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Ils ont du métier - Salim Asgarally, 50 ans : un coiffeur pas rasoir
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Ils ont du métier - Salim Asgarally, 50 ans : un coiffeur pas rasoir
Straight, non pas la rue Bourbon, mais la rue Royale, à Port-Louis. Au milieu d’une touffe de vieilles bâtisses, un salon de coiffure, version lépok lontan, où seuls les hommes ont le droit de se faire tondre. À l’intérieur de La Marquise, un trône. Dans le vase détourné de sa fonction, des journaux, des magazines, pour ceux qui voudraient faire un peu de lecture en attendant de se faire couper les cheveux ou tailler la barbe.
Maniant le blaireau, les ciseaux ou encore le coupe-chou avec dextérité, Salim Asgarally. Cela fait dix ans qu’il s’occupe des chevelures de ces Messieurs, souligne celui qui est rarement de mauvais poil. «Mo papa ti kwafer ek barbié. Toulétan mo ti kontan fer sa metié-la.» Alors, de fil en aiguille ou plutôt de peigne en rasoir, il a ouvert son propre salon. Qui a pris feu. «Lerla monn vinn isi. Bien vié sa baz-la.»
Tous les matins, Salim, qui habite Pailles, doit rallier la capitale. Les affaires démarrent à 10 heures tapantes. Le nombre de clients qu’il coiffe et recoiffe par jour ? Une dizaine environ.
Sa spécialité ? «Zis tou.» Au bol (renversé), au caniche, au carré, à l’iroquoise, à la lionne, en brosse, etc. Pour ce qui est de la barbe ? À deux pointes, carrée, en collier, en fer à cheval, fourchue, en pointe, touffue, etc. Non, non, tout cela n’est pas tiré par les cheveux.
Ce qu’il préfère, toutefois : les petites séances de palabres avec les clients. «Ils me racontent leur vie, je leur demande des conseils, on s’entraide. Cela fait du bien de parler aux gens, de se confier. Mes clients, c’est un peu comme les membres d’une famille.» Sans le crêpage de chignon.
En parlant de famille, la relève capillaire est-elle assurée ? «J’ai une fille de 18 ans, je ne pense pas qu’elle voudra reprendre le salon.» N’empêche, à 50 ans et pas un seul cheveu blanc, Salim estime qu’il lui reste encore pas mal de temps à passer au milieu de ces têtes bouclées ou chauves, à un poil près.
Et sinon, quels sont ses projets pour l’avenir ? Ce qu’il aimerait par-dessus tout, c’est reconstruire sa maison, qui est en tôle. «Mo anvi gagn enn ti baz seryé…» Cela risque de tomber comme un cheveu sur la soupe mais abordons justement le sujet qui fâche : l’argent.
Salim, qui se coupe les cheveux en quatre pour faire bouillir la marmite, confie qu’il se fait quelque Rs 3 000 par semaine.
De quoi vivre «bien», mais pas de quoi faire des folies non plus.
En attendant que son rêve se concrétise, pour oublier les tracas du quotidien, pour ne pas s’arracher les cheveux, il s’adonne à son passe-temps préféré : le «véyaz de zafer», admet-il en rigolant. Et d’ajouter : «C’est mon métier après tout, non ? Un coiffeur ne peut faillir à sa réputation.»
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