souvent les chansons françaises.

Votre idée du bonheur ?

Les gens passent leur vie à chercher le bonheur ailleurs alors qu’il se trouve en eux. Nous sommes responsables de notre propre bonheur car tout dépend de la façon dont nous réagissons face à un événement. On peut soit être mal ou s’auto-booster. Un bonheur profond n’est pas éphémère. Par exemple, lorsque je reviens d’une réunion de famille, ce bonheur intense ressenti sur le moment va m’habiter pendant plusieurs jours et je vais continuer à vivre avec et au besoin, m’en souvenir encore.

Qu’auriez-vous souhaité réaliser avant de quitter ce monde ?

Vivre le présent pleinement. J’ai eu et j’ai encore une vie bien remplie. J’ignore de quoi mes lendemains seront faits. Je suis prête à partir n’importe quand. Mais tant que je vivrai, je veux profiter de l’instant présent à fond.