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Mesures budgétaires: l’essor du cinéma, l’interminable feuilleton

1 août 2016, 20:19

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Mesures budgétaires: l’essor du cinéma, l’interminable feuilleton

 

Comme un «film kari brilé». Vendredi 29 juillet, cela s’est joué pratiquement à la même heure. Pravind Jugnauth, ministre des Finances, a braqué – l’espace de quelques plans serrés – les projecteurs sur une éventuelle industrie cinématographique. Entre paillettes et starlettes, cela fait des décennies que les dirigeants successifs imaginent un monde en technicolor. Sauf que l’écran reste noir.

Qu’a annoncé le Budget 2016-17? Une hausse du Film Rebate Scheme (FRS) qui passe de 30% à 40%. Il s’agit du discount accordé aux équipes – locales et étrangères – sur les dépenses de tournage. Si le FRS est géré par le Board of Investment, c’est Vikram Jootun, le directeur de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), qui en donne des détails. «Le FRS va encourager les producteurs à tourner leur film à 100% à Maurice, au lieu d’environ 60%, comme c’est le cas actuellement.» Avant de nuancer: le taux «va varier de 30% à 40% dépendant du pourcentage du film tourné ici». Ce qui aura aussi un impact, dit-il, sur les nuitées à l’hôtel, les taxis, les commerces.

Le Budget 2016-2017 accorde une enveloppe de Rs 10 millions à la MFDC pour l’achat d’équipements, qui seront loués aux réalisateurs. Vikram Jootun n’avait pas caché qu’il souhaitait obtenir Rs 25 millions pour cela. Du coup, il compte «couper le budget en deux». La plus grosse somme n’ira pas, dit-il, à l’achat de caméras. Mais d’une part, dans l’acquisition de «grid» servant à installer les caméras sur les voitures, les motos et les hélicoptères. Et d’autre part, pour se procurer des vanity cars, caravanes munies de toutes les facilités pour se changer, se maquiller, etc.

«Taxe douanière»

Le responsable estime que la location d’un équipement servant à placer les caméras sur le site est de «Rs 30 000 à Rs 50 000 par jour». Alors que la location d’une batterie d’équipements grimpe, variant entre «Rs 150 000 et Rs 200 000 par jour». Optimiste, il anticipe déjà que la demande serait trop forte pour la MFDC. «Des businessmen pourraient eux aussi louer des appareils aux équipes de tournage, d’où l’exemption de la taxe douanière sur les équipements de lumière, qui est aussi dans le budget.»

Enfin, le directeur indique qu’en 2015, «environ 80 équipes de tournage sont venues sans demander le FRS». Alors que pour les six premiers mois de 2016, le nombre est de 49.

Omnicane, une «smart» film city ?

Le budget mentionne la création d’une film city, ainsi qu’une école de formation, dans la smart city d’Omnicane. Sollicité, le communicant Jean Marie Richard nous a fait parvenir la déclaration suivante: «Omnicane/Mon Trésor confirme être en contact avec des partenaires potentiels ayant fait part de leur intérêt à développer des facilités en rapport avec l’industrie cinématographique à Maurice et ce, dans le cadre du projet Mon Trésor. Les discussions étant en cours, il serait prématuré pour nous d’élaborer sur les détails de ce projet novateur à ce stade.»

Une autre source indique qu’il s’agirait pour la film city de la société britannique Pinewood Group, alors que l’école de formation pourrait se faire avec The South African School of Motion Picture medium and Live Performance (AFDA). Rappelons que le projet d’Omnicane comprend aussi un Dodoland, parc d’attraction à Mare-aux-Songes, site archéologique où ont été retrouvées de grandes quantités d’ossements de dodo.

Réactions

Selven Naidu, ancien directeur de la MFDC: «Je n’y crois absolument pas»

«Je n’y crois absolument pas. Cela fait 40 ans qu’on en parle. Quand j’ai quitté Maurice pour faire mes études, j’entendais déjà parler de film city. J’ai moi-même emmené un groupe étranger ici pour investir dans le cinéma, à l’époque de Gaëtan Duval. Cela ne s’est pas fait. Je ne suis pas sûr qu’une film city va aider la création. Vous pensez qu’Omnicane investit dans la culture? Il faut être naïf pour penser cela. Omnicane investit pour faire de l’argent. Cela va créer des petits boulots d’assistants, de techniciens, mais je ne vois pas comment une film city va aider le cinéma mauricien.»

Elise Mignot, Association Porteurs d’Images: «La priorité, c’est une école de formation»

«C’est positif si on parle de cinéma dans le budget. Pour le Film Rebate Scheme, on s’aligne sur le taux déjà pratiqué dans d’autres pays, mais cela ne concerne pas vraiment les réalisateurs mauriciens car il faut faire un film avec un budget vraiment conséquent pour en bénéficier. Si on parle de soutenir la création, cela aurait été bien d’avoir un fonds pour soutenir les courts métrages, les films à petits budgets de ceux qui se lancent. Pour ce qui est de la location des équipements, pourquoi pas des tarifs préférentiels, voire des gratuités pour les Mauriciens? Est-ce que les techniciens viendront avec le matériel? La priorité, avant le matériel, c’est une école de formation.»