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Chagos: l’épine Bancoult ?
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Chagos: l’épine Bancoult ?
Vous agissez constamment sous le passeport britannique. Vous considérez les plans de relogement préparés par les Britanniques qui n’ont pas consulté l’État mauricien. N’êtes-vous pas en train de miner la souveraineté mauricienne sur les Chagos ?
C’est notre passeport britannique qui nous donne le droit de mener notre combat devant la justice britannique. Quand nous y allons, cela ne veut pas dire que nous minons le travail de l’État mauricien. Au contraire, c’est l’État mauricien qui a toujours maintenu des friendly relations avec le Royaume-Uni. Nous, nous osons les traîner en cour et revendiquer notre droit qui a été bafoué.
La charte des Nations unies est claire sur le sujet : toute décision concernant les Chagos doit être prise en consultation avec le peuple qui y vivait. Mais en 1965 ce n’était pas le cas. Les dirigeants politiques d’alors ont pris une décision sans nous consulter. On a été exclu du processus de décision.
Pour revenir au passeport britannique, la loi mauricienne n’interdit pas, que je sache, la double nationalité. N’y a-t-il pas d’autres Mauriciens, et là encore des hommes influents politiquement et économiquement, qui possèdent aussi un autre passeport ? Pourquoi montre-t-on uniquement du doigt les Chagossiens ? Montrez-moi un seul Chagossien qui a renoncé à sa nationalité mauricienne ! Vous n’en trouverez pas !
Mais imaginons que vous aviez gagné la semaine dernière. Vous auriez obtenu le droit de retour en tant que Britannique, citoyen du BIOT. Or, l’État mauricien ne reconnaît pas le BIOT !
Je vous rappelle qu’en 2006, quand nous sommes allés visiter les Chagos, c’était avec la carte d’identité mauricienne.
Mais vous n’étiez pas muni d’un drapeau mauricien !
N’oublions pas que ce drapeau a laissé un goût amer dans la bouche de tous les Chagossiens parce que c’est le résultat de l’indépendance pour laquelle le peuple chagossien a été sacrifié en étant expulsé de ses terres. Vous vouliez qu’on brandisse ce drapeau lors d’une visite qui porte une telle émotion ? La police mauricienne dispose de son drapeau. Ce n’est pas pour autant un État dans un État. Une équipe de foot a son drapeau. La communauté chagossienne ne peut-elle pas avoir le sien ?
L’État mauricien est aussi victime de ce qui s’est passé. Dire que nous avons vendu les Chagos pour l’Indépendance est une grossière distorsion de l’histoire. Est-ce que ça au moins vous le concédez ?
Je ne sais pas. Je n’étais pas dans les négociations. La seule personne qui y était et qui est toujours en vie, c’est sir Anerood Jugnauth. Il est temps qu’il dise ce qui s’est passé à cette conférence constitutionnelle. Mais on peut déjà établir qu’il y a au moins une maldonne dont sont responsables tous les dirigeants politiques de l’époque : les Chagossiens n’ont pas été consultés. La décision a été prise dans leur dos. Il ne faut pas qu’on oublie cela.
Quelles ont été les dernières consultations entre l’État mauricien et le Groupe réfugiés Chagos ?
Nous avons rencontré SAJ à deux reprises. Nous avons dit ce que nous avons à dire. Il faut que l’État mauricien reconnaisse que la seule partie qui a été constante dans son combat jusqu’ici, c’est la communauté chagossienne. Contrairement à l’État mauricien, nous n’avons jamais renoncé à notre combat pour des questions de quotas sucriers ou textiles.
Nous ne sommes pas anti-Mauriciens. Nous vivons toujours à Maurice. Notre combat n’a rien d’antipatriotique. Devions-nous nous taire ? Au contraire, cet aspect humain des Chagossiens déportés rend la position mauricienne encore plus solide. Qui peut le mieux en témoigner ? C’est nous, les Chagossiens.
Exact. Vous êtes donc un allié de valeur de l’État mauricien dans sa quête de souveraineté sur les Chagos. Les Britanniques le savent et ils pourraient bien tenter de nous priver de cet allié. Il y a dix ans, «l’express» publiait un article qui vous prêtait des intentions occultes auprès des Britanniques. Êtes-vous aujourd’hui toujours engagé sur la question de la souveraineté mauricienne sur les Chagos ?
Comment pouvez-vous dire une telle chose ? Comment pouvons-nous devenir des alliés du gouvernement britannique que l’on traîne en justice depuis 15 ans ?
Vous savez, il est temps que cela soit tiré au clair. Nous ne sommes pas contre la souveraineté mauricienne. Mais que le gouvernement mauricien vienne de l’avant avec un plan de relogement tel que l’a fait le gouvernement britannique.
Mais nous ne pouvons pas rester là à attendre, telle «Anne, ma sœur Anne». Nous voulons fonder notre espoir de retour sur du concret. Et ce message aux deux gouvernements, britannique et mauricien : les Chagossiens doivent être au milieu de toutes les discussions. Nous ne pouvons pas être tenus à l’écart.
Prenons l’exemple des Rodriguais. Ils ont leur Assemblée régionale et Maurice ne peut pas leur imposer des décisions sans leur demander leur avis. Que la même logique s’applique pour nous. Comment peut-on discuter des Chagos sans la participation des Chagossiens ?
Retourner aux Chagos sous le BIOT, comme le préconise le dernier plan de relogement, cela ne vous dérange donc pas ?
L’important pour nous c’est de retourner sur nos îles natales. Et il reviendra au Chagossien de choisir. Mais jusqu’ici l’État mauricien n’a rien fait en ce sens. Rencontrez nous, dites-nous en toute franchise quels sont vos plans. Il faut un consensus. Arrêtez de nous traiter de traîtres et d’antipatriotes. Ayez un respect pour notre souffrance et notre combat.
Choisissez : un retour aux Chagos où flotte l’Union Jack ou le quadricolore mauricien ?
La priorité c’est de retourner aux Chagos. Whatever the colour ! Mais je suis un patriote. S’il y a une quelconque maldonne, il faut rendre à César ce qui appartient à César. Moi, je ne suis pas là pour juger.
Ce que je constate c’est que la communauté chagossienne est écrasée d’un côté par le gouvernement britannique et de l’autre par le gouvernement mauricien qui oublie le drame humain.
Vous préférez l’appellation «Chagossien» ou «Mauricien d’origine chagossienne» ?
Avez-vous déjà entendu parler de Mauricien d’origine rodriguaise ? On dit «Rodriguais» tout court ! Pourquoi pour les Chagossiens cela devrait-il être différent ? Pourquoi quand on perd nos procès, la presse mauricienne parle de «Chagossien» ?
Vous savez, c’est un constat que font les Rodriguais et je pense que c’est vrai. Quand un Rodriguais remporte une médaille d’or aux Jeux des Îles, on parle de Mauricien. Et quand il est pris en train de voler, on parle de Rodriguais. Je pense que cela répond à votre question !
Dix ans après l’article de «l’express» questionnant votre source de financement, et la réelle intention de votre combat, sait-on aujourd’hui qui est derrière Olivier Bancoult et le Groupe réfugiés Chagos ?
Derrière Olivier Bancoult, et ça a toujours été le cas, il n’y a aucun bailleur de fonds. Je pense que vous savez qu’à cause de cet article, l’express a dû me dédommager et présenter des excuses. Si Olivier Bancoult était financé par des bailleurs de fonds, cela fait longtemps que nous serions aux Chagos.
La seule vérité c’est que nous avons fait appel à la Legal Aid britannique. Et pour les procès actuels, je dois mensuellement contribuer à hauteur de £200. Cela personne ne le sait. Si certains veulent insister autour de cette question, je n’aurai d’autre choix que de retourner en cour pour que chacun assume la conséquence de ses actes. Si vous savez qu’il y a un bailleur de fonds derrière Olivier Bancoult, ditesle et qu’on en finisse !
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