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Krish Ponnusamy: «Les Chagos n’ont pas été vendus»
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Krish Ponnusamy: «Les Chagos n’ont pas été vendus»
Krish Ponnusamy, ancien fonctionnaire, a travaillé sur le dossier des Chagos dès 1974. L’histoire de l’archipel, il l’a donc vécue dans l’ombre.
Vous connaissez bien le dossier des Chagos pour avoir rédigé plusieurs réponses parlementairesà ce sujet. Les îles ont-elles été vendues aux Britanniques?
Les Chagos n’ont pas été vendus. Les documents de la conférence constitutionnelle à Lancaster House, en 1965, parlent du detachment of the Chagos et non de sale of the Chagos. Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) n’était pas en faveur du détachement, mais d’un bail. Il a été acculé par Harold Wilson. Le Premier ministre (PM) anglais faisait du chantage concernant l’indépendance du pays. SSR et ses ministres, à l’exception de ceux du PMSD, avaient fini par accepter le détachement, sous certaines conditions. Une acceptation obtenue under duress.
Les documents déclassifiés consultés par Jean Claude de l’Estrac font quand même mention de la «vente des îles Chagos» dans les comptes de l’État…
Jean Claude de l’Estrac a dû consulter bon nombre de documents, mais il faut faire le tri. Pour moi, les deux documents principaux sont le compte-rendu de la conférence à Lancaster House, en 1965, et la communication du gouverneur sir John Shaw Rennie, qui a transmis la position du Conseil des ministres mauricien. Ces deux documents ne font aucune référence au mot sale. Ce mot est apparu subséquemment dans le Budget sous l’item Revenue Sale of Chagos. Il ne faut pas oublier que le secrétaire financier à l’époque était un Britannique… D’ailleurs, une des conditions stipule bien la restitution des Chagos à Maurice lorsque l’on n’aura plus besoin de ces îles pour des besoins de défense.
Quand le dossier a-t-il commencé à intéresser l’Assemblée nationale?
Après l’Indépendance, le gouvernement concentrait toute son énergie à mettre en place des structures pour assurer le développement économique du pays. Il y a donc eu très peu d’intérêt pour les Chagos. La philosophie de SSR était de classifier les dossiers Chagos et Tromelin comme des friendly disputes.
C’est la construction de la base militaire américaine à Diego Garcia entre 1972 et 1975 qui donna l’occasion à l’opposition de monter au créneau. Le MMM a ainsi manifesté publiquement contre ce projet et la militarisation de l’océan Indien. Après les élections de 1976, quand le parti a fait son entrée en force au Parlement, les membres ont sorti l’artillerie lourde sur le dossier. De nombreuses PQ’s et interventions y ont été consacrées. Je me souviens d’une question du backbencher travailliste James Burty David à SSR. Excédé, SSR lui a lancé: «Why don’t you lead an armada for Chagos!»
L’intérêt grandissant du MMM pour les Chagos au Parlement prend une dimension historique en 1982 après que ce parti a remporté les élections générales. Un Select Committee of the House présidé par Jean Claude de l’Estrac a été institué. Même SSR a déposé devant ce comité. C’est un des rapports les mieux documentés sur le dossier des Chagos.
Lire l'intégralité de cette interview dans notre dossier Chagos: les récits d'un combat.
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