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Crime à Chemin-Grenier : les multiples visages de Julien Latchimy
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Crime à Chemin-Grenier : les multiples visages de Julien Latchimy
«Un homme bon, populaire et généreux.» C’est en ces termes que ceux qui l’ont côtoyé à Maurice le décrivent. Mais à l’île Sœur, c’est une autre image que l’on dépeint de cet homme qui est soupçonné du meurtre de Wendyna Narayanasawmy, mardi, à Chemin-Grenier. Qui est en réalité ce Réunionnais ? L’express a enquêté.
Né d’un père comorien et d’une mère réunionnaise, Julien Latchimy, 39 ans, est originaire de Saint-Leu, à l’ouest de l’île. Il y est connu comme guérisseur dont la spécialité est de «conjurer les mauvais sorts». Il était surnommé Ti Loute.
Apprenti prêtre, il a fait aménager un temple en face de sa maison et organisé plusieurs sessions de prières dont des marches sur le feu, qui attiraient bon nombre de personnes, selon les Réunionnais. «Même s’il avait mauvaise réputation, les gens croyaient en lui», explique un de ses compatriotes.
Julien Latchimy avait un «rapport particulier» avec les femmes. Ce qui lui aurait d’ailleurs attiré des ennuis. Il les aurait menées en bateau, lit-on dans le Journal de l’île de la Réunion. Julien Latchimy a même fait de la prison pour attouchements, rapporte ce journal.
De Saint-Leu, comment est-il arrivé à Maurice et comment s’est-il refait une réputation. Julien Latchimy est arrivé il y a une quinzaine d’années pour des vacances. C’est là qu’il a rencontré plusieurs religieux, qui lui ont fait faire le tour de l’île. Il a aussi participé à plusieurs sessions de prières. Il serait tombé amoureux du pays, explique un de ses amis, faisant dès lors le va-et-vient entre les deux îles avec un visa de touriste.
Celui qu’on surnomme «Aya Murugen» a aidé à l’aménagement de plusieurs temples avant de s’installer à Plaine-de-Gersigny, Flacq, il y a sept ans. «Il est arrivé chez nous en tant que disciple», raconte le propriétaire du temple. «Mais quand nous l’avons vu prier, nous étions étonnés et nous l’avons questionné sur ses connaissances. Il a affirmé être prêtre et a demandé à travailler au temple.»
Au fil du temps, le nombre de dévots a augmenté et des séances de prières ont été régulièrement organisées. Et il y a un an, le propriétaire du temple a entamé des démarches pour enregistrer le Réunionnais en tant que prêtre officiel. «Mais nous n’avons pas reçu de réponse. Les procédures tardent.»
Il n’aurait jamais réclamé un centime pour ses services, affirme le propriétaire du temple. «Quand on lui a parlé d’honoraires, il s’est fâché en disant qu’il le faisait parce qu’il le souhaitait. Et qu’il n’était pas nécessaire de le payer pour les prières qu’il organise», poursuit-il.
Sa popularité était telle à Flacq que des fidèles, notamment de Plaine-de-Gersigny et de Constance, lui ont trouvé une maison. «On lui préparait à manger (…) Les gens l’appréciaient. Il a même payé des billets pour que nous nous rendions chez lui à Saint-Leu», avance Fi, une de ses fidèles.
Cependant, depuis deux mois, Julien Latchimy était perdu dans ses pensées. «Li ti down. Li ti fer nou koné ki enn madam inn akiz li dé viol. Sa ti pé fatig li boukou», avance Sada, une habitante de Flacq. Et la dernière fois que le religieux s’est rendu à Flacq, il a refusé d’aller à Chemin-Grenier, demandant qu’on le cache, se souvient un de ses amis.
Aujourd’hui, malgré les soupçons de meurtre qui pèsent sur lui, ses fidèles mauriciens maintiennent qu’il est un «aya bon et respectueux, qui a toujours accueilli les dévots à bras ouverts». Il était calme et aimait bavarder, disent les voisins des Narayanasawmy, à la rue Centre social, Chemin-Grenier.
Pas un Aya reconnu
<p>Julien Latchimy n’est pas enregistré comme Aya auprès de la fédération des temples tamouls. Dans un communiqué, l’association a demandé à ce que le Réunionnais ne soit pas associé à ses temples.</p>
Sa rencontre avec les Narayanasawmy
<p>Julien Latchimy a fait la connaissance de la soeur de Wendyna Narayanasawmy lors d’une séance de prières à Constance. C’était il y a environ trois ans. Ils sont devenus amis et elle lui a présenté sa mère et sa soeur. Son temps se partageait dès lors entre la maison des Narayanasamy à Chemin-Grenier, et ses dévots à Flacq et à Beau-Vallon.</p>
<p>Toutefois, il y a deux mois, le guérisseur a été accusé de viol par une habitante de Beau-Vallon. Julien Latchimy a alors fait appel à <a href="http://www.lexpress.mu/article/285862/crime-chemin-grenier-laya-netait-pas-fiance-wendyna-dit-mere" target="_blank">la mère de Wendyna Narayanasawmy</a>, Savita, pour lui raconter le calvaire qu’il vivait.</p>
<p>Après la libération de Julien Latchimy sous caution, Savita Narayanasawmy lui a proposé de vivre chez elle. <em>«Je lui avais dit que je ne le laisserai jamais tomber»</em>, soutient la mère. Lorsque ses fidèles lui ont offert une voiture, Ti Loute a demandé qu’elle soit enregistrée sous le nom de Wendyna Narayanasawmy. <em>«Comme cela relevait de sa vie privée, nous n’avons pas jugé nécessaire de lui demander la nature de ses rapports avec la jeune fille», nous a-t-on </em>dit.</p>
<p>Jusqu’à ce qu’il exprime le désir d’ajouter deux étages à la maison de Chemin-Grenier. En début d’année, il aurait confié à quelques amis mauriciens qu’il avait fait une demande de divorce.</p>
<p>Selon un ami de Flacq, le Réunionnais voulait également obtenir son permis de résidence. Ce qui, selon ce proche de Latchimy, pourrait être la raison pour laquelle il voulait épouser Wendyna Narayanasawmy. </p>
Confidences à son avocat
<p>La dernière fois que Saïd Larifou, l’avocat de Julien Latchimy, a parlé à son client c’était la semaine dernière. Ce dernier l’avait contacté par rapport à la plainte pour viol allégué. Ils se sont rencontrés une première fois le 2 juillet. Au fil des conversations, Latchimy lui a confié ses sentiments pour la victime. Il lui aurait fait part des projets qu’ils avaient en commun.</p>
<p>Selon Saïd Larifou, son client lui a raconté qu’il avait fait des travaux d’aménagement dans la maison de la jeune fille et acheté une voiture au nom de celle-ci. L’avocat est venu à Maurice hier pour pouvoir consulter son client.</p>
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