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Bruno Viret, concepteur français de bijoux: «Les bijoutiers devraient davantage s’informer des tendances à l’étranger»
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Bruno Viret, concepteur français de bijoux: «Les bijoutiers devraient davantage s’informer des tendances à l’étranger»
Bruno Viret, concepteur français de bijoux, a été sollicité par Enterprise Mauritius pour aider les fabricants locaux à créer des collections. Ce, dans le cadre du salon de la bijouterie Bijorcha, qui se tiendra à Paris en septembre.
Parlez-nous de votre implication dans ce projet.
Enterprise Mauritius a lancé un appel d’offres pour créer sa section design à l’île Maurice. J’ai envoyé mon dossier car je forme aussi des jeunes dans les écoles de design en France. Cela m’intéressait de voir ce que font les Mauriciens au niveau de la joaillerie.
Je savais qu’il y avait de bons artisans. J’ai l’habitude d’aller en Asie, en Thaïlande et en Chine, je voulais voir le niveau à Maurice. Je suis là depuis un mois, ce qui est très court pour une pareille mission. J’ai eu l’occasion de rencontrer 15 à 16 bijoutiers. On a par la suite fait une sélection et finalement, il en reste à peu près une dizaine qui seraient susceptibles d’exporter des bijoux en Europe.
Quel constat faites-vous au niveau de la qualité, des techniques, voire de la capacité des entreprises locales?
J’ai reçu un accueil fabuleux de la part de toutes les entreprises. Je me suis rendu compte que les Mauriciens ont énormément de capacité, ils sont très fins de leurs mains, ils sont tout à fait capables de faire des travaux minutieux avec de belles finitions. Ce qui est très encourageant.
En termes de techniques, ce sont tous de très bons artisans. Ils connaissent bien leur métier, qui leur a bien souvent été transmis par les parents et grands-parents. Ils ont une énorme envie de s’améliorer.
Avez-vous décelé des lacunes?
De petites lacunes parce que vous avez votre culture à Maurice. La culture en Europe est totalement différente. Donc le réflexe de tous les artisans qui vivent à l’île Maurice, c’est de faire dans le style local. Il y a beaucoup de mixité dans le style, avec un mélange indien, avec une pointe d’Afrique.
J’ai apporté mes cahiers de tendances parce que des études ont été faites en Europe et aux États-Unis, un peu comme dans le textile. Les créateurs décident des couleurs et de la coupe un an à l’avance. C’est pareil pour la bijouterie. J’ai donc montré aux bijoutiers d’ici les cahiers de tendances, nous avons discuté. Ils ont choisi eux-mêmes leurs tendances et on a décidé de faire ensemble des modèles de style européen.
Qu’en est-il de leur capacité d’exportation?
Ils doivent faire attention vers où et à qui ils vont exporter. S’ils veulent exporter pour les grandes entreprises américaines ou françaises, c’est impossible, car ils n’ont ni la capacité ni les machines pour pouvoir produire de telles quantités. S’ils font du bas de gamme pour la France ou les États-Unis, c’est pareil car cela représente des quantités énormes. Les Mauriciens ont de bonnes mains, ils font de la bonne qualité. Ils peuvent produire une certaine quantité de pièces. On peut aller vers la joaillerie moyenne qui se vend en Europe ou aux États-Unis, mais avec des designs intéressants et de la qualité. C’est tout à fait ce qui leur faut.
Y a-t-il de nouveaux créneaux ou marchés que les bijoutiers mauriciens pourraient exploiter?
Je pense qu’il y a des marchés niches, comme dans la bijouterie argent. Ils pourraient faire de la bijouterie argent moyenne gamme, de bonne qualité avec des designs nouveaux et très purs. Il y a aussi une autre carte à jouer en Europe. Maintenant, on est de plus en plus écolo. Les femmes aiment davantage les pierres naturelles. Comme vous êtes proches de Madagascar et de l’Afrique, vous avez quand même une facilité d’achat de pierres, de monter des pierres naturelles sur des montures en argent pour pouvoir faire des modèles volumineux. Ce qu’il faut, c’est qu’ils ouvrent davantage leur regard sur le monde, qu’ils voient ce qui se fait en Europe et aux États-Unis.
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