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Emploi Le chômage ne chôme pas
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Emploi Le chômage ne chôme pas
De quoi faire la grimace. Le pays comptait, au premier trimestre de cette année, 43 500 chômeurs, selon le Bureau central des statistiques. Dans le rapport rendu public lundi, l’on apprend que 18 700 d’entre eux ont moins de 25 ans tandis que 4 700 chefs de famille sont sans emploi. Salve de questions : ces chiffres sont-ils exacts ? Pourquoi le taux de chômage est-il aussi élevé chez les jeunes ? Les Mauriciens qui n’ont pas de job bénéficient-ils d’une allocation comme c’est le cas à l’étranger ? Voyons voir.
Un chiffre contesté
Le secteur privé tout comme le ministère du Travail, des relations industrielles, de l’emploi et de la formation ne sont pas d’accord avec les chiffres avancés par Statistics Mauritius. Le ministère conteste la méthodologie utilisée pour estimer le taux de chômage à Maurice. «Il y a beaucoup de jeunes qui ont un déjà emploi qui ne les satisfait pas. Alors ils en cherchent un autre. C’est pour cette raison qu’ils disent être au chômage», déclare un cadre du secteur privé. Il estime que le nombre «réel» de chômeurs est de 23 000 environ.
Manque à gagner pour le chômeur Combien d’argent une personne sans emploi perd-elle alors qu’elle est au chômage ? Difficile d’avancer un chiffre dans ce cas précis. L’on ne peut que faire une estimation. Ainsi, pour une personne qui devait toucher un salaire de Rs 20 000, pour 26 jours de travail par mois, le manque à gagner serait de Rs 769 quotidiennement. Pour trois mois, la personne aurait dû toucher Rs 59 982. D’ailleurs, il faut tenir en compte le fait que le chômeur qui tarde à prendre un emploi se pénalise également au niveau du plan de pension, puisqu’il ne contribue pas au fonds y relatif. Ce qui aura des répercussions sur sa retraite, souligne notre interlocuteur issu du secteur privé.
Allocations
Que ce soit clair : le ministère de la Sécurité sociale n’octroie aucune allocation-chômage à proprement dit. En revanche, il propose un Employment Hardship Relief aux personnes enregistrées auprès du Bureau du travail. Celles qui ont un «dependent» reçoivent alors une allocation de Rs 1 500 mensuellement. Par ailleurs, depuis 2008, le ministère du Travail offre une allocation appelée le Transition Unemployement Benefit, pendant une année, aux personnes ayant perdu leur emploi et qui sont sous le workfare programme. Pendant le premier trimestre, elles touchent ainsi 90 % du salaire qu’elles percevaient, puis 60 % après 3 mois, et 30 % au dernier trimestre. Le minimum en ce qui concerne cette allocation étant de Rs 3 000.
Pourquoi les jeunes sont-ils si touchés ?
Pradeep Dursun, le Chief Operating officer de Business Mauritius, explique qu’il y a plusieurs facteurs qui expliquent le «désamour» entre l’emploi et les jeunes. «Il y a le mismatch. Les emplois disponibles ne cadrent pas avec la compétence et la formation des jeunes», dit-il. De plus, beaucoup «n’ont pas la culture du travail». C’est-à-dire ? Selon Pradeep Dursun, les jeunes ne peuvent pas travailler en équipe, ne veulent pas travailler pendant de longues heures, jusqu’à fort tard, ne veulent pas travailler dans les usines, entre autres. Il y a aussi ceux qui n’ont pas d’expérience mais qui s’attendent à être mieux payés que les patrons tout en refusant de grimper la première marche de l’échelle…
Il cite l’exemple, à ne pas suivre selon lui, de quelques jeunes diplômés qui, lors d’entretiens, déclarent qu’ils s’attendent à percevoir un salaire de Rs 40 000 et à avoir une voiture pour commencer. «Ils devraient revoir leurs attentes, commencer au bas de l’échelle afin d’acquérir de l’expérience. Ce sera beaucoup mieux pour eux !»
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