Publicité
Anna Patten:«Ce n’est pas parce qu’on va me donner une médaille que je vais arrêter de critiquer»
Par
Partager cet article
Anna Patten:«Ce n’est pas parce qu’on va me donner une médaille que je vais arrêter de critiquer»
Le budget, présenté vendredi, annonce un nouveau texte de loi, le Status of Artist Bill. Votre réaction ?
Quand on entend cela, on est emballé. Après, il faut le mettre en pratique, faire appel à des connaisseurs de l’art. Je me rends compte que je suis toujours en train de critiquer, mais je ne le fais pas pour détruire. Je critique pour construire. Le problème, c’est qu’on ne croit pas dans les professionnels de l’art.
Dans le budget, c’est dit qu’ils vont voter une somme pour les 25 ans de la République. Je pense que cela ne doit pas aller entre les mains du ministère des Arts et de la Culture. Il faudrait que cela reste au bureau du Premier ministre. Je ne dis pas qu’il faut qu’il décide à qui il va la donner. Peut-être qu’il devrait mettre son nez dans le ministère des Arts et de la culture.
Qu’est-ce qui s’est passé pour la fête de l’indépendance, cette année ? Il y a eu un appel d’offres, il ne restait que moi ; mais c’est quelqu’un d’autre qui l’a fait. Zot pran lar pou enn badinaz, alors qu’il y a tellement d’efforts dedans. Pour Mudra, mon prochain spectacle, le challenge c’est de faire 500 pirouettes. Je répète tous les jours.
C’est la somme votée qui va déterminer la qualité du spectacle ?
Cela dépend. La qualité, c’est quand ce sont les artistes qui choisissent. Si ça continue, Maurice sera un pays professionnel dans l’amateurisme. Où voyezvous de l’art à Maurice ?
Chez vous, par exemple…
Chez moi oui, mais qui me soutient ?
Justement, qui vous soutient ?
Il n’y a personne. Pour Mudra, j’ai demandé de l’aide. Le spectacle était prévu pour octobre mais j’ai dû le repousser. Regardez comment fonctionne Maurice. J’avais pensé à octobre mais il y a un carême à cette époque-là. On voulait me donner début décembre mais il y aura Porlwi By Light. En janvier, dimounn népli éna kas. En février, gare aux cyclones. Donc, ce sera pour mars 2017. Mais comment faire un spectacle quand la salle et la sono coûtent presque Rs 1 million ? Le précédent spectacle Rythm of Fire a coûté Rs 2,7 millions.
Et la subvention pour la location de la salle ?
Normalement, c’est Rs 30 000. Le ministère m’a répondu qu’il n’a pas les moyens. La subvention pour les religions va augmenter et c’est purement politique. Il ne faut pas mélanger l’art et la politique. Ce n’est pas parce qu’on va me donner une médaille que je vais arrêter de critiquer. Moi, je demande de sauver l’art. Ce qu’on fait dans les socioculturelles, ce n’est pas de l’art, pas de la création. Il y a beaucoup de danseurs, de chanteurs, mais très peu d’artistes. Vous vous souvenez de la journée de réflexion organisée par le ministère des Arts et de la culture en début de mandat ? Qu’est-ce qui en est sorti ?
Pourquoi acceptez-vous cette décoration ?
La décoration n’a rien à faire avec la politique, c’est de la méritocratie. Sé pa méday-la ki fer mwa kontan. Sé méday-la ki fer mwa konpran. J’ai compris quel travail j’ai fait.
Dans la même cuvée que vous figurent les ministres Roshi Bhadain et Nando Bodha…
Je ne vais pas commenter cela. Partout où je vais, les gens me disent «Anna, cette décoration c’est bien mérité». Ce n’est pas que moi qui devais l’avoir, Sanedhip Bhimjee aussi aurait dû l’avoir. J’ai 40 ans de métier. J’ai formé tellement d’élèves qui aujourd’hui gagnent leur vie grâce à la danse. Je remercie le pays pour cette décoration, mais cela ne me rendra pas hypocrite avec l’art. Je veux continuer à être vraie avec l’art.
Publicité
Les plus récents