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Panne d’une station d’épuration: la rivière Lataniers fait le plein d'eaux usées
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Panne d’une station d’épuration: la rivière Lataniers fait le plein d'eaux usées
Deux pompes de la station d’épuration de Roche-Bois sont tombées en panne durant la semaine écoulée. Résultats des courses: les eaux usées sont déversées dans la rivière Lataniers. Du côté de la Wastewater Management Authority (WMA), on laisse entendre que cette situation est «normale». Les écologistes eux, parlent d’une «catastrophe».
Un officier de la WMA affirme par ailleurs que ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit. N’empêche que depuis mercredi, ce sont 10 m3 d’eaux usées qui se déversent chaque jour dans la rivière. «Ce déversement se ‘concentre’ sur trois heures pendant la matinée et trois heures durant l’après-midi. Le reste du temps, la situation est gérable avec les deux pompes.»
En fait, la station de Roche-Bois est équipée de quatre pompes. L’une d’elle est en panne depuis un moment déjà alors que l’autre a subi une «surcharge» après les dernières grosses averses. Depuis, elle est hors service. Sans ces deux pompes, poursuit le préposé de la WMA, il n’y a d’autre choix que de déverser les eaux usées dans la rivière. «Cette pratique fait partie du plan normal que nous avons établi en cas de panne. Face à des situations similaires, c’est ce que nous avons toujours fait dans le passé…» poursuit notre interlocuteur. Le concepteur de la station a d’ailleurs prévu qu’en cas de panne, les eaux usées se déversent dans la rivière et par ricochet, la mer…
Il faut savoir qu’en temps normal, les eaux usées, déversées par les camions-citernes à RocheBois, sont pompées jusqu’à Baie-du-Tombeau, où elles sont rejetées dans la mer. «Cela se fait à un kilomètre des plages et cette manœuvre n’a aucun effet sur la côte ou le lagon. Il n’y a aucun risque que les eaux reviennent vers nous», poursuit notre interlocuteur. Mais en cas de panne, les eaux usées stagnent. «Si ce by-pass n’existait pas, toute la région du port serait inondée car l’eau ne peut s’écouler. Nous n’avons pas d’autre choix que d’ouvrir cette déviation par la rivière en temps de crise.» L’officier ajoute que la direction de la WMA a fait savoir que des nouvelles pompes ont déjà été commandées et que la situation devrait retourner à la normale d’ici fin juillet.
Mais en attendant, quels sont les risques au niveau écologique ? Minimes, selon le WMA. Avec les grosses pluies, la rivière est en crue et de ce fait, les eaux usées sont «diluées» et n’ont pas d’impact important sur la faune et la flore. Quant au lagon, c’est une autre histoire. «Lorsque la marée est haute, il n’y a pas de problème. Mais lorsqu’elle est basse, cela peut- être incommodant.»
Le mot est faible, si l’on en croit les ONG. Keshwar Beeharry Panray, directeur de l’Environment Protection and Conservation Organisation, soutient que le pire est à craindre. «Des eaux usées ne peuvent pas ne pas avoir d’incidence sur la nature.» D’autant plus que si celles-ci contiennent de l’huile, les animaux et les plantes de la rivière suffoqueront. «Il y a des organismes qui doivent venir à la surface de temps en temps pour respirer. La présence de l’huile les empêche de le faire.»
Qui plus est, les métaux lourds peuvent également représenter un danger. «Les particules de ces métaux sont connues pour s’accumuler au fur et à mesure que l’on avance dans la chaîne alimentaire. Un des effets les plus néfastes notés ces dernières années concerne les oiseaux. La coquille de leurs œufs est plus fine et moins résistante, ce qui a un impact sur la reproduction», déplore Keshwar Beeharry Panray.
Et s’il n’y a pas d’habitations dans cette zone, des employés du Quai D, eux, ont les narines qui crient au secours…
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