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Bonne gouvernance : des spécialistes confrontent le ministre Bhadain

20 juillet 2016, 22:30

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Bonne gouvernance : des spécialistes confrontent le ministre Bhadain

Entre la SICOM et Roshi Bhadain, le courant ne passe plus très bien. Les critiques du ministre des Services financiers portant sur les rémunérations – qualifiées d’exorbitantes – de certains directeurs et les conditions d’achat de l’ex-Gooljaury Tower en 2012-2013 ne lui ont pas suffi. C’est au tour des pratiques de bonne gouvernance au sein du conseil d’administration d’être attaquées.

Pour preuve, le ministre de la Bonne gouvernance a pointé un doigt accusateur en direction de la Chief Executive Officer de la SICOM, Karuna Bhoojedhur-Obeegadoo. Selon le ministre, celle-ci «s’arroge le droit de voter au sein du board, et ce, contrairement aux pratiques de bonne gouvernance». Il questionne aussi la présence de directeurs exécutifs au sein des conseils d’administration de plusieurs entités locales.

«…the Chief Executive also should not have a voting power on the Board and in the case of SICOM, I am informed that the current Chief Executive actually votes on the Board of SICOM which is also not in line with good governance practices», a expliqué le ministre Bhadain au Parlement le 21 juin, en réponse à une question supplémentaire du député Sudesh Rughoobur.

Or, le nouveau Code of Corporate Governance, dans sa version 2015, ainsi que la Companies Act 2001, attestent du contraire et prennent singulièrement le ministre à contrepied. «La SICOM est gérée selon les dispositions de la Companies Act qui autorise tous les directeurs, qu’ils soient exécutifs, non exécutifs ou indépendants, à voter», affirme Tim Taylor, ex-directeur du comité national sur la bonne gouvernance et Chairman du groupe Cim.

D’ailleurs, l’article 158 de cette loi portant sur les Proceedings of the Board of a company stipule clairement à la clause 5 que «every director has one vote». De plus, un membre du board est défini comme celui occupant une position de directeur au sein d’une compagnie, quel que soit le poste qu’il occupe.

Réserves de Rs 4 milliards

Ce qui amène Tim Taylor à soutenir que le ministre de la Bonne gouvernance se livre à une mauvaise interprétation des principes de bonne gouvernance. «Ces principes n’ont jamais interdit aux directeurs exécutifs de voter. C’est dans le code de bonne gouvernance, à moins que les statuts de la compagnie ne l’interdisent. Ce qui n’est pas le cas pour la SICOM.»

Rajun Jugurnath, membre fondateur du premier comité sur la bonne gouvernance, directeur du Sugar Insurance Fund Board et membre du board de la SICOM depuis mars dernier, partage l’opinion de Tim Taylor. «Je persiste et signe. Le ministre ne sait pas de quoi il parle. Il doit savoir que c’est une pratique courante dans le privé comme dans les compagnies d’État et que des directeurs exécutifs, y compris les CEO, votent dans les réunions du board

Aujourd’hui, les observateurs économiques assistent médusés à cette croisade du ministre Bhadain contre la SICOM et veulent en comprendre les raisons. Cela d’autant plus que c’est une des rares compagnies d’État à faire preuve de professionnalisme dans sa gestion.

«La CEO paie aujourd’hui son refus de participer au début de l’année au deal du ministre Bhadain qui souhaitait que la SICOM, la SBMH et le Fonds National de Pension participent à hauteur de 45 % à l’actionnariat de la New Insurance Company Ltd, et ce, pour un montant de Rs 2,2 milliards. La SICOM devrait à elle seule débourser plus de Rs 833 millions», analyse un observateur économique.

Or, dans les milieux proches du conseil d’administration de l’assureur d’état, on est catégorique : il est hors de question qu’on laisse filer autant de millions dans ce projet, même si la compagnie a des réserves de plus de Rs 4 milliards et des actifs de Rs 17 milliards. «Les attaques répétées contre la compagnie vont finalement porter atteinte à sa crédibilité et le plus gros perdant sera l’État qui est son principal actionnaire par le biais d’une palette d’institutions publiques», explique-t-on à la SICOM Tower.