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Insécurité routière: le gouvernement s’attaque à l’état de santé des conducteurs
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Insécurité routière: le gouvernement s’attaque à l’état de santé des conducteurs
Dans la jungle de la circulation routière, on peut faire toutes sortes de mauvaises rencontres: des jeunes gens diabétiques en crise d’hypoglycémie, des retraités myopes comme des taupes, comme des quadragénaires épuisés souffrant de graves troubles du sommeil. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune réglementation sérieuse n’empêche les personnes atteintes de pathologies incompatibles avec la conduite d’utiliser leur véhicule. Le sujet, longtemps ignoré, figure depuis vendredi dernier à l’agenda des autorités. Selon nos informations, le Conseil national de la sécurité routière a donné son feu vert pour s’attaquer à l’état de santé des conducteurs.
«Il s’agit d’instaurer une évaluation médicale d’aptitude à la conduite», confirme Daniel Raymond, conseiller du gouvernement à la sécurité routière. Parmi les mesures phares: une visite médicale obligatoire, chaque cinq ans, pour les chauffeurs professionnels. Concrètement, il s’agira d’évaluer «l’aptitude physique ainsi que les facultés cognitives et sensorielles pour la conduite». Sont concernés ici les conducteurs de poids lourds, de bus, de taxi, de van, les chauffeurs privés, les ambulanciers ou encore les livreurs. «La réflexion se poursuit sur les autres catégories de conducteurs», précise Daniel Raymond, sans en dire davantage.
«Dix-sept heures d’absence de sommeil équivalent à 0,5 gramme d’alcool dans le sang»
Selon un membre du conseil, est à l’étude «un suivi médical comparable à celui en vigueur dans nombre de pays développés». Une visite précéderait le passage du permis de conduire, elle serait renouvelée tous les dix ans, puis plus fréquemment au-delà d’un certain âge. «La généralisation des visites permettrait aux médecins de dispenser des conseils d’hygiène de la conduite», estime Daniel Raymond. De faire savoir, par exemple, que «dix-sept heures d’absence de sommeil équivalent à 0,5 gramme d’alcool dans le sang» en termes d’incapacité à conduire.
Si le principe d’un contrôle des chauffeurs professionnels paraît acquis, reste à mettre en place un dispositif capable d’organiser des dizaines de milliers de visites médicales. Et à cadrer le rôle du médecin: peut-il, de lui-même, interdire la conduite ? Que resterait-il du secret médical si le diagnostic était transmis à la sécurité routière ? Et quid du certificat de complaisance établi par le médecin de famille ?
Une source proche du dossier explique : «L’idée est de créer, dans chaque district, une commission médicale d’aptitude à la conduite. Chaque commission sera composée de deux médecins, un généraliste et un spécialiste, qui seront les seuls à pouvoir réaliser l’examen et à délivrer les certificats d’aptitude.»
Quant à la question du secret médical, elle pourrait être réglée par «la transmission, non pas du dossier médical du conducteur, mais d’un avis favorable ou défavorable à la conduite. Seule la commission établira l’inaptitude totale, synonyme de retrait du permis». La compatibilité entre confidentialité et nécessité de santé publique serait ainsi assurée. «En cas d’inaptitude partielle, ajoute notre interlocuteur, le permis de conduire pourrait être soumis à des restrictions», par exemple, limité à la conduite de jour pour les personnes souffrant de troubles de la vision nocturne.
«Cela demande encore des discussions avant la rédaction d’un projet de loi», tempère Daniel Raymond, qui tient à préciser : «Le but n’est pas d’imposer une pression supplémentaire sur les conducteurs, mais de les alerter sur les risques que posent certaines pathologies et la prise de certains médicaments.» Des études épidémiologiques seront menées en ce sens pour évaluer le nombre de conducteurs à risques. De plus, une nouvelle signalétique pourrait bientôt apparaître sur les boîtes de médicaments. Objectif: alerter les automobilistes du degré de dangerosité des produits.
Prochaine étape ? Affiner ce volant de mesures avec le Dr Charles Mercier-Guyon. Ce médecin français spécialisé dans la sécurité routière est attendu à Maurice dans deux mois. Il ne sera pas en terre inconnue : le Prime Minister’s Office avait déjà fait appel à lui pour mettre en place les procédures de dépistage de drogue au volant.
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