Ces maisons de la Résidence Telfair, Moka, datent des années 60 et sont toujours habitées par 80 familles. Le hic est qu’elles contiennent de l’amiante.

À chaque nouveau régime, ces familles gardent l’espoir que leur situation s’améliorera. Mais rien ne change. Avec l’annonce de l’application du plan Marshall dans le nouveau budget, il y a un projet pour démolir toutes ces maisons en amiante. Une information relayée la semaine dernière par Pradeep Roopun, ministre de l’Intégration sociale.

Située juste à côté de l’hôpital Apollo Bramwell, la Résidence Telfair compte plus d’une centaine de maisons. À l’entrée se trouve le coin de verdure où se rencontrent les habitants. Assis à l’ombre de quelques arbres, Charles Muthen, un habitant papote avec ses amis. «C’est là que nous nous rencontrons tous les jours pour parler de tout et de rien autour d’une partie de cartes», dit-il. Il ajoute qu’il y a quelques années alors que cette clinique était en construction, de nombreux ministres et députés du gouvernement sortant ont visité la localité. Leurs espoirs de voir un changement étaient grands. «Avec ce projet de clinique, nous avons pensé que notre localité connaîtrait une transformation positive mais nous étions dans l’erreur. Aujourd’hui, nous sommes comme les oubliés de Moka. Là, où nous nous trouvons, il était question que l’on aménage un lieu de détente, un espace vert mais nous sommes toujours assis sous quelques arbres», déploré-t-il.

En poursuivant la conversation, nous réalisons très vite que le plus gros problème de leurs habitations est la présence d’amiante. Quatre-vingt maisons sont concernées. Certaines ont un nouveau toit, d’autres ont été repeintes afin de camoufler cette substance cancérigène. Mais quelques autres maisons sont en piteux état et sur le point de s’effondrer. Pourtant des personnes âgées et des enfants habitent ces maisons de fortune.

En effectuant une petite tournée au sein de la Résidence Telfair, nous constatons aussi une déperdition d’eau sur la route, ce qui oblige les piétons à se contorsionner pour éviter d’avoir les pieds trempés. Un autre habitant explique que cette fuite est également liée à l’amiante car des tuyaux en amiante sont encore présents. «Ces tuyaux sont souvent endommagés mais le fait brut est qu’ils nous alimentent en eau potable et que nous buvons cette eau. À nos risques et périls», déplore Murday Sovayom.

Manque de moyens

Lui, a été un peu plus chanceux que ses voisins. Il y a plusieurs années, il vivait avec ses beaux-parents dans une petite maison. Sa famille l’a aidé à démolir en partie l’habitation et à la reconstruire. «À la naissance de mes enfants, j’ai décidé de ne plus vivre ici mais mon beau-père m’a aidé financièrement et j’ai pu rénover ma maison. Mais il faut avouer qu’ici, les habitants n’ont pas tous les moyens. De nombreuses personnes vivent encore dans ces maisons et respirent cette substance dangereuse», dit-il.

C’est aussi le cas de Kevin François, 33 ans. Il est né dans cette maison et y vit toujours en compagnie de sa mère. «Ces maisons existent depuis le cyclone Carol. On nous avait promis de nous les vendre afin que l’on puisse les reconstruire d’après nos goûts mais là encore, rien n’a évolué depuis», déclare ce jeune homme. Il ajoute que l’atmosphère chez lui devient irrespirable tant il y a de la poussière. De plus, son toit fuit et laisse passer des rats.

Un peu plus loin habite la famille Esther. Les membres de cette famille ont récemment refait le toit de leur maison pour accueillir un nouveau-né. «Ma fille qui vient d’accoucher n’aurait pas pu venir se reposer ici si notre maison n’avait pas été rafraîchie et notre toit refait. Nous nous sommes endettés pour ces travaux. Mais malgré cela, il y a encore de la poussière. Mon père, qui est âgé de 80 ans, souffre de bronchite. Il a une toux qui ne veut pas passer», confie Sabrina Esther.

Ces familles n’ont nulle part d’autre où aller. Elles ne peuvent que se fier au bon vouloir des autorités. Colin Seenauth, conseiller de village, a déclaré qu’il a fait part de la situation au ministère du Logement et qu’il est en attente d’une réponse. «À plusieurs reprises, des personnes sont venues pour un constat mais elles sont reparties sans donner signe de vie par la suite», dit-il. Attendonsvoir l’application du plan Marshall.

<p>&nbsp;</p>