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Tablettes tactiles en Standard I et II: Une initiative méritant une bonne planification

2 août 2016, 08:20

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Tablettes tactiles en Standard I et II: Une initiative méritant une bonne planification

 

Inciter la prochaine génération à être digital literate et investir dans les élèves. Tel est l’objectif du ministre des Finances, Pravind Jugnauth, qui a annoncé lors de la présentation du Budget 2016-17 que des tablettes, munies de programmes éducatifs, seront offertes aux enfants de la Standard I et II. L’annonce d’appliquer une telle mesure suscite également de nombreuses réactions. Maîtresse d’école, pédagogue et parents nous ont donné leur avis sur cette décision.

«Offrir des tablettes à ces élèves pourrait être une bonne chose à condition qu’il y ait un contrôle adéquat», souligne Kelly Fanfan. Cette mère de famille, dont la fille de cinq ans sera admise à l’école primaire l’année prochaine, trouve que si cette tablette est offerte avec des applications éducatives intégrées, cela aidera l’enfant. Or, elle reste sceptique sur la tranche d’âge des élèves, qui se verront octroyer cet outil. «Selon moi, on aurait pu donner des tablettes tactiles à ceux un peu plus grands. À cinq, six, voire sept ans, l’enfant est encore trop en bas âge pour utiliser convenablement cet ordinateur.»

Autre mère qui partage le même point de vue qu’elle, c’est Zaahirah Koheeallee. Enseignante dans un collège secondaire, elle est mère d’un garçon de six ans, qui est en Standard I. Si elle reconnaît que donner des tablettes tactiles aux élèves pourrait être un moyen d’éveiller l’intérêt d’un enfant, Zaahirah Koheeallee exprime son sentiment d’incertitude face à l’impact de cette mesure. «Il serait important de bien songer à ce que l’application de cette mesure impliquerait. Je ne sais pas comment ce projet sera géré mais je m’inquiète aussi de la réaction de ceux qui n’en auront pas», note-t-elle.«Si les plus petits reçoivent des tablettes tactiles, les plus grands ne voudront-ils pas en avoir une ? Est-ce qu’il n’y aura pas un risque que ceux qui en bénéficient subissent du bullying à l’école ?» s’interroge cette mère.

Zaahirah Koheeallee admet, d’une part, que cette décision est source de «bonne intention» de la part du ministre. Mais, elle se demande «pourquoi il ne trouverait pas une alternative». Et d’ajouter que «chaque classe pourrait avoir un ou deux laptops par exemple où l’élève pourrait travailler avec l’instituteur, qui aurait un meilleur contrôle».

Les établissements scolaires, par ailleurs, ne sont «pas prêts et équipés pour accueillir un tel projet». C’est du moins ce que pense une maîtresse d’école, qui a tenu à garder l’anonymat. Elle déplore que plusieurs projets soient souvent «bien présentés et de façon très pompeuse à la population mais que dans la pratique, il en est autrement. Même durant les réunions entre le ministère et les Head Masters et Head Mistresses, on nous parle souvent de tout ce que peut apporter un nouveau projet alors que quand il est mis en place, il y a des lacunes qui persistent».

 

D’autre part, avant d’exécuter cette mesure, songe la maîtresse d’école, c’est toute une planification qui doit être entreprise. «Les enseignants auront à trouver du temps additionnel pour qu’ils puissent aider les enfants à se servir de cet ordinateur, tout en respectant le programme d’études déjà très chargé et cela ne devrait pas être écarté.» Elle estime que les parents attendent des résultats et veulent «que les enseignants complètent les livres dans les délais prescrits. Mais si ce n’est pas le cas à cause du temps accordé à l’usage des tablettes tactiles, les parents rechigneront sans doute».

ÈRE NUMERIQUE

Un pédagogue, enseignant et assistant maître d’école dans une école de l’Ouest qui soutient lui aussi l’importance d’une «bonne planification» porte, cependant, un tout autre regard sur ce projet. Voulant également témoigner sous le couvert de l’anonymat, il indique que des «mesures comme celles-ci comportent inévitablement quelques désavantages mais qu’il serait légitime d’identifier les avantages».

Il juge d’abord primordial de souligner que «nous sommes dans l’ère numérique et la technologie fait partie du quotidien de nombreux Mauriciens, il est donc normal que les écoles suivent le pas et soient à la page». Avec cette mesure, les élèves, fait-il ressortir, pourront se familiariser très tôt au digital et n’auront pas de difficulté pour en faire bon usage quand ils seront plus âgés.

«Ces tablettes favoriseront aussi l’apprentissage du petit», selon lui. L’enfant voudra apprendre en utilisant cet ordinateur ultraplat car cela lui changera des livres, précise le pédagogue. «Les couleurs, les formes, les icônes, les sons qui seront présents sur la tablette l’intéresseront beaucoup plus.»

Il ajoute que «ne pas négliger les fine motor skills, à l’instar de l’écriture, du coloriage, entre autres est, certes, important. Mais si l’élève pratique ces activités en parallèle à l’usage de la tablette, il sera le premier à en bénéficier». Car, poursuit notre interlocuteur, «cet outil sera pédagogique et interactif. Ce qui aidera l’enfant à faire plusieurs exercices tels que pratiquer sa diction, à ne pas confondre toutefois avec l’addiction qui doit bien sûr être évitée». Pour ce faire, insiste l’enseignant, il conviendrait donc d’«instaurer des paramètres comme par exemple une consultation limitée dans le temps».

Si cette «initiative avant-gardiste» est préparée comme il se doit au niveau du ministère de l’Éducation, si les instituteurs sont formés et des rencontres entamées avec les parents pour qu’ils soient bien informés de tout ce que cela implique, cette mesure pourrait donner des «résultats surprenants», dit le pédagogue. «Et je suis sûr que si l’usage est surveillé, cet outil sera un vrai allié pour notre système éducatif.»